Ce que cette idéologie a de très spécifique est qu'elle est incolore et inodore quant aux "préceptes" qui la guideraient. Pas d'évangile, pas de dogme visible, pas d'outil de pénétration dans la conscience populaire. Parce c'est ce qu'elle est et se veut, la conscience populaire, au sens où elle se serait donné les accès à son mouvement, à son changement et au potentiel de ces deux éléments sous forme d'un supposé savoir en son nom. C'est aussi une idéologie qui "est", et "est" principalement dans sa capacité à développer ses propres concepts en dehors des habituels lieux académiques et de recherche qui caractérisaient il y a quelques temps encore les ouvertures critiques, les remparts de par leur nécessité de régulation scientifique de la libre pensée, et ce quel qu'ait été les avatars de l'université dans ce contexte, la conceptualisation était extérieure au tractus social. Ce qui s'exhibe maintenant c'est l'absorption de ce lieu destiné et dessiné pour servir ce mouvement, au nom de la déité du "Progrès", du " Changement" et non pour le générer. La conceptualisation, à laquelle il faudrait d'ailleurs donné un autre nom en tant que moteur d'une dynamique de marché avant et contre tout, s'intègre sans plus d'espace critique et sous la forme de sortes d'évidences sémantiques qui ne disent que leur nom et le disent dans la langue des maîtres comme des évidences, c'est à dire comme des éléments à la fois du discours et de la réalité dont il ne serait plus utile de donner le moindre justification, comme des éléments donc allant de soi. C'est tout à fait ce qui se produit pour toutes les vagues qui voudraient porter l'étendard du "progrès" ou de la résistance", il n'est pas de "progrès" possible ou de résistance qui ne soit pas à plus ou moins long terme digéré au sens quasi organique dans le mouvement de cette idéologie muette qui n'est QUE mouvement. Donc, le "spoil-system" ne dira jamais au nom de quoi, ou de qui il travaille car il n'en a pas la nécessité, plaqué au front des réformes supposées nécessaires rien qu'en clamant son nom. C'est un "système" et il est "spoiled", voilà, la messe est dite et messe il y a comme dans tout sermon, avec usage de mot-clefs qui sont du domaine de l'entendu-passif, de ce qui s'accepte sans zone de recul à la fois chez celui qui sermonne et chez celui qui l'écoute. Autrement dit sans devoir inclure ces mêmes grigris sémantiques dans une histoire et donc dans le contexte de leur origine. Autrement dit encore sans l'appel fait aux capacités d'entendement des agis, eux-mêmes digérés corps et biens dans l'avancée amnésique de cette idéologie mythique et mutique.EG