2.28.2024

Petit conte amiénois Dixième partie

Petit conte amiénois Dixième partie
Tout essoufflé par sa course dans les longs couloirs du palais, suivi sur sa droite et sa gauche par les trente gardes du corps qui veillaient constamment, c'est à dire jour et nuit, sur sa personne, le petit Emmanuel entra brusquement dans la pièce des apprêts où sa tutrice se faisait refaire le portrait.
Aujourd'hui, elle était semi-allongée sur son divan de velours aubergine, son torse enveloppé de grands oreillers en laine d'alpaga albinos et, un masque anti-vergeture au camélia sub-saharien lui couvrant les yeux, elle tendait ses mains aux trois manucures qui alternaient les soins. D'abord les cuticules, c'était fait, puis le limage qui était en cours et la pose du vernis, dernière étape qui prenait généralement une bonne heure et demie.
Sa tutrice sursauta en entendant le petit Emmanuel pénétrer sans même frapper dans son cabinet, ôta son masque anti-vergeture afin de vérifier si il avait bien cette fois songé à maintenir ses trente gardes du corps à l'extérieur puis, se redressant après avoir signifié d'une geste à sa troisième manucure qu'elle n'aurait pas besoin d'elle pendant un certain temps, demanda : " Que me veux-tu ?"
Le petit Emmanuel de toute évidence était dans un état d'excitation qu'elle connaissait bien mais qu'elle redoutait toujours : le moment des grandes décisions péremptoires, des caprices réformateurs, des comptes à régler et des vengeances à assouvir.
Cependant avant d'intervenir, elle lui proposa de s'asseoir, de prendre le temps de se calmer en sirotant un thé japonais extrêmement rare qu'elle venait de recevoir puis prenant son pouls d'une main tendre, lui dit d'une voix réconfortante : "Bois par petites gorgées".
Les mains du petit Emmanuel tremblaient en portant à ses lèvres la tasse de Kabuze de Kobahiashi mais il reprenait progressivement ses esprits, sa tutrice lui lâcha le poignet et lui dit : "Je suis tout ouïe".
" Je vais partir en guerre et une fois que j'aurai vaincu, je deviendrai Grand patron du Palatinat. J'y ai droit !"
" Bien-sûr, bien-sûr, acquiesça sa tutrice, tu y as parfaitement droit mais contre qui veux-tu partir en guerre ?"
Le petit Emmanuel la dévisagea, un peu surpris par sa question et par le manque d'acuité politique qu'elle trahissait quant à la situation internationale. Il soupira légèrement, évoquant sans en dire mot les hautes compétences de la Grande Patronne qui, elle, n'aurait jamais fait une remarque aussi maladroite.
" Mais enfin, enfin, contre l'Homme des Steppes !" répondit-il du ton nasillard et contrit que tous connaissaient. Il en avait acquis une parfaite maitrise, lui permettant en toute circonstance et face à n'importe quel interlocuteur de cacher efficacement son mépris et son exaspération.
" Tu ne te souviens donc pas ?" ne pût-il s'empêcher de lui demander. " Tu ne te rappelles donc pas comme il m'a maltraité alors que je tentais de mettre en œuvre avec lui mes compétences diplomatiques connues du monde entier ?"
Sa tutrice s'en souvenait, évidemment.
Il avait fallu faire intervenir une cellule de soutien psychologique d'urgence après cet épisode fâcheux et le petit Emmanuel de retour au Palais après sa visite, avait exigé qu'on lui fabrique une table ovale de trente-cinq mètres, en marbre de Ruskeala, pour s'entretenir dorénavant avec ses homologues, ce qui avait été fait immédiatement et avait pour un temps permis de fléchir sa rancœur et son désappointement.
" Je vais lui montrer qui je suis, commença-t-il à crier, je vais l'anéantir."
" Bien-sûr, bien-sûr, acquiesça sa tutrice, qui savait qu'il était impossible de le dissuader lorsqu'il était comme maintenant à deux doigts de prendre une décision catastrophique. "De toute façon, se dit-elle, basculant sur son divan de velours aubergine, ce n'est pas mon boulot, les relations internationales m'ont toujours fait chier."
Elle avait vaguement eu vent de ses succès sur le continent africain et imaginait qu'il savait ce qu'il faisait, après tout, il était Président. Et il le répétait à qui voulait l'entendre : " Je suis le Président, je suis le Président".
Elle savait, il le lui avait murmuré un soir, qu'il avait hâte que ça s'arrête, c'était trop dur, toutes ces oppositions, c'était trop dur, ces huées et ces insultes, lui qui avait tant besoin qu'on le vénère, comment pouvait-il faire face à toute cette haine si injustifiée, à ces diffamations gratuites ? L'humiliation qu'il avait subie de plein fouet par ce tyran immonde vivant dans les sphères nordiques orientales ne valait-elle pas une bonne destruction ? Ne devait-il pas en sacrifiant des bataillons entiers d'animaux domestiques prouver à ce semi-asiate aux yeux félins qui menait la baraque ?
La Grande patronne l'avait encouragé, ils en avaient parlé et il lui avait promis de la soutenir si elle le soutenait. Il voulait à tout prix, une fois son pays complètement détruit par ses soins, trouver refuge dans les bureaux du Palatinat, au calme, décider de tout sans rendre de comptes, vêtu de beaux costumes, se promener dans des rues ou personne ne le chahuterait et où ne régnerait pas cette odeur de purin qui l'accompagnait partout depuis quelques semaines.
Sa tutrice pensait déjà à autre chose, ayant à superviser un dîner au Palais avec 6700 invités de marque en l'honneur de l'attaché culturel du Burundi. Elle lui tapota légèrement l'épaule et lui dit : " Bien, bien fais comme bon te semble, de toute façon, tu es entouré des meilleurs conseillers en tout, si ils ne te donnent pas leur avis, tu peux y aller, je sais combien tu aimes à montrer tes jouets, profites-en, ça ne va peut-être pas durer".
Elle soupira à son tour, se remémorant l'inutilité et l'absurde de sa soudaine décision d'aller bombarder ici et là en Syrie pour montrer aux Manitous de la Manche et de l'Atlantique qui régnaient alors que lui non plus n'avait pas froid aux yeux et qu'il était correctement équipé.
Ce qui le sauvait, du ridicule et d'autre chose, c'est que tout le monde savait que tout ça s'oubliait, heureusement, et que ceux qui avaient encore un peu de mémoire était rayés définitivement des carnets d'adresse et des sas d'accès au grand jour, réduits autrement dit, au silence démocratique.
EG

10.07.2023

Tout est dit !

 




Queen Warmonger Hillary Clinton Complains About "Men Starting Wars"

Une des caractéristiques les plus inhibantes du nouvel ordre hystérocrate c'est qu'il se lave lui-même en permanence de toute vilénie, de toute mauvaise pensée, de tout recours aux fils tendus de la mauvaise foi, du mensonge, du délire même parfois et s'érige en seul élément visible sur les ondes par les effets de mutité de toute argumentation générée par la victimisation permanente. L'ordre hystérocrate repose sur une idéologie du ressentiment et une pratique permanente de l'accusation différée, l'homme, créature univoque, mauvaise par essence est relégué aux fantasmes de l'exercice de son "pouvoir", monopole tyrannique fantasmé à la fois à travers le temps et l'espace en tant que "système patriarcal", point barre.

Ce présupposé, ramenant l'approche historique à la seule scansion de diktats s'appliquant telle la lecture d'un bréviaire à toutes les situations, passées, présentes et à venir, se veut dédouané de toute justification par la preuve, à même d'exercer ses sentences au-delà des cadres de l'histoire, de la justice, se présente aux masses non soumis à l'investigation au nom d'une vérité qui ne se dit pas comme telle mais s'appuie sur le seul fait qu'ouvrir la bouche pour dénoncer tout forfait, crime, commis par un mâle se suffit à lui-même, est fait office de preuve. La réalité des pratiques de tant de femmes au pouvoir, celle ci-dessus n'en étant qu'un exemple n'est jamais prise en compte ou en exemple des fausses notes de la juridiction couillophage, oui mais ça ne compte pas, elles ont exercé sous l'emprise du patriarcat.
Le pli lentement pris de considérer la plainte et le statut de victime comme un "état" en soi est une trappe qui s'ouvre sur une auto-consommation sans fin ou presque : ce qu'il met en contact, c'est quelque chose de "la" femme qui ne saurait se satisfaire, l'insatisfaction étant le fuel, le moteur de cette "la" femme hypothétique, avec les diverses faces de l'exercice de ce qu'on appelle " le pouvoir" où, même en l'ayant au sens politique et juridique du terme, se dévoile au fur et à mesure des "avancées" vers la libération de l'oppression, le fait nauséeux que "ça" ne suffira jamais, que ce n'est pas là que "ça" se trouve, que ce qui semble vouloir se conquérir comme terrain d'" égalité" et de "justice" contre un ordre phallocrate multiséculaire peut bien être bel et bien conquis dans les faits, il restera toujours un petit quelque chose de frustrant, d'insuffisant, d'incomplet, comme un manque et que cette parole du ressentiment devenue parole de "la" femme post-moderne et ayant pris toute la place de ce qui peut se créer de savoir au nom de ce qui peut se dire "en tant que" a besoin, comme toute idéologie tératogène de chair fraîche renouvelée, chair qu'elle trouve dans les "dénonciations" d'abus sexuels, les "témoignages" d'abus sexuels, les aveux individuels, les "récits" d'abus sexuels, dépeignant les horreurs si longtemps tenues secrètes, simple effet de visibilité conquise à peu de frais dans l'air du temps du voyeur ou réalité, peu importe.
La triste conclusion une fois observé le spectacle de autodafés quotidiens et la rengaine simplette de la sororité, c'est que l'hystérocratie manque de jus, manque d'humour, manque d'idées, manque de fond, que l'envie, au sens que lui donne la "géniale tripière" comme élément constituant de toute créature humaine, envie sans pitié, sans répit attaquant l'autre dans ce qu'il est à même de donner, de produire, et détruisant sa créativité dans une sorte de vendetta du sexe jamais achevée, à fréquenter les sombres allées du consumérisme en étant nourrie et éveillée sans répit jusqu'à satiété, a transformé, par son pouvoir dévorant, tout le potentiel créatif qui depuis l'aube nous sauve du chaos en tant qu'espèce, en une marche vers l'échafaud de l'inspiration, marche balisée, triste, sans à-coups frondeurs, marche d'une sorte de fordisme de la guerre des sexes. EG


8.20.2023

Bob Dylan syndrom

Réaction à "Rich men North of Richmond" The Onion


Retour de manivelle sur le "conservatisme", "racisme" "ultradroitisme" "Q.anonisme" so on so forth...supposé, évidemment décrit comme "mauvais" dans la logique de censure progressiste, de ce "protest song" faisant office d' "évènement" par sa reconnaissance fulgurante...et évidemment, le flot de commentaires qui accompagne immédiatement ce succès inattendu pâture de millions d'"influenceurs" de toutes les couleurs, buvant leur breuvage light dans leur costume de scène à l'angle droit de l'écran et ayant tous quelque chose à dire d'essentiel sur la façon dont L'Absent, le Mec-transparent qui n'existe qu'à cliquer, le Vrai public mutique et lobotomisé réduit au voyeurisme quantifié du Grand show élitiste où il ne joue aucun rôle est supposé apprécier et/ou condamner la chanson.
Retour à la case départ par les voies bien rodées de l'anéantissement de l'action par la polémique pour tout ce que cette chanson raconterait sur la manipulation et l'exploitation de classe par l'habituelle anesthésie immédiate au Fentanyl socio-médiatique.
On peut consacrer quelques réflexions à ce que la musique, rock, country, rap et blues a généré de "comme si" de la conscience et de son corrélat, l'action politique, dans la culture occidentale depuis plusieurs décennies, produits de la dimension pernicieuse d’absorption systémique de tout évènement : catastrophe, guerre, misère, révolte autant et pas mieux que mariage clapotant, grossesse nerveuse d'obscurs acteurs hollywoodiens, tout ça au même rang, tout ça n'ayant de poids que comme effet de manche des dieux du stade, de nourriture terrestre toujours renouvelée du Pauvre, élaborés par et alimentant le marché en "info", "actu" ou, plus dynamisant, en production artistique supposée agir comme "message" provocant, "attaque" du régime, contenu d'opposition, ingurgité puis recraché dans le processus comme sorte d'émission de matière immunitaire, d'anticorps secrété par l'organisme capitaliste et fuel du mouvement/contre mouvement, progressisme/réaction, inscrit dans la nature même du marché : film, productions télés, chansons, sources d'identification et imposition de représentations sans fin, avalés tels quels et restitués sans distance comme prise de position, parole personnelle par l'Homo-consumeris, éternel enfant de la masse, délégation de l'élaboration critique prenant la place de ce qui ne peut plus se formuler de son propre discours et façon chimérique mais efficace de croire se situer politiquement en étant pris corps et âme dans la prolifération de l'évènement médiatique comme réduit à un "Hit" plus ou moins plébiscité de l'industrie du spectacle.
Toute création devenue, quels que soient la candeur, le talent, la lucidité du message, un produit écrasé et conditionné par la nécessité polémiste impérieuse propre à la stérilisation des postures, une nouvelle et éphémère émission strictement formelle qui a pris place aux lieux de l'élaboration politique.
Le chant de révolte ne s'extrait pas des barricades mais les remplace sous forme de contenu attendu et aisé à assimiler dans la conscience politique usée de l'Homo-consumeris. Il est devenu, dans l'adhésion un peu nerveuse qu'il génère, son implication, sa propre révolte jouée à sa place sur une scène qui le fascine comme si elle lui appartenait mais où il ne mettra jamais les pieds.
Ce produit du loisir politique, ayant les qualités de légèreté exigées pour tout substitut, édulcorant et analgésique de la réflexion, donnés et accaparés par les masses, est identifié sans plus broncher à une action, à un engagement de militance personnelle donc à une forme de dynamique politique alors que son absorption met une fois de plus l'Homo-consumeris dans une situation de passivité jouisseuse inoffensivement réceptive.
"Bob Dylan syndrom" si on veut, où l'énergie populaire de rébellion et d'opposition pense, croit, se dit être dans un processus révolutionnaire en "écoutant", en étant "bouleversé" par les paroles de tel ou tel chanteur dit "engagé", la vue de telle œuvre d'art ou de tel film auxquels la Masse, prise et ne se prenant plus que comme réceptacle statistique, s'identifie en leur laissant la responsabilité de dire la vérité à sa place.
Agir ou penser réduits à penser agir en s'identifiant à tel ou tel groupe, artiste, à tel comédien impliqué dans la grande œuvre caritative, alors que cette adhésion n'est qu' un substitut à la réalité du jeu politique, fonctionnant comme leurre, et la façon de maintenir le degré d'excitation et d'outrage tendu en permanence propres au mécanisme de la consommation globale aphasique.
Ici, dans cet évènement socio-médiatique dont la "réalité" sombrera sans suite possible, avec son message, broyés dans les fosses de la polémique et dans l'amnésie structurelle du consommateur, on voit un des ressorts, au sens propre, une nouvelle fois de ce qu'est le paysage mental, la sociogenèse de l'impasse intellectuelle néolibérale américaine, c'est à dire un courant d'éradication de la notion même de pensée dialectique au profit d'un terrain de stricte et toujours violente ergoterie devenue totalement attendue et omniprésente comme mode unique d'échange, assimilée à titre individuel et évacuant tout paramètre possible d'analyse complexe.
The Onion était drôle, caustique quand, soudainement, dans le basculement vers la dualité bipartisane extrémiste et son immersion dans la corruption intellectuelle et le pourrissement éthique des médias, il est devenu un simple organe de propagande supposé faire rire, mais seulement ceux qui votent correctement. Autrement dit, le bipartisme et ce qui le maintient comme règle totalitaire de fonctionnement social est un outil radical producteur du comas intellectuel des foules et une impasse mortifère pour l'intelligence critique : c'est un cercueil qui se maintient grâce aux corps social en décomposition qu'il contient. EG
https://www.theonion.com/conservatives-explain-why-they-love-rich-men-north-of-r-1850752276

7.09.2023

L'ère de la Poufiasse N°1

 

L'ère de la Poufiasse
Prétendre, affirmer, défendre que la stigmatisation des erreurs d'orthographe sur les réseaux sociaux exigerait une réforme voire une abolition des règles d'écriture du français, trop complexes, désuètes, etc. participe du même contre-coup populiste pervers que la loi d'accès "Affirmative action" des Nord-afro-américains aux universités, ou que la discrimination positive à l'égard de l'accès des femmes aux postes de "commandement" : hormis le fait que la démarche ségrégative s'effectue, implicitement mais effectivement, à l'envers, c'est à dire en vient par son mécanisme structurel à repousser dans le champ du "mal" les populations qui n'appartiennent pas aux groupes concernés, les prémisses, ici encore non affichées, voire non élaborées du tout, sont que les "noirs" ou les femmes, ou les invalides de l'orthographe ne pourraient PAS, par leurs seules compétences, leur seul travail, leur seul don ou tout autre qualité qui les amènerait à être performants sans ce coup de pouce, accéder à la maîtrise par eux-mêmes, n'auraient donc pas l'intelligence et son usage suffisants pour avoir accès à ce qui est décrit comme "excluant".
Puisque il est impossible de partir de cette hypothèse, la solution est de niveler l'ensemble de toutes les façons possibles, afin de le rendre accessible "à tous" et en le décrivant comme lieu ou outil de culture obsolète au regard de l'égalitarisme de masse.
Cette stratégie d'annihilation de la valeur des contenus transmissibles au profit de la prise en compte/ charge de la posture omnipotente et victimaire de '" l'individu" , amené à ne se pencher que sur ses faiblesses et ses divers maux pour se dire, amené à se rouler dans le baume analgésique des catégorisations, raciales, nosographiques, sexuées etc. pour se présenter au monde comme "a priori" excusable et ontiquement irresponsable, outre qu'elle est un des fondements de la révolution anthropologique initiée et orchestrée par les thaumaturges globalistes dans laquelle nous sommes engloutis, est l'aveuglante mise en scène et en acte de la déshumanisation ambiante.
Il n'est pas de liberté sans sa conquête. Pas de liberté de pensée sans la construction des outils mentaux du travail qu'elle requiert.
Il va de soi que le peloton d'exécution, visant la langue de millions d'individus au nom d'une soi-disant obsolescence de ses règles écrites, individus pris, qu'ils le veuillent ou non dans leur histoire tout comme dans l'histoire de leur langue, est aussi tourné vers eux.
Ils ne réalisent pas que ce qui est condamné au nom de la démagogie faite religion et au nom du culte du "confort" et du "vrai soi", c'est à dire de l'installation de représentations de l'existence comme nécessairement "anesthésiante", comme un dû sans participation active de celui qui la mène, forme d'égalitarisme populiste dont la quintessence fleurit sur les réseaux sociaux où tout le monde, au sens propre, est en droit d'opinioner sans limites sans jamais avoir à justifier ses sources, les étapes de son raisonnement, la logique de son propos, le travail préparatoire consacré à l'émission de son point de vue etc. et se matérialise dans son objectif extrême dans l'usage de l'IA qui est supposée penser A LA PLACE de son utilisateur et lui apporter malgré cette dépossession et cette aliénation qu'on peut considérer comme absolue, tout de même, parce que c'est la seule chose qu'il attend, du plaisir et de la gratification.
Religion positive pour tous, qui emplit les têtes comme but ultime tout en exhibant jour après jour une violence réelle ou symbolique destructrice du sujet réduit à des algorithmes et à un cheptel gérable.
Ce qui se dit derrière la réduction des exigences, le nivellement de toute difficulté, c'est une volonté d'effacement. C'est, par le fait de souscrire en permanence au plus vil des penchants narcissiques, esprit propre à l'ère consumériste, au plus aisé des normalisations de masse, suite du consumérisme réduit à la standardisation des vecteurs d'expression, viser la progressive atteinte de la réduction totale de cette liberté de choisir ce que ces mêmes individus sont en droit de vouloir maîtriser, et surtout ce à quoi ils sont en droit de donner de la valeur.
Et comment leur propre expression, leur propre capacité à dire, à se dire pourraient-elles être plus dévalorisée qu'en ne leur reconnaissant pas la capacité, et le droit, de maîtriser leur langue ?EG

7.06.2023

S'il n'était pas trop tard N°2




S'il n'était pas trop tard N°2
"Marie s'infiltre" est un excellent travail d'investigation sur les "gens", l'intérieur, les représentations, esprit du temps qui structure la vie et les rapports.
Ce travail permet d'aller voir in situ ce qui se dit, se fait hors cadre, ce qui anime les ressortissants des "quartiers" et qui, nous y reviendrons, crée et a créé une véritable culture, forme de résistance et d'affirmation de soi, avec ses codes, ses règles, ses hiérarchies et les inductions que la réalité des situations vécues dans chaque famille a consolidées depuis maintenant plusieurs générations.
Nommer "émigration" ce phénomène c'est commettre une grave erreur, elle aussi fautrice de clivage et de destructivité. La nature généalogique de ces populations dans leur majorité, mais dans leur majorité seulement, c'est à dire source de donnée statistique et non pourvoyeuse de sens, ne peut pas se trouver amalgamée avec la question de " l'émigration" cheval de bataille de la droite et bannière idéalisée de la gauche. Ce sont des enfants, familles, adultes, adolescents vivant sur le territoire depuis des générations qui agissent, francophones, au point d'avoir il y a une quarantaine d'année donné à cette langue un berceau de renaissance grâce au rap, pour une fois courant indépendant des marteaux piqueurs d'Outre-Atlantique, porteur de sa poésie et de sa force spécifique, même si l'usure du succès l'a rendu insipide et convenu, comme toute création artistique récupérée par le marché, au cours du temps.
Une des faiblesses de ces temps, grave et, on le craint, irréversible est dans l'impuissance au recul que la mouvance, l'effacement, la création du flux incessant d'"actus" qui obligent à rester toujours au niveau d'entendement et à s'aveugler sur des résultats, des conséquences sans jamais pouvoir aller creuser sur les sources, c'est à dire sur l'esprit qui les animent, privant ainsi chacun des acteurs de sa pleine présence historique et politique, faiblesse grave elle aussi, cette castration dialectique des politico-médias, tenus, au sens propre, de s'attacher à la seule chaîne de leur discours binaire, à la fois par paresse, par démagogie et par aliénation aux "lignes" idéologiques délimitant a priori le bien et le mal, c'est à dire extrayant de ce qui dans le politique n'est qu'à créer des LIENS, logiques, discursifs, décisionnels ENTRE les parties pour leur offrir une possibilité de cohabiter tant bien que mal. Postures marquées elles-mêmes inductrices des évènements qu'elles accusent ou encensent, dans un cercle clos et condamnant chacun des individus à ne pouvoir y vivre qu'enfermé.
Observons, écoutons dans ce reportage, et accessoirement à travers notre longue et riche expérience, ce "qui se dit" des valeurs, des mœurs : une figure ici est cruellement manquante, une figure qui a été malmenée jusqu'à se réduire en poussière dans tout l'Occident à n'être plus qu'une possibilité d'insémination : celle du PÈRE.
On peut aisément imaginer que ces pères venus "bosser" sur le territoire français, y sont venus afin de s'aménager un confort et des conditions de vie meilleurs que celles qu'ils pouvaient trouver dans leurs pays d'origine. Et ils ont bossé, âprement, quotidiennement, s'imaginant pouvoir profiter de la fin dite "glorieuse" mais surtout lucrative de la vague d'après-guerre indéfiniment, comme tout travailleur de cette époque. Le modèle offert aux enfants était, attaques racistes y compris, le même que celui de tous les travailleurs italiens, espagnols, venus récolter quelques miettes de la gabegie et de la laideur formelle de la furie reconstructive.
Les traces de la guerre affreuse devaient encore se sentir, l'ambivalence à l'égard de l'ex-mère patrie et l'idée aussi que l'on était en droit d'en attendre réparation et reconnaissance, comme à tout vainqueur.
Seulement ça n'a pas marché, ça n'a pas continué à marcher et lentement mais sans retour, s'est effondré le rêve, les lieux de rassemblement de populations construits à la hâte et avec l'idée que ce n'était que des logements transitoires sont devenus des bunkers sans sortie, leur confort bon marché rapidement miné par toutes les défections de l'usure et les habitants, ne se sentant pas chez eux mais accueillis en ces lieux pour se taire et survivre, commençant à montrer et à se montrer par les souillures quotidiennes de leur environnement que c'était ainsi qu'ils pensaient que le pays d'accueil les voyait.
A l'appel de l'emploi, de la carrière, des études, de quelque chose comme l'avenir, s'est substitué la philanthropie socio-éducative, centre de jeunes, éducateurs, clubs sportifs, ce qui se dit en sabir technocrate, donc, "donner des moyens", tout sur place, et la bonne volonté des "animateurs" même totalement de bonne foi bien qu'encroûtée sous le discours de la bienveillance et de la positivité a peu et mal remplacé ce qu'on nomme dans une société qui tourne autrement que sur elle-même : les perspectives.
Et les pères, se sont tus. Définitivement. Privés de revenus, et surtout privés de dignité, perdus dans ce pays inaccessible, réduits à ne plus être que des hommes d'intérieur. Les femmes ont pris le pouvoir par la force des choses côte à côte avec les femmes du sous-prolétariat résidant dans ces mêmes lieux et se faisant faire des enfants par les "fils d'émigrés", promotion des fils comme colonne vertébrale des familles, et, lentement advenu : règne des frères.
C'est là qu'il nous faut aller voir, dans ce que la horde, ayant tué le père, doit mettre en place de stratégies, de règles d'usage pour ne pas que ses membres s'entre-déchirent, pour que dans le cadre du clan, par nature opposé à d'autres clans, les individus soient protégés et les femmes justement partagées.

 

7.03.2023

S'il n'était pas trop tard. N°1

S'il n'était pas trop tard.

La guerre, au fond, c'est quand les ennemis sont clairement identifiés, sans reste.

La guerre demande à chacun, qu'il y combatte ou non, de se positionner sur la reconnaissance de l'ennemi sans plus avoir recours au travail du temps, de la preuve ni au bénéfice du doute.

C'est un fonctionnement binaire, un face à face, qui à s'échauffer, pour un oui, émis avec ou sans vraie conviction ou pour un non, fait plonger la vision du monde sous les nuances des coupe-choux du radicalisme parce qu'il n'y a pas ou plus le choix.

La guerre, c'est quand chacun des clans, parties, livré à lui-même est prêt à nier tout fait contradictoire, toute dimension critique, toute preuve de malfaisance, toute analyse de possible origine ou genèse des situations de conflit pour se focaliser dans des stratégies de destruction et d'affirmation de pouvoir flottant en liberté au dessus des consciences. La guerre, c'est la disparition des consciences et la disparition des consciences entraîne la guerre, dans un cercle fou clos sur lui-même.

Il est trop tard pour éviter la guerre, quelle que soit la forme qu'elle peut prendre, parce que les logiques de survie et l'a-peu-près stratégique et logistique qui caractérisaient les premières insurrections sont devenus avec le temps et l'enkystement des impasses, une culture en soi, tournant en autonomie dans les restes encore fumant de l'appareil républicain.

Les réponses cherchées, les effets de manche des éternels plâtrages qu'ils soient financiers, répressifs, juridiques, éducatifs ne seront jamais qu'une façon d'envelopper pour le rendre moins sonore le marteau qui enfonce le clou chaque année depuis des dizaines d'années de plus en plus profond dans le sol d'une organisation locale de survie de type clanique, efficace, hiérarchisée, s'étant constituée des réseaux d’approvisionnement d'armes, de véhicules, des lieux de recels, autonomes et menant des batailles et des conquêtes de territoires et, surtout, ayant créé des circuits financiers, une langue et des rituels initiatiques, des valeurs, tout cela comme vie sociale parallèle suffisamment étayée et expérimentée maintenant pour qu'elle résiste à toute tentative d'aspiration ou de modération issues de "l'extérieur".

Car c'est ici que nous en sommes, pris dans et entre un "dedans" qui a été abandonné, c'est à dire livré à lui-même pour se maintenir existant et un "dehors", et qu'aucune enveloppe institutionnelle ni aucun mythe collectif ne recouvrent plus dans leur ensemble : ni sentiment d'appartenance nationale, ni codes d'usage, ni valeurs dites "morales", ni projet commun et où les deux "mondes" ne sont plus soumis qu'à des zones de frottement, des moments et des lieux de rencontres, à travers leurs représentants, avec ce qui reste de l'état : enseignants, policiers, personnels des services sociaux, personnels pénitentiaires, dont la "mission" est d'assurer, tant bien que mal, le gardiennage et l'oubli et de véhiculer les discours orthonormés de la bonne volonté intégrante.

Auxquels personne ne croit et que personne n'écoute.

L'appel à "plus de répression" est le maître-mot d'individus qui ne voient rien, ne comprennent rien et ne font que s'enfoncer dans cette binarité tératogène qui crée une faille de plus en plus profonde entre les "partis" des parties et qui peut croire pouvoir économiser la raison, c'est à dire la nécessité vitale du tiers et sa distance et économiser l'effort de la négociation, "plus de répression" parce que c'est plus facile que de penser aux ressorts anciens, structuraux de ce qui s'est délabré et que les temps se prêtent au simplisme du radicalisme des clichés et des catéchèses.

La "répression" : dans un système pénal saturé comme tous les systèmes publics, dans des centres pénitentiaires saturés eux aussi et par lesquels, c'est là que personne n'a compris comment ça marche, le passage est un passage obligé comme partie de l'assomption et épreuve clef du rituel clanique, comme validation de la virilisation au sein du groupe de "frères", c'est à dire ne fait comme évènement individuel que renforcer les postures à la fois des discours et représentations victimaires et permettre les bases organisationnelles de mise en réseau, de renforcement des hiérarchies internes, autrement dit n'a aucune vertu intégratrice sauf à ancrer encore plus profondément l'adolescent ou le jeune adulte dans l'univocité de ses repères et ses croyances.


A suivre

6.26.2023

Cher Peuple informé,

Cher Peuplinformé,

 Nous sommes encore, nous sommes toujours sous le règne de "l'information" distillée pluri-quotidiennement par des professionnels.
Cela s'appelle le "journalisme" et on y croit !
Comme le fidèle recevant la bonne parole émise pour la santé de son âme par le prêtre officiant au nom du dieu qui semble le plus plausible, on n'a pas encore compris, ou pas encore voulu comprendre que cette oligarchie du bien penser tient sur le fil de notre bêtise, naïveté, habitude, paresse et que ce qu'elle distille ainsi, n'est RIEN de plus, rien de mieux que ce que nous pouvons parfaitement aller glaner nous-même dans l'outil le plus démocratique que l'humanité ait jamais eu à sa disposition : Internet.
Ses vannes se referment, une à une, il est donc recommandé d'en faire bon usage avant que cet excès d'autonomie ne soit réduit, par le nettoyage effectué par ses agents en chef, à sa plus simple expression.
C'est ça qui est magnifique dans Internet, ça aussi qui comme dans toutes les révolutions était à l'origine un des principes essentiels, idéalisé, de libre accès de tous à toutes les connaissances possibles, mais c'est aussi ça qui continue à pouvoir être disponible mais que tous ou presque continuent de croire détenu seulement par quelques nouveaux prêtres de la communication dont ils reçoivent les "scoops" " buzz" et autres foutaises comme le pain béni de leur accès à la connaissance totale.
Cher peuple, dites-vous ceci : aucun des passe-plats qui vous vomit ses poncifs à l'oreille ne sait PLUS ou MIEUX ce qu'il en est des FAITS que vous, c'est à dire qu'aucun n'a comme pouvoir que celui qu'il s'arroge de DISCUTER de l'écume, de l'enveloppe, fournie en quelques mots au monde entier par les quelques agences de presse internationales, elles aussi dramatiquement limitées dans leurs outils d'investigation et elles aussi soumises aux mêmes quotas d'info, ciblées, triées, appauvries jusqu'à ne plus pouvoir donner les moyens de démêler le vrai d'un faux omniprésent mais pas même en mesure de s'identifier comme tel.
Nous sommes dans l'ère d'une réalité qui se détient par les quelques élus autopromus qui baignent tous dans la sphère sans oxygène du pouvoir centralisé de la misère dialectique et qu'ils ont le pouvoir de travestir, créer, évoquer, en fonction des diverses rentabilités et opportunités de leurre qu'elle offre. Lorsque un tel ou une telle se pose comme "commentateur" d'évènements dont il ne connait rien de plus que ce que vous, récipiendaire, pouvez aussi connaître sans jamais avoir dû l'écouter, ce qu'il s'arroge comme droit, que vous lui concédez parce que vous n'avez pas encore compris que tout ceci n'est qu'un lustre, un système d'effet de manche sans aucune espèce de légitimité, c'est le droit du point de vue, le droit d'opinioner, rien de mieux, et le droit du point de vue n'a rien à voir avec la maîtrise et la connaissance. C'est à dire que ce à quoi vous avez accès, c'est simplement l'illustration permanente d'un conditionnement que rien des faits, eux inscrits dans la profondeur insondable et complexe de la réalité, ne viendra jamais modifier en s'ajoutant à leur histoire. On peut nommer cela : en rajouter une couche. Rien d'autre.
Les véritables enjeux ne sont que des enjeux de points de vue prédéterminés, manipulés avec une simultanéité épatante, par quelques dizaines d'individus tous enclos dans le même cercle depuis des générations, émission, diffusion, ne sortant JAMAIS de ce cercle où toutes les décisions se prennent en apnée et où tous les conflits, les rébellions, les exposés, les manœuvres incessantes pour la "visibilité" et les magouilles secrètes inhérentes au pouvoir ne s'autorisent que d'être mis en scène avec des acteurs déjà connus de vous mais sans vous.
Il est nécessaire d'y maintenir une pression sémantique et discursive constante, qui permette à l'auditoire de lui aussi prendre parti sans jamais éreinter sa logique partisane ni son sens si péniblement acquis de la clairvoyance politique.
Ce qui demeure affligeant, c'est que malgré la quantité d'évidences de la fragilité de cette posture informationnelle et de sa rupture déontologique massive et massivement avérée, malgré la légère nausée ressentie au détour de la corruption et des limites intellectuelles de ses sbires, malgré le spectacle sans cesse reconduit des affabulations, manipulations, mensonges, ignorance crasse, inculture, qu'elle ne manque pas d'offrir, le pékin de base continue de croire que ces passe-plats pourraient lui APPRENDRE quelque chose qu'il ignorerait, par nature, par essence ou par autre qualificatif le destinant à croupir au fond de la Béotie comme au fond d'une évidence.
Nous avons sous les yeux un des actes de ce spectacle étouffant de leur abus de pouvoir structurel avec "la" Russie. Avec aussi les collusions incessantes entre les organes de presse et le pouvoir politique, mélange maintenant impossible à identifier de deux "corps" corpsrompus et métastasés ou rien ne peut se reconnaître de qui dit quoi et de qui tire les ficelles du discours.
Coupons le mirage en allant chercher nous-mêmes ce que le monde peut ou veut bien nous dévoiler, autrement dit, prenons la peine de déposer ces porte-paroles du vide et de croire en notre propre capacité à comprendre, avec le reste inclus de l'absence de maîtrise qui la caractérise. On ne saura jamais tout, peut-être même ne saurons nous rien, mais personne n'aura décidé de la matière de ce rien à notre place. EG

6.19.2023

Habeas Corpus



Is humanity ready for LGBTQ+ tech babies and the full erasure of women from reproduction?

 C'est effrayant, captivant au sens de la quantité d'énergie et de pensées que toute la mise en scène progressiste et les Grands délirants qui la dirigent appelle, avale, pour lui résister.Cependant, une fois le mirage posé à sa propre distance, c'est à dire du côté des Mr Hyde du scientisme et de leurs parrains thaumaturges, on peut non pas se rassurer mais au moins relativiser en observant simplement les écarts entre les "projets" de révolution anthropologique globale et leurs accessoires techno-génétiques au regard de la réalité crue des résultats.L'idéologie débarrassée des paillettes de "l'espoir" et de "l'humain améliorable" montre en général assez clairement ses limites.  

On pense à la distance vertigineuse entre les prières du culte transgenre, un des versants de la grande marée omnipotente, slogans empreints de religiosité et d'idéalisme, tout entachés du lexique de l'advenir en fin accessible d'une vérité de soi etc... et la réalité de la BOUCHERIE sur le corps réel, c'est à dire souffrant et mortel, qui en est la matérialisation. La grossièreté et la vulgarité des interventions, l'horreur des résultats et des suites médicales qu'ils imposent, service dit "de soin" qui une fois défait du mythe n'est au fond pas trop différent de la chirurgie de guerre dans son absence de délicatesse et de nuances et son peu de souci pour les suites de ces castrations, amputations, greffes de viande en série, tout comme la violence des effets secondaires des molécules chimiques devenues hosties consacrées de la transition, arrivées sur la marché, là encore, par hasard et simplement supposées être efficaces dans la complétude des chimères sans cesse renouvelables de l'humain anéanti par lui-même sont le véritable résultat tangible, une fois ôté le vernis à ongle et rasées les joues, des manœuvres manipulatrices, disons...davosiennes, de la barbarie s'en prenant à l'infinie délicatesse et au labeur minutieux de la complexité du corps...rien de mieux.  

 Tout comme les énormités des vagues de propagandes n'ont pour elles que la rusticité sans limite de leurs moyens non pas parce que leur destinataire ne comprendrait rien d'autre mais parce que les émetteurs, concepteurs des règles approximatives du jeu, si ils ont à leur compte tout de la finance mondiale et les plages de mises sur le marché de leur fantasmes, n'ont que la capacité d'acheter le génie qu'ils n'ont pas.

Codonc y croire ? On a envie à chaque fois qu'un "détransitionneur" vient gémir sur ce qu'"on" lui a fait subir, arguant de sa "vulnérabilité" etc. de lui dire, comment as-tu pu y croire ? Comment as-tu pu te méconnaître et mépriser l'infinie complexité de ton corps au point de sauter aveuglément dans ces foutaises tragiques et sanguinolantes. 

 Et pour cette chimère de la grossesse entièrement artificialisée, on dira la même chose ... faire croître de la viande, c'est envisageable, d'autres ont tenté de le faire, sans grand succès sur le plan commercial d'ailleurs, et dans ce cas, oui, ça marchera, de la viande se développera, mais comment ignorer, dénier, forclore la complexité sacrée de ce qu'est une grossesse, complexité silencieuse, omniprésente de l'échange permanent, à tous les niveaux possibles, corps et... âme, appelons la part de la psyché et ses replis obscurs ainsi, entre le foetus et la mère et qu'on le veuille ou non dans les laboratoires, qui nous échappe complètement dans ses données ontologiques. 

 Comment pouvoir envisager qu'un " enfant" puisse se développer sans que quelque chose de sa mère se développe avec lui, comment pouvoir imaginer que cette matrice puisse lui offrir ce dont il a besoin pour advenir sans elle-même être vivante c'est à dire dans une interdépendance et un lieu de passe entre l'extérieur et l'intérieur, sous l'expérience unique de la mère devenant mère et le devenant dans un mouvement, un procès permanent qui est ce qui fonde l'enfant à venir.

 Les résultats seront là, médiocres ou incapables de survivre à la déshumanisation qui les a générés, et comme toujours dans cette époque d'irresponsabilité érigée en droit et donc d'incapacité à tirer la moindre conclusion des expériences les plus catastrophiques, la roue de cette prison qui nous entoure continuera de tourner sans nous et sans que quiconque écrase les velléités mégalomaniaques de ces machiavels à la petite semaine et les ramène à leur place de simples délires destructeurs. EG

5.14.2023

HPISMES

 

HPIsme.
Gros titre sur les HPIs dans Sud Ouest ce matin, bien accessible, bien visible le jour où les habitants se regroupent au Vival comme ils le faisaient au sortir de la messe en d'autres temps.
Sur une sorte de spectre (!!) qui hante les médias, surtout certains et qui donne la caractéristique de HPI comme évidente.
Diagnostic au cœur duquel s'engloutit la population un peu fragile sur le plan dit "cognitif" auquel elle attribue tous les échecs de sa vie d'adulte et où elle reconnaît ses enfants, tous ou presque.
Alors on peut tout de même faire quelques remarques, à la fois issues de l'observation directe, sur le tas comme on dit, et du recoupement de ce qui se révèle de mois en mois, d'année en année être une stratégie apparentée au marketing identitaire pour les "causes" scientistes et leurs appellations.
On va témoigner de cas HPI rencontrés en classe, diagnostiqués par une psychologue qui en avait fait son beurre et sa tarte à la crème et qui ainsi amenait des élèves disons...plus que moyens dans le giron des fantasmes de leurs parents, HPI étant une sorte de manne où tout comportement, tout refus, toute limite palpable dans les processus d'acquisition se trouve enfouis et justifient n'importe quels résultats médiocres au regard d'un enfant que "l'école" ne comprendrait pas et dont elle n'identifierait pas "le vrai moi" caché sous le peu de vivacité d'esprit.
Autrement dit, le port de la marque HPI àlaquellele pauvre gamin est condamné, comme l'ont été tous les autres labellisés, à n'être entendu qu'avec le bunker de cette catégorie quasiment magique puisque si l'on évoque un "potentiel" on ne peut le relier qu'à des preuves qui ne sont pas encore des réalisations objectivables ou n'ont pas à s'exprimer sur les compétences et les savoirs.
L'échec ou les difficultés sont alors immédiatement attribués aux enseignants mal formés mal informés et y remédier (en vain) se doit de s'effectuer en fournissant au dit HPI des "trucs" plus, des "trucs" moins, " trucs" qui ouvrent les caisses de publication ciblées dont le contenu, dans sa banalité ferait s'esclaffer n'importe quelle personne un peu moins dupe que son voisin, farce grotesque qui a vu son succès garanti avec le déferlement des "dys" et leur cohorte de charognards de la rééducation et d'experts de l'expertise qui sont venus faire semblant d'y croire afin de justifier leurs émoluments, tout en ne donnant que ces mêmes "trucs" en pâture aux pauvres gamins pathologisés, étiquetés, lessivés, encagés.
Le corps enseignant immergé dans le discours biopsy depuis des décennies sans aucune autre approche possible et rompu aux textes officiels d'un des ministères les plus inconsistants et les plus soumis à l'Esprit de mode de notre beu pays est tant habitué à porter sur ses épaules les échecs de cohortes entières d'enfants et à être accusé en permanence de ne pas maîtriser son métier face aux vagues d'acronymes qui le submergent avec régularité et nient sa propre expérience et son savoir professionnel qu'il est prêt à tout avaler, tout d'autant que cela lui permet de se construire un discours expert sans avoir à démontrer quoi que ce soit.
On ne peut pas ne pas voir d'autre part, qu'à chaque fois qu'une série française, un documentaire balancé sur les ondes met en valeur un personnage porteur d'un des qualificatifs à promouvoir ou sensé rendre hilarante une situation ignoble, on pense au documentaire sur l'enfant dit "trans", on pense au matraquage d'ARTE sur la série montrant Zelensky en joyeux président, et ici on se heurte à la série HPI, on peut s'attendre à une manœuvre de propagande et à une campagne de promotion de concepts choisis en amont pour servir l'idéologie du totalitarisme par imprégnation.
On ne peut pas ne pas voir aussi le fait que cette vague obsédante , mise en avant dans TOUTE la presse financée sous forme de "reportages", de "témoignages" etc. vient recouvrir ce qui s'était ouvert il y a quelques mois sur la chute vertigineuse des performances à tous les niveaux de l'appareil éducatif et au remue-ménage que ce constat, pas nouveau mais de plus en plus flagrant commençait à éveiller dans le populo.
Si vous arrivez à persuader chaque parent que son enfant n'est pas nul comme l'est un pourcentage important de sa classe d'âge mais qu'il est simplement un génie incompris, dont la réalité après un petit test chèrement payé mais remboursé par l'effort collectif va prouver la nature exceptionnelle, et que donc, ses résultats médiocres ne sont pas une question institutionnelle, ni une question d'approche éducative, ni un résultat d'années entières passées à croire qu'on savait ce qu'il en est de l'enfance "en général" en la classant par diagnostics comme un grand corps malade du néolibéralisme, ni un mal collectif de l'intelligence nationale mais la faute, honte à lui, de cet enseignant incompétent qui aura beau montrer les résultats calamiteux, sera toujours relégué à l'inaptitude face à un "potentiel" immesurable et pur mirage scientiste dont tout le monde peut se repaitre, professionnels en tous genres et parents aveuglés, sauf le gamin au centre du système éducatif, comme il y a été enchaîné après la révolution néolibérale des années 80 et d'où il gémit nuit et jour depuis, mis à toutes les sauces du progressisme et de la corne d'abondance qu'il représente pour la maîtrise toute-puissante d'une science de l'utile et pour ses sbires.EG

5.10.2023

Excusez-nous, nous ne vous croyons pas.

 
 
 

Une vague nouvelle va repousser nos déjà fragiles liens à ce qu'on avait coutume de nommer "La Raison". Après la prise au sérieux, c'est à dire la scientifisation et bien sûr en suite directe, la médicalisation des corps devenus "les mauvais corps" au profit d'une vision d'un soi entièrement reconditionnable, renommable et détenteur d'une sorte de savoir premier sur lui-même mais uniquement validable par l'intervention de l'appareil technomédical qui serait le seul à valider ce "savoir" et le faire advenir, par castration chimique ou chirurgicale, voici venir le temps des zoopathies, zoophilies (ne pas oublier que l'Espagne a légalisé les relations sexuelles avec les animaux de compagnie à la condition qu'elles ne soient pas violentes) tout ceci sur la voie d'une espèce qui ne se cherche plus mais pense s'être enfin trouvée dans une trahison consommée de sa nature biologique et de sa place unique de mammifère parlant.
Le point le plus dramatique est la facilité avec laquelle les masses et ce qu'on appelle les "pouvoirs publics" "y croient", car c'est uniquement de ça dont il s'agit, une croyance, étayée par des prêtres décadents, des financements gargantuesques, des médecins cupides et soudoyés, pressés de se construire une "spécialité " qui draine la clientèle en mal d'officialisation de la catéchèse tendance sur son corps ou celui de ses enfants.
Il semble que l'attitude de résistance la plus saine implique de ne surtout pas "tomber" dans les rets de la contre-argumentation des critères éthiques ou des obligations parentales ou des cadres juridiques qui ne font que résister ou se plier (se plier et se soumettre étant le plus fréquent) et aménager la tolérance, l'accueil, la prise en compte et en charge devenues toutes des obligations sociales, de ce qui est une forme de foi, c'est à dire un leurre auquel on peut ou non souscrire mais qui ne ressortit pas du tout à la vérité au sens où cette vérité serait à soupeser avec des arguments intangibles et quantifiables.
Cette nouvelle déclinaison de "ce que je suis vraiment", le "vraiment" du mauvais corps à châtrer ayant été greffé (!) au dépend de toute autre entrée dans cette question ontologique évidente du "qui suis-je ?", question structurelle de toute existence humaine, implique de part et d'autre de son énoncé une souscription à une fiction, violente au point de mutiler le corps définitivement, qui pour exister, assez paradoxalement, doit s'imposer comme vérité de soi avant tout à l'extérieur c'est à dire à ce qui fait office de norme sociale et de catégorisations incontournables des membres de cette société à ce moment donné de son histoire.
Les révélations d'un "mauvais corps" et les étapes d'influence sur l'environnement social nommées "transition" n'ont de poids qu'à être acceptées, supportées comme il est de bon ton de dire, par cet environnement au nom d'une "vérité déjà-là présente en soi" à révéler mais qui serait à imposer à cet environnement de force, vérité d'une contre-évidence qui amène celui-ci à ne surtout pas pouvoir croire ce qu'il voit et à affirmer, non au nom d'une sorte de logique biologico-culturelle mais au nom d'une "empathie", d'une "tolérance", d'une "inclusivité" ce que toute sa personne voit mais, comme à un mirage, refuse de croire.
Il va de soi que se situer simplement en terme de degré, c'est à dire de cadre législatif à fixer sur ce qui existe en tant que tel est une façon de donner de la crédibilité à ceux et celles qui font ce choix et donc de cautionner le fait que ce choix est du domaine de cette même vérité et non du ressort d'une croyance et d'une forme de psychose collective, nouvelle exaltation religieuse, nouveau modèle, nouveaux pontes émetteurs du discours et nouvelle répression des résistants.
Il est donc essentiel de ne pas utiliser pour se placer HORS de ce culte, les mêmes nomenclatures et les mêmes micro-récits tous élaborés en dehors de l'individu qui les profère comme étant siens mais qui sont ceux de sa nouvelle église. Il est essentiel de dire : ça n'existe pas. Les soi-disant appellations diagnostiques de "dysphories" sont des constructions a posteriori pour légitimer scientifiquement, c'est à dire surtout médicalement ce qui est du ressort de tocades désespérées et de mise en acte de l'Esprit de mode et vient, comme tous les pseudo-diagnostics devenus les seuls bouées auxquelles se raccrocher pour se dire : dys de tout, bipolaire de rien, troubles en tout genre, spectres à faire peur, haut potentiel à découvrir, vulnérabilité déifiée, etc. construire ces cages dont les portes s'ouvrent ou se ferment en fonction de l'air du temps et de l'occupation du pense-bête médiatique et où les individus aux prises avec eux-mêmes sans plus d'enveloppe collective à laquelle ils puissent appartenir en sachant où ils sont et qui ils sont, épuisés par les dizaines d'années d'anémies morale et intellectuelle provoquées par les effondrements des capacités de sublimation et le développement sans borne de l'envie et des décharges de l'excitation continue, sont prêts à tout pour pouvoir se dire, dire et dire au monde : c'est ce que je suis. On peut d'ailleurs noter le glissement de celui qui "a" comme on a un rhume, à celui qui "est", comme on "est" dysorthographique.
Dans le culte trans, nous sommes face à face, au sens propre de cette expression, avec un individu uniquement aux prises avec lui-même c'est à dire en-deçà de toute capacité à s'investir et à s'attacher à un autre quel qu'il soit, qui viendrait baliser son identité et la faire advenir. C'est une affaire de captation où cet autre ne joue, n'est tenu de jouer qu'un rôle de miroir, de validation de la toute-puissance de la métamorphose.
Il va de soi que c'est donner à cet autre une charge qu'il devrait pouvoir refuser de porter, simplement pour lui garantir sa liberté de parole et d'indépendance dans les règles d'un jeu auquel il n'a pas demandé de participer et dans lequel il est uniquement manipulé. EG

4.04.2023

 On peut comparer le processus de "diagnostisation" contemporain, pour créer un néologisme sur un phénomène d'une ampleur suffisante pour qu'il cherche à se nommer d'une façon spécifique, avec ce qui a pu se produire sur la diversité des productions lors de la fordisation des chaînes d'assemblage automobile, au début du XXième siècle, l'archétype de ce modèle de construction produisait un seul modèle au départ de sa mise en œuvre. Dans les pays où il s'est implanté sur des bases productives et d'assemblage de plusieurs modèles effectuées à l'unité par un petit groupe d'hommes dont la variété n'a pas pu résister bien sûr à la mécanisation des chaînes de production et a donc vu se réduire l'éventail des modèles produit et donc de choix pour plus de rentabilité.

La surnomination de tous les comportements et leur surdésignation comme ressortissant au " trouble" impliquées dans cette fièvre diagnostique provient d'une même nécessité de réduire au maximum le champ de définition de l'"Humain" afin de le "cibler" plus aisément à la fois dans une forme de maîtrise imaginaire et de réponse à un besoin, naturel, de cet humain réduit à un individu de "se dire" et de croire savoir qui il est. Elle permet en même temps de pouvoir joindre deux antagonismes : celui d'une individualisation supposée de plus en plus marquée et évidente pour tous en Occident et celui d'une standardisation des approches de ce que pourrait "être" cet individu.

Cet infini de la réponse au "Qui suis-je" potentiel portée par un rapport à l'environnement de chacun et ouvert en grand par l'évolution néolibérale, techniciste et consumériste qui entoure et marque l'individu n'a pas les mêmes bornes culturelles, religieuses que celles qui délimitaient sans la questionner cette interrogation chez ceux et celles dont l'appartenance groupale prévalait comme support identitaire énonçable immédiatement et formulée ailleurs, à la fois temporellement et localement. 

Il est plus ou moins fantasmé, dans l'imaginaire collectif contemporain, une sorte de droit, sinon de capacité de chacun à "être" à "devenir" d'une façon présentée comme absolument personnelle, individuelle, sous la forme d'un advenir d'un vrai moi à découvrir, ou de l'imposition sur la réalité de son désir et de son " instinct" comme porteur de différence et de vérité a priori.


4.03.2023

Petit conte amiénois Dixième partie

Depuis plusieurs jours, le Palais était en effervescence. 
Chacun, tel une abeille ouvrière zélée allait et venait afin de satisfaire la curiosité du petit Emmanuel et son désir de réussite diplomatique totale : il allait être reçu là-bas, dans le pays du soleil levant ou presque, et tout devait être organisé afin que cette visite soit un succès à tous égards.
Le petit Emmanuel avait la ferme intention de ramener son homologue asiatique à des vues plus raisonnables sur les préséances internationales. Secrètement, et de ceci il ne dit mot à personne, il entendait surtout laver l'affront de sa dernière aventure eurasienne et de l'humiliation subie en bout de table en montrant au monde ce dont il était capable.
Il se mit donc à apprendre le chinois grâce à la méthode "Le chinois chez vous en trois semaines", à s'enquérir de l'histoire ancienne et plus récente de ce curieux pays, il frémit d'excitation lorsqu'on lui narra l'épisode des Quatre nuisibles, pensant que cette idée était vraiment une idée en or et qu'il allait certainement en tirer parti sous peu, il apprit à manger proprement avec des baguettes, sur les conseils avisés de son ambassadeur il entreprit une brève rééducation afin de juguler son besoin presque incoercible de prendre tout le monde dans ses bras etc. etc.
A tout cela, il s'appliqua.
Tout allait merveilleusement bien, il sentait qu'il tenait là quelque chose d'important, de fondamental plutôt, pour l'avancement de sa carrière à l'étranger et cette perspective lui permit d'oublier les incidents mineurs qui semblaient s'être répandus sur le pays.
Il soupirait de plus en plus fréquemment ces derniers temps, se demandant pourquoi il avait à endosser une telle fonction auprès d'un animal domestique si barbare, si ignare des subtilités du grand libéralisme, toujours insatisfait, paresseux, alcoolique, drogué, pédophile, illettré, jaloux, menteur, brutal, ingrat, radin, blasé etc. etc.
De-ci de-là, on lui fit part de quelques éclats sur la place publique et il dit : "Franchement voyez ça avec qui vous savez, personnellement je n'en ai rien à foutre"
Et ce fut fait.
Sur le plan de la compétence de ses subalternes, tous vigoureux et pleins d'appétit, il devait admettre qu'il était servi. Tous se montraient fidèles, sauf certains, bien policés et gentils, tous bien à l'écoute, et une fois qu'il leur avait laissé carte blanche pour les diverses déconstructions, il savait qu'il pouvait compter sur eux.
Il confiait aux filles la fonction traditionnelle d'amuseuses publiques, de toute façon, elles ne savaient rien faire d'autre et le noyau de ses troupes de choc pouvait ensuite passer à l'attaque.
Il recevait régulièrement des nouvelles des divers fronts du changement où il était engagé, toujours bonnes, et ça suffisait.
Après tout, il n'était pas payé pour gouverner !
Dans son lit, chaque matin, il s'éveillait de plus en plus nerveux, le jour du grand voyage approchait.
Il s'appuya comme à l'accoutumée sur sa tutrice pour le choix des costards divers à mettre dans ses valises. Même comme signe de respect pour la culture, elle lui déconseilla le port de vestes avec certains cols, déjà accaparées par d'autres dans son entourage et qui pourraient prêter à confusion quant à ses engagements idéologiques. Il sourit tendrement devant sa naïveté et lui répondit : "Ne t'inquiète pas, tout le monde sait que je suis Écologiste !"
Il allait incarner l'élégance française une fois de plus, qui sait peut-être en profiter pour pouvoir en vendre ses fleurons à ses amis asiates.
Tout palpitait dans les couloirs, il l'avait clairement dit haut et fort, c'était le plus beau jour de sa vie.
Quelques heures avant le départ, alors qu'il répétait une dernière fois "Nuit de Chine" qu'il comptait chanter au dessert, sa tutrice fit irruption dans son salon de musique, un peu essoufflée et apparemment très émue : "Il faut absolument que nous nous entretenions" lui dit-elle. Il lui répondit : "Oui, entretenons-nous, je répéterai plus tard"
Il s'assirent côte à côte sur un petit sofa qu'elle avait elle-même fait recouvrir d'un joli satin mordoré et qu'il aimait beaucoup, elle lui prit la main et la serra contre son cœur.
"Emmanuel, je viens de recevoir un appel extrêmement important !"
Il fut un peu étonné de ne pas avoir été contacté en personne mais n'en souffla mot.
"De qui donc ?"
"De tes oncles du Palatinat, ils veulent que ta Taty teutonne te joigne dans ce périple vers l'Orient ! "
"Mais pour quelle raison, il était prévu que je puisse faire de la diplomatie en solitaire !"
"Justement, et là elle baissa la voix, serra un peu plus fort sa menotte, justement, ils craignent le pire si comme à ton habitude, tu te montres trop diplomate et les enjeux sont trop importants pour courir aucun risque, elle est beaucoup plus aguerrie aux manipulations que toi, plus vicieuse, et mieux payée, elle fera donc un bien meilleur travail."
Disons le le petit Emmanuel n'encaissa pas bien la nouvelle.
Il avait eu l'occasion plusieurs fois de côtoyer sa Taty teutonne dans divers dîners et éprouvait envers elle une sorte d'effroi. Il savait d'autre part qu'elle était la chouchoute de ses oncles du Palatinat depuis qu'elle s'était montrée si zélée dans l'autocratie sanitaire et la stimulation anti-slave. Il allait de soi que sa présence allait gâcher ce séjour si attendu, qu'elle allait vouloir occuper le devant de la scène à tout prix.
"Que va-t-il alors me rester à part ces foules qui menacent de me décapiter parce qu'elles n'entendent rien à mon art ?"
Sa tutrice qui évidemment l'accompagnerait lui susurra à l'oreille : "Si elle fait tout le boulot négociatif à ta place, nous aurons tout le temps d'aller manger des nems !"

Petit conte amiénois Dixième partie