7.15.2018

L'âge : droit et devoir

Série Plasturgies





Un pan d'éternité 
2009
Cette série digitale dont voici la première partie, est une forme de réponse aux harcèlements divers qui associent le vieillissement à une sorte de décadence de soi honteuse. Cette torsion des représentations ne se métaphorise pas mieux que dans le libellé ANTI AGE qui caractérise la plupart de produits de soins et 
statistiquement s'adresse plus aux femmes qu'aux hommes, quoi 
qu'ils suivent de près cette omerta de la réalité et cette tyrannie du jeunisme, comme le nommait Mr. Desproges. 
Il faudra, comme ceci d'une façon provocatrice, ou autrement, comme en notant à chacun des commentaires d'un niveau de conscience politique plus que douteux sur le président se gaussant de l'âge de la femme et sa dénomination de " cougar ", un des termes les plus injurieux après ou avant "pute", affirmer, haut et fort que d'une part dans une simple logique, vieillir c'est uniquement pouvoir vivre et que si ce processus, comme le souhaitent quelques docteurs folamour de notre temps incurieux, est constesté, la dimension métaphysique de la vie même dans son aliénation au corps et la quête de sens inéluctable disparait. 
On n'ose pas penser alors à ce qui peut rester.
Que d'autre part, il suffit de demander à ceux et celles, somme toute assez nombreux, qui subissent jour après jour 
ce processus de dire ce qu'ils en vivent, une grande majorité dont je fais partie sans l'ombre d'un doute, répondra que c'est BEAUCOUP mieux maintenant, et que jour après jour quelque chose de sa propre identité, de son être reste à découvrir, que nous devons par la force des choses, non "gérer" mais tout simplement suivre. Le corps commande, dans son usine magnifique et intelligente, et manifeste avec générosité et patience ce que nous lui octroyons de place dans la construction de nous-mêmes, jamais atteints, jamais dedans, jamais vraiment entiers.

Vieillir, c'est d'abord là, à l'interstice, dans la faille, la négociation, le rejet, bref dans ce qui fait que chacun et chacune est dans un constant pacte avec lui-même. Laisser à d'autres l'écriture de ce pacte est une des violences les plus radicales qu'on puisse imaginer, lui laisser la responsabilité de nous penser, de nous dire, de dire le temps qui est le nôtre et de le pointer de son doigt en polymère comme étant une erreur à corriger, ou pire, portant encore en secret les stigmatisations judéo-chrétiennes, une faute à chaque jour se faire pardonner. EG

Ce qui ne nous tue pas ... N°2