C'est donc un groupe d'adolescents-mâles qui sont en sortie culturelle dans un musée. Ce sont des adolescents "à besoins spécifiques", besoins qui jusqu'à présent peinent à être identifiés et dont la spécificité est peut-être juste d'être un peu plus chiants que la moyenne. Le bon samaritain a décidé de les débêtir car c'est son taf. Les effets de l'art sur le niveau d'oxytocine ne sont plus à démontrer. Ils arrivent donc en groupe, accrochés les uns aux autres pour se protéger de possibles chutes dans le vide de l'étranger. Bruyants mais pas trop, bien tenus par le chef de meute qui les a en main depuis assez longtemps pour connaître les arcanes du dressage. Ils commencent à déambuler, détendus et de temps à autre le Pédagogue commente, incite, guide sur les voies des Lumières. Il s'approche d'un des élèves debout immobile face à une oeuvre du 18ième, connue et dont il espère que le garçon va y trouver un peu du pain quotidien d'un savoir-vivre, ils commencent à échanger, c'est à dire que le Pédagogue lui suggère d'apprécier ce qui se trouve devant leurs yeux. L'élève ne dit pas oui, l'élève ne dit pas non. Il regarde, il apprécie, il passe tout à coup la main sur la corde en velours qui barre l'accès à la toile, et s'exclame " Putain,la beauté !".
Cette courte fable-pédagogique pour dire quoi ?
Que les "régles " quand il s'agit d'évaluer la valeur esthétique d'un travail artistique, quel qu'il soit ne ressortissent pas au goût, bon ou mauvais. Ce qui crée une attache à l'excellence, c'est la pratique du tri.
Et cette pratique, tout comme celle de la légitimité et de la validité des sources d'information par exemple, ne tombe pas d'un ciel bienveillant mais d'un travail de longue haleine qui permette de se frayer un chemin dans une hiérarchie et ainsi, de se mettre en posture de pouvoir apprécier, comme on dit à " leur juste valeur" les innombrables productions humaines dans leur tentative désespérée pour nous aider à nous dire.
Il ne s'agit pas d'aimer, il s'agit de créer un soubassement suffisamment solide et surtout suffisamment critique pour pouvoir situer la profondeur, la force d'échange de l'oeuvre d'art, de discipliner son oeil, non en le codifiant mais en lui donnant accès à une échelle.
Les décheteries médiatiques ont un pouvoir : celui de fournir tout. Ce qu'elles n'ont pas c'est la capacité de donner en même temps l'outil d'évaluation, qu'on va, en bourgeoise impénitente appeler la culture. Mais pour ce travail de développement et d'enrichissement, autrement dit pour la création à titre d'expérience transcendante, d'un rapport nutritionnel à la culture, bien non acquis définitivement mais par essence condamné à la semence et au labourage, il doit se créer pour chacun un fond de valeur, d'importance et donc de relativité qui permette de ne pas tout aplanir,tout banaliser, tout amoindrir aussi, dans ce que l'oeuvre offre de message structurant l'humain. Ce fond touche bien sûr l'idée d'une forme de patrimoine planétaire mais plus encore, la partie active de chacun dans la construction et la préservation de ce patrimoine comme base, sol de construction de soi. On est en droit de ne pas souhaiter que l'engrais soit médiocre et surtout, de travailler à apprendre quand il l'est.EG
Que les "régles " quand il s'agit d'évaluer la valeur esthétique d'un travail artistique, quel qu'il soit ne ressortissent pas au goût, bon ou mauvais. Ce qui crée une attache à l'excellence, c'est la pratique du tri.
Et cette pratique, tout comme celle de la légitimité et de la validité des sources d'information par exemple, ne tombe pas d'un ciel bienveillant mais d'un travail de longue haleine qui permette de se frayer un chemin dans une hiérarchie et ainsi, de se mettre en posture de pouvoir apprécier, comme on dit à " leur juste valeur" les innombrables productions humaines dans leur tentative désespérée pour nous aider à nous dire.
Il ne s'agit pas d'aimer, il s'agit de créer un soubassement suffisamment solide et surtout suffisamment critique pour pouvoir situer la profondeur, la force d'échange de l'oeuvre d'art, de discipliner son oeil, non en le codifiant mais en lui donnant accès à une échelle.
Les décheteries médiatiques ont un pouvoir : celui de fournir tout. Ce qu'elles n'ont pas c'est la capacité de donner en même temps l'outil d'évaluation, qu'on va, en bourgeoise impénitente appeler la culture. Mais pour ce travail de développement et d'enrichissement, autrement dit pour la création à titre d'expérience transcendante, d'un rapport nutritionnel à la culture, bien non acquis définitivement mais par essence condamné à la semence et au labourage, il doit se créer pour chacun un fond de valeur, d'importance et donc de relativité qui permette de ne pas tout aplanir,tout banaliser, tout amoindrir aussi, dans ce que l'oeuvre offre de message structurant l'humain. Ce fond touche bien sûr l'idée d'une forme de patrimoine planétaire mais plus encore, la partie active de chacun dans la construction et la préservation de ce patrimoine comme base, sol de construction de soi. On est en droit de ne pas souhaiter que l'engrais soit médiocre et surtout, de travailler à apprendre quand il l'est.EG
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It is therefore a group of adolescent-males who are on a cultural outing in a museum. These are adolescents with "special needs", needs that until now have struggled to be identified and whose specificity is perhaps just to be a little more boring than the average. The good Samaritan decided to unburden them because it's his job. The effects of art on the oxytocin level are well established. They arrive in groups, hung to each other to protect themselves from possible falls in the void of the stranger. Noisy but not too much, well kept by the pack leader who has been in charge long enough to know the mysteries of dressage. They begin to wander, relaxed and from time to time the Pedagogue comments, incites, guides on the ways of the Enlightenment. He approaches one of the students standing motionless facing a work of the 18th, well-known and in which he hopes the boy will find a little of the daily bread of savoir vivre, they begin to exchange, it is to to say that the Pedagogue suggests to him to appreciate what is before their eyes. The student does not say yes, the student does not say no. He looks, he appreciates, he suddenly passes his hand on the velvet rope that blocks access to the canvas, and exclaims, "Fucking beauty!"
This short educational fable to say what?
That the "rules" when it comes to evaluating the aesthetic value of an artistic work, whatever it is does not come out to taste, good or bad. What creates an attachment to excellence is the practice of sorting.
And this practice, as well as that of the legitimacy and validity of information sources, for example, does not fall from a benevolent sky but from a long-term work that makes it possible to find its way through a hierarchy and thus to put ourselves in a position to be able to appreciate, as they say to "their true value" the countless human productions in their desperate attempt to help us to tell us.
It is not a question of loving, it is a question of creating a base that is sufficiently solid and above all sufficiently critical to be able to locate the depth, the strength of exchange of the work of art, to discipline one's eye, not in codifying it but giving it access to a scale.
Media waste has a power: that of providing everything. What they do not have is the capacity to give at the same time the tool of evaluation, that one goes, in bourgeois unrepentant call the culture. But for this work of development and enrichment, in other words for the creation as a transcendent experience, of a nutritional relationship to culture, although not definitively acquired but essentially condemned to seed and plowing, it must be created for each a background of value, importance and therefore of relativity that allows not to flatten everything, trivialize everything, also diminish, in what the work offers as a message structuring the human. This fund of course touches on the idea of a form of global heritage, but even more so, the active part of each in the construction and preservation of this heritage as a foundation, a soil of self-construction. We are entitled not to wish the fertilizer is mediocre and above all, to work to learn when it is.EG
This short educational fable to say what?
That the "rules" when it comes to evaluating the aesthetic value of an artistic work, whatever it is does not come out to taste, good or bad. What creates an attachment to excellence is the practice of sorting.
And this practice, as well as that of the legitimacy and validity of information sources, for example, does not fall from a benevolent sky but from a long-term work that makes it possible to find its way through a hierarchy and thus to put ourselves in a position to be able to appreciate, as they say to "their true value" the countless human productions in their desperate attempt to help us to tell us.
It is not a question of loving, it is a question of creating a base that is sufficiently solid and above all sufficiently critical to be able to locate the depth, the strength of exchange of the work of art, to discipline one's eye, not in codifying it but giving it access to a scale.
Media waste has a power: that of providing everything. What they do not have is the capacity to give at the same time the tool of evaluation, that one goes, in bourgeois unrepentant call the culture. But for this work of development and enrichment, in other words for the creation as a transcendent experience, of a nutritional relationship to culture, although not definitively acquired but essentially condemned to seed and plowing, it must be created for each a background of value, importance and therefore of relativity that allows not to flatten everything, trivialize everything, also diminish, in what the work offers as a message structuring the human. This fund of course touches on the idea of a form of global heritage, but even more so, the active part of each in the construction and preservation of this heritage as a foundation, a soil of self-construction. We are entitled not to wish the fertilizer is mediocre and above all, to work to learn when it is.EG
