POURISTES
Peuples de l'uniforme
Bêlant d'envie à l'exotisme
S'étalent, tous
S'empalent aux quatre coins du monde
Leur gueule grande ouverte sur des contrées qui leur sourient
En cachant leurs plombages
La terre,
Fille de joie muette, leur est due
Elle leur ouvre maintenant nuit et jour ses cuisses
De leur peau transparente
Gouttent des perles de sueur acide sur les embarcadères
Peuples de l'uniforme
Érythème d'un mal sourd depuis longtemps fatal
Pullulent en surface
Là où l'habitant soulage à peine la nuque de son histoire
Aux pansements de l'amnésie
Condamné à s'effacer à l'infini
Peuples de l'uniforme
Blasés dans leur attente,
Frustrés à jamais par la vacuité qu'ils distillent
Île et plage, cathédrales
Craquant sous la stupeur bornée des foules
Engourdies sous l'aisance, la violence de l'éphémèreD
POURISTES
Poésie sous plastique
Il va falloir arrêter de penser que le nettoyage des lieux suffira. C'est tout un esprit qu'il faut révoquer, celui qui pense qu'on peut "faire" l'Himalaya et que ce que les formes contemporaines du tourisme offrent peut se nommer "voyage".
Il faut accepter de laisser loin de nous et de rester éloignés des lieux que nous vénérons à travers les filtres de nos représentations et pour lesquels le marché a créé des accès faciles, peu compremettants en effort et révocables à merci. Cesser de créer à chaque découverte une possibilité de la spolier en la rendant visible, comme ces études sur les requins marteau, dont, aussitôt après avoir démystifié la dangerosité, on a cru l'accès indispensable, au nom de la préservation de l'espèce soi-disant liée à son cotoîement par un large public et qui se sont vus harcelés par des tas de plongeurs et plongeuses venant jouer au challange et les filmer pour pouvoir en parler dans les salons.
Le tourisme est la plus dégradante face du consumérisme, stupide, impatiente, superficielle et la facilité avec laquelle on peut s'offrir un voyage au Tibet ou en Amazonie n'est certes pas la garantie de la création d'un quelconque RAPPORT avec ces mêmes lieux.
C'est la métaphore ultime, après la guerre, du paradoxe irréductible de l'humain comme espèce oscillant entre le rejet et l'adulation de ses propres excréments.
Ce point de rencontre ultime inégociable qui fait que la reconnaissance d'une existence n'est fantasmée possible que grâce aux traces qu'elle aura laissées et que tout savoir sur les modes disparus de cultures antérieures s'effectue toujours partiellement sur des restes.
Dans le voyage, il faut du temps, de l'humilité, l'acceptation que la vie ailleurs n'est rien qu'on puisse avoir, prendre, retenir dans des clics d'Instagram qui n'intéressent personne.
Il faut accepter de s'isoler pour accéder à l'étrange, le bruit insupportable des groupes étant le pire ennemi de l'intelligence et de la curiosité.
Il faut accepter de ne pas devoir s'appuyer sur des guides, quels qu'ils soient, qui vont moudre la spécificité et le dur labeur de notre propre voyage jusqu'à ce que nous ne puissions découvrir que ce qu'ils ont mis sous nos yeux.
Apprendre à regarder et se taire.
Il faut arrêter de prolétariser tout espace qui ne soit pas nôtre en pensant qu'il est accessible simplement parce qu'on peut l'acheter. EG
Il faut accepter de laisser loin de nous et de rester éloignés des lieux que nous vénérons à travers les filtres de nos représentations et pour lesquels le marché a créé des accès faciles, peu compremettants en effort et révocables à merci. Cesser de créer à chaque découverte une possibilité de la spolier en la rendant visible, comme ces études sur les requins marteau, dont, aussitôt après avoir démystifié la dangerosité, on a cru l'accès indispensable, au nom de la préservation de l'espèce soi-disant liée à son cotoîement par un large public et qui se sont vus harcelés par des tas de plongeurs et plongeuses venant jouer au challange et les filmer pour pouvoir en parler dans les salons.
Le tourisme est la plus dégradante face du consumérisme, stupide, impatiente, superficielle et la facilité avec laquelle on peut s'offrir un voyage au Tibet ou en Amazonie n'est certes pas la garantie de la création d'un quelconque RAPPORT avec ces mêmes lieux.
C'est la métaphore ultime, après la guerre, du paradoxe irréductible de l'humain comme espèce oscillant entre le rejet et l'adulation de ses propres excréments.
Ce point de rencontre ultime inégociable qui fait que la reconnaissance d'une existence n'est fantasmée possible que grâce aux traces qu'elle aura laissées et que tout savoir sur les modes disparus de cultures antérieures s'effectue toujours partiellement sur des restes.
Dans le voyage, il faut du temps, de l'humilité, l'acceptation que la vie ailleurs n'est rien qu'on puisse avoir, prendre, retenir dans des clics d'Instagram qui n'intéressent personne.
Il faut accepter de s'isoler pour accéder à l'étrange, le bruit insupportable des groupes étant le pire ennemi de l'intelligence et de la curiosité.
Il faut accepter de ne pas devoir s'appuyer sur des guides, quels qu'ils soient, qui vont moudre la spécificité et le dur labeur de notre propre voyage jusqu'à ce que nous ne puissions découvrir que ce qu'ils ont mis sous nos yeux.
Apprendre à regarder et se taire.
Il faut arrêter de prolétariser tout espace qui ne soit pas nôtre en pensant qu'il est accessible simplement parce qu'on peut l'acheter. EG