Un peu comme dans l'usage dans la langue politiquement aveugle des angloaméricanismes, il est de bon ton de manipuler les " devices ", "apps " et autres outils de la virtualisation globale avec aisance. C'est une des pratiques qui a permis aux générations dites " montantes" d'en remontrer à leurs aînés, supposés partis dans ce champ avec un handicap. Il y a des compétences à acquérir dans cet usage, importantes au regard de la consommation gargantuesque qui en est faite. Par contre, ce qui reste tu, c'est le nombre d'heures que TOUT LE MONDE, à partir du moment où il manipule un service nouveau ou se confronte à l'usage simultané d'Apple et de Windows , c'est à dire refuse de considérer ces produits comme objet d'une dévotion au dieu unique, doit perdre à bidouiller, chercher, manipuler dans le vide, c'est à dire sans aucune conséquence sur le savoir à en tirer, simplement pour pouvoir faire que "ça marche"... et "ça" finit toujours par marcher mais au prix d'une expérimentation factice qui se présente au jour comme le terrain d'une vraie compétence, ce qu'elle n'est pas. Le plus sophistiqué de ces nouveaux cultes sans nom est incontestablement Apple avec ses quantités de codes, mots de passe, exclusions, autarcie systémique qui rendent la vie hautement excécrable au regard de la réelle utilité de ces heures passées à simplement accéder à quelque chose qui fonctionnait parfaitement la veille et s'est mis à devoir vous faire prouver votre capacité stratégique et votre patience sans vous demander votre avis. Mais l'exaspération, la sensation de ramer dans le vide en manipulant les petites touches doit être tue car signe d'une déqualification potentielle pour l'accès au royaume des ceux qui savent. Nous sommes ici dans les pratiques religieuses à valeur initiatique mais sans autre but qu'elles-mêmes, et qui, pour la première fois n'ont pas à se couvrir de paroles qui les encadrent ni de lien avec d'autres champs symboliques qu'elles-mêmes. Ce sont des "fonctionnalités" faites donc pour "fonctionner". Qu'il n'y ait derrière l'obtention finale de ce que vous cherchiez, quelquefois au prix d'un temps qui est simplement perdu, aucune réelle compétence ni aucun savoir nouveaux acquis n'est pas la question, que ces manipulations soient soumises plus aux bienfaits du hasard qu'à des savoirs qui pourraient se développer dans d'autres champs non plus. Il y a dans ces pratiques du technobidouillage instaurées comme loi secrète un déni de l'utile, une passive acceptation que "ça" marche sans vous, que "ça" choisisse sans vous et que votre participation ne soit tolérée qu'en tant que plus performant et plus initié que votre voisin, qui lui aussi, à chaque fois qu'il se heurte à des arbitraires technologiques massifs, croit bon de se taire et de garder ses luttes dans l'obscurité de son alcôve afin de ne pas paraître ridicule au yeux des supposés-savoir. Les "forums " sont les témoins de cette surenchère du technonarcissisme pédalant à vide c'est à dire ne donnant des "solutions", la plupart du temps inapplicables, que comme des modes d'accès et jamais comme des contenus tangibles. Qu'il n'y ait là-dedans AUCUNE espèce de savoir impliqué n'est pas questionné puisque ces "compétences " dans l'accès à une programmation décidée ailleurs et pour laquelle chacun n'est qu'un consommateur de plus, ne peuvent à aucun moment être l'objet d'une transmission, qui ne serait en fait que l'exhibition d'un plus rapide accès à des gestes sans finalité créative ou constructrice aucune. EG