New-York
Octobre
1. Madison Avenue
Soulages
Vaincre l'Idolâtre
1. Madison Avenue
Soulages
Vaincre l'Idolâtre
Impitoyablement déchirant de se reculer hors de la
passion et d'infiltrer un culte avec les épines du doute.
Il restera source d'un étonnement reconduit mais...
Soulages a trouvé, par hasard peut-être, dès les premières heures, un filon. Puis, très vite, par cette heureuse coïncidence qui met votre travail entre les mains de celui qui va le sublimer socialement, il a assez librement occupé le territoire noir, fort d'une reconnaissance de son alors unique droit à l'appropriation, territoire noir nommé par lui-même et dont il s'est imposé l'accès en tant que seule référence internationale, ce très rapidement dans sa carrière, ce, quasiment dès les premières heures. Il a été alors impossible que quiconque d'autre s'y aventure, s'y risque sans s'exposer aux avanies de la critique, aux accusations de plagiat et au rebut.
Il restera source d'un étonnement reconduit mais...
Soulages a trouvé, par hasard peut-être, dès les premières heures, un filon. Puis, très vite, par cette heureuse coïncidence qui met votre travail entre les mains de celui qui va le sublimer socialement, il a assez librement occupé le territoire noir, fort d'une reconnaissance de son alors unique droit à l'appropriation, territoire noir nommé par lui-même et dont il s'est imposé l'accès en tant que seule référence internationale, ce très rapidement dans sa carrière, ce, quasiment dès les premières heures. Il a été alors impossible que quiconque d'autre s'y aventure, s'y risque sans s'exposer aux avanies de la critique, aux accusations de plagiat et au rebut.
Soulages a donc, avec une forme de constance, de
régularité, avec le sérieux des artistes imprégnés d'une mission esthétique,
avec le calme des choix mus par l'ascétisme, parcouru seul une partie du chemin
vers le noir, soutenu dans sa quête par les curateurs internationaux, validé à
chacune de ses avancées, sans lutte, sans clameur, sans bruit. Il a avancé sur
un chemin qu'il a lui-même balisé au fur et à mesure, certain de pouvoir
exhiber ses aventures obscures sous les acclamations, c'est à dire sans risques
courus de les voir rejetées par la critique. Ce n'est pas rien pour un artiste.
Mais c'est aussi sans la saine occurrence de ce qui aurait pu le pousser, le
secouer, le déchirer, l'endommager, le provoquer, le placer malgré lui face aux
limites de son désir de peindre et aux secrets de ce qu'il recelait.
Il a suivi une route ouverte par la considération des autorités où le point d'arrivée n'était occupé que par lui-même.
Une carrière si constante, une
reconnaissance venue si aisément, sans tension, sans déboires, sans stupeur,
qui l'amènent à occuper maintenant une place que personne ne peut lui contester
ni même lui envier au panthéon des grands.
Une rencontre initiale, un geste peut-être simplement vaguement osé en son départ puis une fois mis sous la lumière, pris et repris sous les formes que lui offrait la quotidienne épreuve de l'improvisation ou le travail.
Avec une sorte de bénédiction des dieux de l'Olympe du mécénat couvrant son oeuvre du début à la fin, cent ans sans rémission ni rupture.
Ce qui se prévaut du génie serait-il aussi une question de croisement opportun, de coups de foudre ?
Une rencontre initiale, un geste peut-être simplement vaguement osé en son départ puis une fois mis sous la lumière, pris et repris sous les formes que lui offrait la quotidienne épreuve de l'improvisation ou le travail.
Avec une sorte de bénédiction des dieux de l'Olympe du mécénat couvrant son oeuvre du début à la fin, cent ans sans rémission ni rupture.
Ce qui se prévaut du génie serait-il aussi une question de croisement opportun, de coups de foudre ?
Et quelle peinture Soulages aurait-il créée sans cette
intercession des forces bienveillantes des décideurs ?
Quel travail aurait-il alors mis en branle sans cette liaison attendue, en fait immobilisatrice avec la virginité du noir ?
Quelle peinture si ce dépucelage n'avait pas été validé une fois pour toutes comme son laisser-passer vers une voie tracée par les attentes ?
Si le succès n'avait pas condamné sa main à la maîtrise sans cesse reconduite de cette même couleur insondable ?
Quelle peinture si le miroir de son succès international avait été plus voilé, le regard des curateurs plus indifférent ou plus difficile à capter, lui offrant par leur distance même une sorte de latitude à sortir, au moins, qui sait une fois, au moins, qui sait un peu, comme pour le moment imprévisible et aberrant de la fugue, de la soute aux contours déjà connus.
Assigné au Noir.
Beau destin.
A quel prix ?
Sorte de prison dorée entourant l'atelier ?
Artisanat du Noir ?
Perfection du geste noir ?
Une heureuse rencontre ?
Peut-être, sans plus ?
EG
Quel travail aurait-il alors mis en branle sans cette liaison attendue, en fait immobilisatrice avec la virginité du noir ?
Quelle peinture si ce dépucelage n'avait pas été validé une fois pour toutes comme son laisser-passer vers une voie tracée par les attentes ?
Si le succès n'avait pas condamné sa main à la maîtrise sans cesse reconduite de cette même couleur insondable ?
Quelle peinture si le miroir de son succès international avait été plus voilé, le regard des curateurs plus indifférent ou plus difficile à capter, lui offrant par leur distance même une sorte de latitude à sortir, au moins, qui sait une fois, au moins, qui sait un peu, comme pour le moment imprévisible et aberrant de la fugue, de la soute aux contours déjà connus.
Assigné au Noir.
Beau destin.
A quel prix ?
Sorte de prison dorée entourant l'atelier ?
Artisanat du Noir ?
Perfection du geste noir ?
Une heureuse rencontre ?
Peut-être, sans plus ?
EG