4.04.2023

 On peut comparer le processus de "diagnostisation" contemporain, pour créer un néologisme sur un phénomène d'une ampleur suffisante pour qu'il cherche à se nommer d'une façon spécifique, avec ce qui a pu se produire sur la diversité des productions lors de la fordisation des chaînes d'assemblage automobile, au début du XXième siècle, l'archétype de ce modèle de construction produisait un seul modèle au départ de sa mise en œuvre. Dans les pays où il s'est implanté sur des bases productives et d'assemblage de plusieurs modèles effectuées à l'unité par un petit groupe d'hommes dont la variété n'a pas pu résister bien sûr à la mécanisation des chaînes de production et a donc vu se réduire l'éventail des modèles produit et donc de choix pour plus de rentabilité.

La surnomination de tous les comportements et leur surdésignation comme ressortissant au " trouble" impliquées dans cette fièvre diagnostique provient d'une même nécessité de réduire au maximum le champ de définition de l'"Humain" afin de le "cibler" plus aisément à la fois dans une forme de maîtrise imaginaire et de réponse à un besoin, naturel, de cet humain réduit à un individu de "se dire" et de croire savoir qui il est. Elle permet en même temps de pouvoir joindre deux antagonismes : celui d'une individualisation supposée de plus en plus marquée et évidente pour tous en Occident et celui d'une standardisation des approches de ce que pourrait "être" cet individu.

Cet infini de la réponse au "Qui suis-je" potentiel portée par un rapport à l'environnement de chacun et ouvert en grand par l'évolution néolibérale, techniciste et consumériste qui entoure et marque l'individu n'a pas les mêmes bornes culturelles, religieuses que celles qui délimitaient sans la questionner cette interrogation chez ceux et celles dont l'appartenance groupale prévalait comme support identitaire énonçable immédiatement et formulée ailleurs, à la fois temporellement et localement. 

Il est plus ou moins fantasmé, dans l'imaginaire collectif contemporain, une sorte de droit, sinon de capacité de chacun à "être" à "devenir" d'une façon présentée comme absolument personnelle, individuelle, sous la forme d'un advenir d'un vrai moi à découvrir, ou de l'imposition sur la réalité de son désir et de son " instinct" comme porteur de différence et de vérité a priori.


Petit conte amiénois Dixième partie