La question récurrente, obsédante presque qui touche ce qu'on peut nommer la démarcation d'une "posture" politique se heurte au vide dialectique du système de pensée binaire si largement développé par notre ère post-moderne.
Dans ce va et vient, ce renvoi constant à la justification morale, aux références tout venant au concept de "haine" et aux multiples déclinaisons des diverses "phobies", utilisés comme modalité argumentaire, mode constant d'effacement du pouvoir dynamique de la construction à la fois éthique et logique du discours et des choix qu'il est censé impliquer, chacun est lié, aliéné à une posture irréductible qu'il offre et s'offre avant toute construction de l'expérience, une posture entièrement constituée d'un discours externe à sa pensée et la modelant totalement tout en lui donnant un paravent de bienséance politique sur lequel il ancre la légitimité de ses choix sans avoir besoin d'aucune vérification critique qui éclairerait le contenu idéologique ou politique des postures désignées comme adverses.
Exemple : il est lu que "le RN ne veut pas de l'égalité des salaires entre homme et femme ".
On fait donc la démarche de ne pas, (de ne jamais) avaler aucune couleuvre sans vérifier d'où elle sort et on va sur internet pour apprendre à savoir ce dont on parle : et là, c'est important, AUCUN lien n'est donné qui rende accessibles les positions du RN à cet égard mais uniquement s'affichent une liste de sites, d'articles de la presse du monopole médiatique d'état, de rubriques, de déclarations d'influenceurs qui donnent des consignes de vote très claires de "barrage" au fascisme en utilisant l'argument dont on tentait de vérifier la véracité...En vain.
Et c'est bien là qu'il s'agit de lutter contre l'étouffement. Dans le contexte décrit ci-dessus, cette recherche de preuve, mot maudit s'il en est, est déjà et en soi l'indice d'une compromission avec "l'ennemi" qui, quel qu'il soit et quels que soient ses objets, bloque a priori toute nécessité de s'enquérir de ce qui se fait et dit de son côté du manche. Mais l'élément le pire auquel se confronter c'est que face à la force de la mésinformation, face à la force d'une censure partisane à l'oeuvre sans répit, cette condamnation a priori, c'est à dire sans la dynamique constructive de l'argumentation et du débat possible, condamnation d'essence clanique, moralisante et offuscable à merci, d'une simple volonté d'honnêté intellectuelle critique sur tous les aspects des contenus médiatiques efface dans sa juridiction puritaine la place de la censure et la manipulation omniprésente qui est complètement évacuée au second plan.
Ce genre de stratégie, parfaitement rodée et presque indolore, déjà tant de fois observée lors des grandes crises antérieures permet la gestion des avis et la pure manipulation et occultation des sources et de tout ce qui est supposé rendre un vote, ou n'importe quel choix, un minimum éclairé, c'est à dire étayé par la pesée attentive du plus grand nombre de faits ou de discours possibles.
Si l'interdiction par l'effacement sous-jacent de la libre démarche d'accès à des informations en construction critique était encore à démontrer, on voit une nouvelle fois combien elle est devenue partie prenante de l'ère informationnelle néolibérale globaliste tout en étant aussi discrète et d'une efficacité redoutable quant à la dissimulation de ce qui tire ou enrichit la construction des "points de vue".
S'extraire de cette impasse binaire qui inflige une immobilité complète de ces postures pourtant à construire en permanence face aux outils propagandiques et regagner un peu de hauteur, ou de distance par rapport aux enthousiasmes radicaux et aux peurs, est le fruit d'une instabilité des certitudes et d'une sorte de révision des balises permanentes.
Regrouper, compulser, jour après jour, le plus de documentation, le plus de traces, d'informations sans s'engouffrer dans une sorte de manège imposé du bon droit de gauche et de la vaillance activiste néopuritaine dont on ignore qui le fait tourner est un effort sans commune mesure avec les manes limpides du militantisme et de ses credos.
Le statut, au fond, recherché est celui d'une posture qui ne serait pas dupe.
Cela aussi, c'est un engagement, à soi, à la liberté fondamentale de penser toujours à consolider et à définir, et aux prémisses qui veulent que dans les impositions totalitaires européistes et globalistes, dans la perte pourtant constatable quotidiennement d'autonomie décisionnelle, juridique, économique, politique et idéologique qui nous enserre et nous domine, l'éternel clivage droite gauche qui continue de servir de masque aux pouvoirs réels en jeu fonctionne avec d'autant plus de ferveur qu'il est le meilleur outil d'aveuglement et de choix passionnés mais vains présenté aux analyses qui ne peuvent y voir le simple effet de manche d'un reliquat de l'illusion démocratique devenue obsolète et qui s'étant trompés de guerre continuent à beugler des slogans qui sont ceux d'un monde encore polymorphe et encore moderne qui n'a pas vu où étaient maintenant ses vrais ennemis.
Une posture à construire hors des voies déjà balisées par leurs encarts partisans promotionnels, si omniprésents qu'ils passent pour la seule voie possible, leurs options de marketing électoral promouvant un "changement" à venir qui n'est qu'un changement de cellule dans la prison à ciel ouvert globaliste.
Une posture n'ayant comme a priori que la défiance totale et qui ne serait pas dupe de la vacuité et de la vanité d'un système partisan droite gauche ayant pourtant montré à tous l'énormité de ses supercheries, système fossilisé dans la consanguinité centralisée depuis des décennies, impuissant quoi qu'il en dise à devenir l'ordonnateur de son propre destin.
Système binaire pour donner l'illusion de l'alternance sous le lustre de la diversité apparente, quelles que soient les appellations des partis de convenance qui le font vivre, toujours clivés en bons et mauvais se réfléchissant dans l'imposture et dans leur vide politique réciproque, où les choix qui en France à la fois pour des raisons conjoncturelles et historiques, d'une façon plus aïgue peut-être que dans d'autres pays d'Europe, oscillent constamment entre une fièvre socialo-gauchisante, qui a pourtant montré ses limites et ses leurres et le drapeau brandi du "fascisme", bête noire sortant de son trou à chaque élection et apparemment continuant à jouer malgré la réalité évidente de son absence de crocs et de sa javelisation ultralibérale, son rôle de repoussoir dans un système où la seule posture acceptable, la seule posture qui assure votre place au sommet de la vague progressiste atlantiste et ne vous condamne pas au FOMO (fear of missing out) de l'esprit de mode est celle d'un gauchisme mécanisé et peu locace sur ses rapports au peuple.EG