Une équipe de surveillance par wagon.
Après tout, si l'espoir est la nourriture des faibles, les perspectives d'un "grand changement" remettant, au sens propre et figuré, "l'église au centre du village" pourrait faire miroiter des jours meilleurs à l'horizon de nouvelles élections, propulsant, enfin, diront certains, le RN, encore vierge de véritable responsabilité gouvernementale au devant de la scène "patriotique" au grand soulagement d'un grand nombre de Français...
On peut, on doit rêver..
Ne serait-ce que, une fois n'est pas coutume, pour devoir tomber de nos chaises, de nos étagères, de nos illusions obstinées et de notre absence de sens critique, et constater au bout d'un certain temps d'exercice du pouvoir, que rien, au fond, de ce qui semblait le plus important n'a changé.
Avec donc, dans ce désespoir, dans cette sensation d'impasse, une sorte d'amertume, de colère et aussi de volonté d'"en finir" qui pourrait faire très mal, à tous ou presque.
Car, aussi bien au niveau du programme que des capacités d'analyse de la situation générale et de l'état d'esprit de nos concitoyens, il est évident que des "mesures" contre la délinquance, contre l'immigration illégale seront comme un coup de couteau dans l'eau d'un climat qui dépasse de beaucoup les simples tentatives de législation, dispensées d' "en-haut", par des personnalités politiques qui n'ont, en fait, jamais sondé les contextes sociaux, politiques et évidemment économiques qu'à travers les divers bréviaires offerts par leur parti.
Prenons un exemple : la délinquance, thème oh combien cher à tous, donné en pâture comme os à ronger, phénomène de société bien réel, créant à tort ou à raison, une sorte de sentiment d'inquiétude permanent. Donc une solution : la répression. Crac.
Des places en prison, des prisons, une justice plus rapide et plus punitive. Le tour est joué, l'affaire est réglée.
C'est évidemment un mirage qui miroite devant les yeux d'un électorat qui croit, au sens quasiment religieux du terme, au lien immédiat de la cause et de son effet comme des manifestations désincrustées de leur contexte.
Mais.
Les passages à l'acte délictueux ne tombent pas "du ciel", ils sont simplement les manifestations, palpables, si l'on peut dire, d'un type de relation intrasociale majoritairement délabré, d'une déchirure de ce que les psychosociologues ont cru bon de nommer "le lien social", signant ainsi l'arrêt de mort de ce qui est la nature même du tissage relationnel dans tout type de collectivité-communauté (ici, dit à l'anglosaxonne) : quelque chose, un truc qui s'établit "de soi-même," appuyé sans y penser sur un climat relationnel préexistant qui implique des codes, des usages, des manifestations de la civilité, c'est à dire tout ce qui permet à n'importe quel groupe de vivre ensemble sans (trop) se bouffer la rate, sans avoir à sans cesse resituer l'autre et sans se confronter jour après jour à une sensation d'étrangèreté.
Ce que nous traversons depuis plusieurs années est une sorte de guerre civile froide, avec des moments d'échauffement, qui s'exprime dans tous les moments d'interaction, en particulier dans les environnement urbains et péri-urbains mais tendant à se répandre comme HABITUS un peu partout.
On peut évidemment imaginer qu'une bonne dose de répression, ou le sempiternel recours au rétablissement de la peine de mort, avec derrière ces deux "projets", l'idée qu'on puisse en finir une fois pour toutes avec les méfaits, feront tout le travail et suffiront.
C'est d'une naïveté surprenante : tous les harcèlements, scolaires, médiatiques, toutes les injures, les provocations, tous les harcèlements et la violence verbale à l'égard des filles et femmes, tous les regards qui tuent, toutes les insultes comme (unique ?) mode relationnel peuvent-ils être réprimés ?
Et comment ?
Le simple spectacle du niveau de violence verbal dans l'hémicycle ou sur les plateaux devrait servir de révélateur au fait que, dans un monde où, c'est fait, tous sont devenus ennemis de tous, race, sexe, origine, religion ou simple fait d'exister et tout le tremblement, inclus, des places de prisons ne pourront jamais servir d'apaisement ou de nettoyage à cette sorte d'herpès interactif généralisé.
Le rôle du politique n'est que dans le maintien "ensemble" d'individus aux intérêts, aux besoins, aux attentes et aux croyances différents voire opposés.
Le rôle du politique, contrairement à ce qui s'applique de déification de "la différence" est de créer des soubassements à toute relation qui prenne en compte tout autre chose que cette différence mais parie sur un lieu à occuper commun. Sinon ? Sinon, l'autre devient immédiatement et uniquement cette différence.
Le rôle du politique est donc TOUT sauf le recours aux affects de chacun mais au contraire leur encadrement dans des attitudes de distance et de reconnaissance.
Lorsque cette sorte d'exigence à l'égard de cette force régulatrice qu'est l'institution disparait, coulent avec elle tous les codes de bienséance, et ça, aucune élection ne pourra y remédier.
N'attendez pas trop, n'attendez pas un apaisement d'un changement qui, pour contrer ce phénomène lié à l'esprit du temps ne préconise que de la "répression" sans sonder le mal être, le malaise, d'une nation où chacun est devenu pour chacun, plus ou moins, l'individu à abattre.
EG