L'Amérique n'a pas inventé la dialectique.
Après avoir été alertés à cause de tweets à contenu suicidaire publiés par Chelsea Manning (ce pourrait être n'importe qui, sa notoriété n'ayant ici que l'avantage de rendre l'intervention publique) la police fait une "descente" dans son appartement (vide). On peut presque en rire, à considérer l'absurde inadéquation de la réponse à une situation qui demanderait comme nos amis américains la nomme à chacune de leur intervention, de la "compassion" ou sans vraiment l'avoir définie de l' "empathie". Brandir des armes comme si la police était elle en danger renverse toute logique, fût-elle émotionnelle.
Après avoir été alertés à cause de tweets à contenu suicidaire publiés par Chelsea Manning (ce pourrait être n'importe qui, sa notoriété n'ayant ici que l'avantage de rendre l'intervention publique) la police fait une "descente" dans son appartement (vide). On peut presque en rire, à considérer l'absurde inadéquation de la réponse à une situation qui demanderait comme nos amis américains la nomme à chacune de leur intervention, de la "compassion" ou sans vraiment l'avoir définie de l' "empathie". Brandir des armes comme si la police était elle en danger renverse toute logique, fût-elle émotionnelle.
On peut crier au loup de l'état policier, de la progressive totalitarisation d'un système, et on aura raison dans la mesure où cette forme de violence latente, omniprésente et par dessus tout inintelligente à un point presque impensable, c'est à dire frôlant l'absurde, est de plus en plus souvent manifeste et hélas de plus en plus commune sur le plan des choix politiques globaux. Mais il faut aussi revenir aux racines de ces situations "extrêmes" .
"Extrême" ici est une façon de qualifier ce qui ne présente aucun espace, psychique, collectif, pour l'entre-deux, pour la nuance, autrement dit pour tout ce qui matérialise l'absolue complexité de la vie humaine dans sa dynamique interrelationnelle, dans ses rapports avec elle-même etc. L'esprit du temps qui, comme le dit Gilles Lipovetsky* ne répond plus au "pourquoi" mais ne travaille avec frénésie que sur le "comment", a balayé le vital recours à une démarche dialectique et laissant la place au doute et au "oui mais" qui aide à s'extraire de l'embourbement binaire du bien vs mal et de la cruelle absence de possibilité représentationnelle de l'ambivalence et de tout ce qu'elle génère, individuellement et collectivement. Autrement dit dans cette absence d'espace de négociation, si négocier, avec soi comme avec le monde, est une des seules issues contre le plaquage mortifère de la toute-puissance et de ses poncifs, pensés ou agis, toute forme de crise est inondée par une seule forme de réponse, qui ne tient pas au champ de l'échange et de l'interaction mais d'une forme chronique et non élaborée de passage à l'acte. Cette binarité du système moral, politique américain et ce qu'elle a comme force persuasive globale est d'un accès rapide, parce que ne nécessitant pas de temps d'élaboration individuelle ou collective, se prive aisément de toute forme d'apprentissage puisque aucune autre forme d'interventions ou d'auto-interventions n'est même envisageable, ce qui éradique complètement la possibilité de questionner le bien fondé et la pertinence des choix antérieurs et de les faire évoluer à partir des éventuelles erreurs. Condamnée donc à se reproduire dans le lieu fermé de la répétition. Cette forme de "solution violente généralisée", enkystée dans le binaire où elle côtoie par sa structure sans que cela ne puisse en aucun cas la remettre en cause les "réponses" à peine édulcorées par le disneyisme ou comme Lipovesky encore la nomme "la sentimentalisation du monde" et la sollicitation de "l'amour" comme outil politique, sans questionner là non plus ni l'un ni l'autre faute de contenu dialectique à soumettre à leur supposée alternative.
* Gilles Lipovetsky Le bonheur paradoxal
Essais Folio
* Gilles Lipovetsky Le bonheur paradoxal
Essais Folio
