6.10.2018

L'impasse des bienpensances Décembre 2013 / Juin 2016


Vouloir du bien
Partout, du moins sur les sites et les pages que je lis régulièrement, l'alerte, l'alarme est donnée et elle semble ne pas trompeter assez haut pour se faire clairement entendre " là-haut", là où ça décide, là où c'est responsable. Et les commentaires fusent...tous éclairés, tous impeccables. Bien, conscience politique oblige...par contre, la question à poser aux redresseurs de torts du néo-capitalisme est celle-ci : les déchets électroniques qui nous inondent d'où viennent-ils ? Vous vivriez sans réfrigérateur, sans téléphone portable, sans tablette, sans Ipad, sans télé, sans brosse à dent électrique, sans tondeuse à gazon, sans épluche légume auto-nettoyant, sans mixeur-broyeur ? Vous seriez prêts à laisser tomber les vanités encombrantes des fêtes de Noël et les tonnes de saloperies qu'elles traînent avec elles ? Et les hauts cris contre les compagnies pétrolières quand je prends ma bagnole pour aller travailler et que vous prenez aussi la vôtre, les pousseriez-vous avec autant d'ardeur devant des pompes vides ? Il semble que le stigmate de cette consommation débridée mais peu débridante soit à prendre avec délicatesse, c'est à dire avec la capacité à se poser soi-même par rapport à lui, sans s'étrangler dans les vœux pieux du silex à frotter pour allumer le feu sous le chaudron où bouillonne doucement la soupe aux herbes sauvages ni sur le mythe du retour au tout "naturel". Il n'existe pas le naturel, il est une relation à percevoir et à analyser. Commencer par faire le ménage chez soi, gentiment, rayer sans douleur de sa vie ce qui semble aller avec nous tous vers le cataclysme mais pas penser pour ce nous tous à ce qu'il ou elle peut changer dans sa vie de consommateur-trice en disant NON pour lui ou elle mais en vivant ce NON pour soi. C'est impossible de manger dans le ventre d'un autre. C'est là la différence avec les idéologies à coup de bâton des décennies précédentes. On est dans de l'individuel de masse, c'est tellement adhérent que ça oblige à marcher sans savoir vers quoi. Mais c'est le pas qui compte.12/13 EG




 

De quelle phobie rêve-ton dans l'Islamophobie ?
 Que faut-il mieux faire pour rester sinon certain de sa position face au monde, comment le serait-on ? Mais au mieux, au moins pire certain de sa position face à soi-même. Dans cette position, ce qu’il faut, peut-être en premier lieu, c’est être prêt à affronter le rejet, les insultes et l’apostasie de ceux qui savent. Qui savent avant tout  une chose, la chose, la place, partout et toujours du “bien”. Le bien pour les autres surtout, pour leur bien-être et leur pensée, pour leur avenir et celui de leurs enfants, qui savent que tout ce qui entoure la “différence” et sa massue idéologique contenant en elle le pouvoir de tous les concepts creux où tout peut faire office,  peut se légitimer et légitimer à quelques minutes près, son contraire, bénir tout et son contraire et faire dormir sur leurs deux oreilles l’élite de la clairvoyance et les hérauts de l’esprit révolutionnaire. Les mêmes qui, il y a quelques temps pensaient bien en suivant Sartre dans sa soumission aveugle au Stalinisme, contre les faits un peu trop criants et leur insupportable poids de réaction, qui suivaient Sartre encore quand, après en avoir convenu, tard, il décidait que le Stalinisme pouvait montrer quelques failles, des millions de morts, mais pour leur bien, et pour maintenir le cap de l’esprit de la justice et du pouvoir du peuple et des masses laborieuses, s’adonnait en toute rigueur aux merveilles du Maoïsme. Les mêmes qui, un peu plus tard, donnent dans l’esprit écologiste, jusqu’à en faire une idéologie aussi fermée qu’elles le sont toutes, par essence, et qui transforme un terrain de recherche, d'expérimentations et de choix personnels et sociaux en critères de mode de vie agrémentés d’une mention d’adéquation et de pureté, nouveau puritanisme vert, où la “nature” se voit parée d’un bel habit mystique, tout aussi toxique pour la liberté de pensée que les cultes religieux les plus conservateurs.
Le bien, quand on est persuadé de le détenir, il a quelques difficultés à ressembler au bien détenu par son voisin. Le bien il a, quoi qu’on en pense, la part belle dans le cadre de la bienfaisance et de toute sa démarche d’exercice d’un pouvoir qui se cache derrière le contrôle social et le partage des biens. La politique n'est pas un oeuvre caritative, elle doit être prudente avec le bien, il amène dans son sillage les fantasmes d’épuration, de nettoyage moral et on sait où, chaque fois, cela mène. Si ce n’est que chaque fois, après quelques excès, ayant remis la légitimité des éléments de l’altérité contaminés en place, le bien en change et que sa recherche ouvre des horizons de purifications nouveaux. Et dans ce cumul de causes qui sont, toutes légitimes à la surface du globe qui pourtant ne chôme pas, les causes de ce bien, défendues dans les médias sociaux avec un sérieux et une conviction sans borne, tant de causes, tant de souffrance et si peu de liberté, si peu d’égalité etc., il y a aussi cette nouvelle vague de bienpensance autour de la lutte contre " l’islamophobie ",  nouvel emblème, honte de la réaction, ignorance et bêtise d’extrême-droite, brandi comme la plus ordurière des marques de l’égocentrisme, de l’ethnocentrisme, de tous les .ismes coupables de laisser moisir dans l’obscurantisme les authentiques mouvements progressistes de la conscience collective.
Alors, on plie la nuque, on hésite, on parle sans témoin pour dire que malgré les millions d’adeptes de cette religion, le nombre est-il en soi un argument de validité, malgré la force de son histoire, et les différentes faces de ses théories à travers le temps, on n’est pas convaincu qu’il s’agisse tout à fait d'une seule et unique forme d’"islamophobie", que le terme de " phobie " demande à être soigneusement utilisé pour continuer à signifier ce qu'il veut dire et que les mots, là encore ont toute leur importance quand on en vient d’abord à vouloir constater les faits de ses pratiques d’exercice du pouvoir contemporaines. Et dans ces faits, on n’a pas besoin de tourner autour du monstre, de risquer des amalgames fâcheux pour s’alarmer des modes d’exercices conjoints du pouvoir religieux et politique par les manifestations d’un Islam figé, se référant à des théories et des modes d’application de la loi coranique parmi les plus rétrogrades de son histoire. Comment observer sans les refuser dans le principe au titre des valeurs qui sont les nôtres, au titre également d'une certaine idée de la raison, qui demeure l'élément le plus essentiel de toute gouvernance, les cumuls d’organisation et de contrôle du social que cette religion pratique et autorise comme responsable de l'application d'une règle collective morale et religieuse et qui amène des pays entiers à rester en hibernation, au prix faramineux de la disparition et de la persécution de leurs élites intellectuelles et artistiques, au prix faramineux de la créativité de leur jeunesse, au prix du maintien de la moitié de sa population dans l’ombre pour la protéger comme une faible d’esprit contre la souillure du désir, quelque forme puisse-t-il prendre, au prix de l’enfermement pour apostasie de toute marque de rébellion, puisque toute prise de position opposée au régime en place est condamnable comme trahison de la parole de dieu même.
Il ne s’agit pas de douter de la fonction cathartique de ce cadre religieux ni de ne pas lui reconnaître sa place, seulement à travers les extrémismes et les immobilismes insupportables qu’il affiche, dérives, peut-être, forme ultime d’un rapport immuable et mortifère avec une prétendue loi divine applicable à merci comme unique référence à la réalité humaine. Il s’agit de dire que les mythes d’un paradis dont l’accès légitime toute mesure de répression et toute légitimité des actions sur terre sont une absurdité manipulatrice et mensongère. Il s’agit de dire que la libération du mélange des exercices entre les pouvoirs politiques et religieux est une des conquêtes de l’Occident et que c’est un des premiers pas vers la force de la liberté individuelle de penser et de croire, le politique et le religieux ne font qu'un dans l'Islam et le privé comme le public sont entièrement sous le contrôle de la loi divine que dans l'idéal le Calife fait respecter, de dire que la lutte pour la libération des femmes et leur prise en compte au titre d’égales indiscutables des hommes est une des conquêtes de l’Occident et qu’elle peut et doit être considérée comme une conquête de l’humain vers sa propre humanité, que le message des Lumières en est une aussi et qu’il a en lui les caractéristiques d’une dimension universelle du droit de chacun(e), que, au-delà des mythes du progrès comme nature de la civilisation, une structure religieuse ou sociale qui immole tout mouvement de pensée dans des rituels et des discours stéréotypés et inamovibles, rendant impossible parce que blasphématoires les recherches de soi sur soi, les hypothèses existentielles, qui sont, l’accepte-t-on ou non, les codes subjectifs de la modernité même dans laquelle le monde entier est entré depuis quelques siècles, même si la forme de réactions au nom de l'inchangé, de l'inchangeable transféré dans l’unique référence à des écrits sacralisés tend à vouloir s’en détacher, comme elle tend à créer ses propres droits islamiques de l’humain dans une volonté de se séparer du mouvement de l’histoire et de surtout pouvoir rêver de l’abolir.
Il n’est en jeu ici aucune "phobie" mais des convictions ou mieux des valeurs. Cette position serait la même à l’égard de n’importe quel cadre religieux ou idéologique qui s’autoriserait, pour des causes qu’il générerait lui-même, des droits de légiférer toutes les existences au prix de leur mise au silence et de la culture de leurs peurs de la mort, de la répression sauvage ou du changement. Elle serait la même à l’égard de tout mouvement se prévalant du culte d’un quelconque "Être suprême" qui, à nos yeux, est justement ce dont il faut à tout prix se débarrasser pour advenir dans nos contradictions et nos faiblesses, dans nos forces d’entendement et dans les voies vers nous-mêmes
Alors, pourquoi devrait-on, sous peine d’être défini comme perdu dans une forme de conservatisme frileux et d’errance intellectuelle, sacrifier au rituel d’une idéologie du bien qui s’abreuve sans pondération ni auto-critique à toutes les causes de l’altérité quand on est construit jusque dans sa substance même de valeurs et que les luttes pour ces valeurs sont, tout simplement, insacrifiables ? Alors pourquoi devrait-on souscrire au silence quand on pense en particulier aux statut des femmes dans l’Islam comme il est défini aujourd’hui majoritairement, sachant que le fait qu’elles l’acceptent ou non comme une marque d'excellence de leur foi n’est pas la question, mais que la question est leur impossibilité à pouvoir dire non à cette foi et à ce statut si elles le désirent, sans risquer la mort, quand on pense aux règles quasi omniprésentes du patriarcat les plus rétrogrades, considérant la fille comme devant être vendue, comme ne pouvant suivre des études, dans certains pays, comme devant être excisée, la présence de la légitimité religieuse ayant récupéré tout ce qui semblait convenir aux systèmes de pouvoir en place des pratiques antérieures en permettant absolument tout ce qui peut et doit s’opérer en son nom, quand on pense aux conditions faites à l’opposition politique dans la plupart des pays à gouvernements islamistes, à celles faites aux homosexuel.les, on n'a pas l'envie de brandir une nouvelle cause du bien parmi celles défendues par la gaucherie occidentale, parce que ce rapport infantile à un pouvoir divin imaginaire tout-puissant mis en oeuvre par des élites religieuses elles aussi toutes-puissantes et tout aussi corrompues que leur équivalents séculiers occidentaux, il est aussi ce contre quoi on lutte. La différence et le respect pourquoi pas, mais comment la tolérance se peut-elle souscrire à ce qui est tout bonnement du simple point de vue des droits humains, inadmissible ? 06.16 EG

Ce qui ne nous tue pas ... N°2