Ici, les bêtes sont partout et tellement bruyantes qu'il faut un peu de recul, un oeu de retrait pour retourner vers l'été continental. Et pour immédiatement sentir l'appel des hirondelles qui sont cet été. Les enfants savent voir. Les enfants savaient voir. Quand il n'y avait entre eux et le ciel que le lourd temps des journées presque vides, les ryhtmes ralentis des heures scandées par les seules rêvasseries des petites filles, toujours un eu médusées, perplexes, attentives.
Les hirondelles étaient dans l'air pour border ces rêvasseries-là. Un bec tendu entre le ciel grand ouvert et les tongs dans la poussière.Les longues pensées un peu tordues. Les branches. leur cri. Leur vol. Leur vol. Leur cri. La chaude emprunte des jours trop longs et le silence derrière. Le silence des adultes enfin absents, toujours surmenés. Les hirondelles et la volonté de ne jamais vraiment devenir autre chose que l'attention portée à leur vol. Et là, tout à coup, dans cet exil si loin, j'entends le vide qu'elles laissent. le trou plongeant à même l'enfance. L'idée que ceux qui ne connaîtront jamais cette brusque osmose, cette présence absolue, ces enfants qui n'auront pas leur minute de silence pour voir au-delà des routes, là-haut, au-delà des lourdes enjamabées du monde adulte au ventre toujours gonflé ignoreront pourquoi, en revenant vers ces étés-là, je sens au fond de notre échec sans recours, ma gorge sa serrer une fois de plus sous l'impuissance. L'énormité sans nom de la faute. Et puis partageant malgré moi les tares de mon espèce, je pleure. EG
Destruction de la nature. Un crme contre l'humanité. Disparition des hirondelles. Eline Rousseau Ecrivaine naturaliste. Philippe J. Dubos Ecologue