Les plages de Martinique sont supposées représenter la quintescence du "Paradis" sur terre.
Dans une certaine mesure on comprend pourquoi quand le flot de sensations se renouvelle à chaque baignade et que les changements de luminosité donnent une opportunité pour sonder en soi la souplesse des humeurs contemplatives.
Alors bien sûr, face à ce spectacle polymorphe sans cesse changeant, on se demande ce qu'il pourrait en être, du paradis, sachant que, dans ce travail de dénuement où la quête pas forcément consciente est celle d'une forme d'osmose entre les infinies variations de la nature, entre sa richesse proliférante et les aptitudes du regard à lui rendre grâce, le seul obstacle, c'est l'homme et le bruit qui l'accompagne où qu'il soit.
L'iconographie du Paradis des religions monothéistes rassemble, en une foule approvisionnée régulièrement, de la bête humaine à foison, comme si seule sa présence sur terre devait se retrouver légitimée dans l'au-delà, tous ensemble et enfin tous ensemble en paix, sans conflits, dans un amour partagé insondable et un état de béatitude sans accroc.
Quitter ce monde les pieds devant doit donc se voir sanctionner par une obligation de cohabitation avec vos concitoyens, et ce pour l'éternité. Même hissés au rang de saints, celà mérite réflexion tout de même.
Je ne crois pas que mon souhait le plus cher serait de me retrouver coincée pour toujours aux côtés de perfections que je n'aurais pas choisies d'une part, et surtout je trouve que si un paradis pouvait dans l'absolu me convenir, il serait une forme d'ouverture à des domaines secrets, à des savoirs mystérieux qui sont ceux des formes infinies de l'être, pas de l'être humain, qu'on connait tout de même de fond en comble.
Je ne crois pas que mon souhait le plus cher serait de me retrouver coincée pour toujours aux côtés de perfections que je n'aurais pas choisies d'une part, et surtout je trouve que si un paradis pouvait dans l'absolu me convenir, il serait une forme d'ouverture à des domaines secrets, à des savoirs mystérieux qui sont ceux des formes infinies de l'être, pas de l'être humain, qu'on connait tout de même de fond en comble.
Un paradis où le passage se ferait par les racines d'un arbre, par les plumes humides d'un oiseau, par les coquillages usés par le ressac, enfin par tout ce qui n'est pas ou plus de l'espèce humaine, et où, enfin débarrassés de ses cacophonies qui doivent créer autour de la planète un halo de brouhaha couvrant tout autre son possible, on pourrait quitter la nécessité des mots et de leur cohorte acoustique pour entrer dans le silence magnétique de tout ce qui ne parle pas.
Où le corps, enfin soumis à son unique capacité perceptive serait en état d'apprentissage constant de tous les sens dont il est pourvu et qu'il gâche à des besognes infâmes.EG