Au hasard des nécessités, je viens de découvrir que mon écran de télévision, acheté il y a environ dix ans et qui à l'époque me semblait presque d'une grandeur obscène est devenu obsolète. Il faut de l'immense, des personnages qui font deux fois votre taille et des couleurs qui crissent entre les dents, quelque chose dont on ne puisse pas se détacher mais auquel on ne puisse pas non plus s'adapter. Une taille d'image sans aucun compromis possible, qui a fini par prendre tout l'espace, physique, auditif, visuel, et dont on imagine mal la présence dans un appartement lambda autrement que sur un mode disciplinaire. L'idée d'enfants en bas âge acculés à se faire engloutir dans de telles visions laisse nauséeux. Il semble que les autres articles de l'audio visuel n'aient pas suivi cette pente du mégapied et que l'énormité n'ait eu qu'à suivre une route déjà tracée pour se frayer son chemin dans le marécage de nos désirs exponentiels condamnés à rester sans cesse recréés et tout autant inassouvis. Je suis repartie avec un réfrigérateur que j'ai trouvé hors de prix, mais pas d'autre choix, commotionnée par le nombre d'écrans me racontant tout de ce que je dois savoir, à coup de marteau sur le sensible, qui, ont le sait veut dire "raisonnable " en Anglais.EG