Un idéal Moindre mal.
Nous sommes condamnés au "moindre mal" comme condition d'aménagement de notre singularité au réel. Mais pas du tout organisés pour ne pas le considérer comme une source de frustration permanente.
On est faits pour de l'entier, du complet, de l'idéal bien ficelé qui vienne nous envelopper, envelopper la possible fuite des représentions qui nous tiennent unifiés et nous protéger contre les risques de l'émiettement. On est faits pour croire que nos choix sont des choix entre deux possibilités, pas entre ce que ces deux possibilités ne nous octroieront pas quoi qu'il advienne. Il y a dans ce long et difficile apprentissage du reste, c'est à dire de ce qui peut être envisagé comme étant simplement le "moins pire" , l'avancée vers l'idée de la perte comme unique référence à la sagesse, l'éradication des enthousiasmes et des passions totalisantes. Il s'agit de créer l'anticipation de ce qui nous manquera le plus, et donc le moins dans cette décision faite "en connaissance de cause". La connaissance étant ici, la capacité à définir nos limites et nos lâchetés, nos répétitions incontournables et nos capacités d'intégration des expériences, et de mesurer cette liste intime à la liste des éventualités de la situation à choisir ou à rejeter, non en ce qu'elle offre de bénéfices, mais en ce qu'elle offre de bénéfices secondaires, c'est à dire en ce qu'elle amènera inévitablement à rejouer de notre dynamique propre.
Ce qui nous excite, c'est la nouveauté, c'est elle qui brille de tous les feux des possibles, qui semble au loin, bien lisse et bien exaltante, parée du "enfin" du désir qui sans répit pousse et tire vers la suite mais la nouveauté, ce que donc je crois devoir ou pouvoir choisir de ma prise sur le futur a comme immédiat corrélat les tensions et incompatibilités que sa progressive familiarité génèrera inévitablement. Cela s'appelle, entre autres, le temps. La part sans négociation possible du temps dans sa réalité pratique, dans son expérimentation. Cette réalité est celle des "moins que", "pas tout" et c'est dans cette niche à la fois trop familière et à redécouvrir à chaque fois que se situe l'expérience, dans la constitution d'un savoir rejoué mais à même de pouvoir considérer les éléments qui s'échappent du tout, les moindre maux comme unique valeur à prendre en compte pour évaluer la dimension "possible", le lieu sans nostalgie à venir nécessaire donc, sans amertume évidemment non plus, devenant "vivable" ou "supportable", avec l'élimination de toute idéaliséation qui l'accompagnera inéluctablement, de tout nouveau choix. EG
On est faits pour de l'entier, du complet, de l'idéal bien ficelé qui vienne nous envelopper, envelopper la possible fuite des représentions qui nous tiennent unifiés et nous protéger contre les risques de l'émiettement. On est faits pour croire que nos choix sont des choix entre deux possibilités, pas entre ce que ces deux possibilités ne nous octroieront pas quoi qu'il advienne. Il y a dans ce long et difficile apprentissage du reste, c'est à dire de ce qui peut être envisagé comme étant simplement le "moins pire" , l'avancée vers l'idée de la perte comme unique référence à la sagesse, l'éradication des enthousiasmes et des passions totalisantes. Il s'agit de créer l'anticipation de ce qui nous manquera le plus, et donc le moins dans cette décision faite "en connaissance de cause". La connaissance étant ici, la capacité à définir nos limites et nos lâchetés, nos répétitions incontournables et nos capacités d'intégration des expériences, et de mesurer cette liste intime à la liste des éventualités de la situation à choisir ou à rejeter, non en ce qu'elle offre de bénéfices, mais en ce qu'elle offre de bénéfices secondaires, c'est à dire en ce qu'elle amènera inévitablement à rejouer de notre dynamique propre.
Ce qui nous excite, c'est la nouveauté, c'est elle qui brille de tous les feux des possibles, qui semble au loin, bien lisse et bien exaltante, parée du "enfin" du désir qui sans répit pousse et tire vers la suite mais la nouveauté, ce que donc je crois devoir ou pouvoir choisir de ma prise sur le futur a comme immédiat corrélat les tensions et incompatibilités que sa progressive familiarité génèrera inévitablement. Cela s'appelle, entre autres, le temps. La part sans négociation possible du temps dans sa réalité pratique, dans son expérimentation. Cette réalité est celle des "moins que", "pas tout" et c'est dans cette niche à la fois trop familière et à redécouvrir à chaque fois que se situe l'expérience, dans la constitution d'un savoir rejoué mais à même de pouvoir considérer les éléments qui s'échappent du tout, les moindre maux comme unique valeur à prendre en compte pour évaluer la dimension "possible", le lieu sans nostalgie à venir nécessaire donc, sans amertume évidemment non plus, devenant "vivable" ou "supportable", avec l'élimination de toute idéaliséation qui l'accompagnera inéluctablement, de tout nouveau choix. EG