Dans la suite de la réflexion de l'article précédent : And, artificial intelligence will become infused in all kinds of products, allowing gadgets and services to subtly begin to anticipate our wants. (Fast company)
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Le spectacle offert par ce robot cuisinier et les finalités de son intervention sont présentés comme " allant de soi ", le technoscientisme n'a pas l'esprit théologique. Un point qui s'obstine à demeurer hors-champs est celui du type d'implication des individus-consommateurs dans cette "évolution" de leur mode de vie. Sachant que tout "progrès" technologique est quasiment imposé comme une forme de greffe supposée optimisante sur leur temps, leurs occupations, leurs désirs d'une part, et que, grosso modo, il répond à la question du faire et de son savoir qui se trouvent ainsi relégués dans le domaine des contraintes d'un travail qui devrait, grâce au progrès, céder sa place à du "loisir ". Du "temps libre " pour faire "autre chose".
Il serait intéressant de relier l'oisiveté, conçue historiquement, en particulier en France*, comme pratique du temps et devoir élitistes où rien, à part le relationnel et ses méandres attachés au rapport de séduction et de cooptation endogènes, vacuité d'un savoir-vivre exclusif dont les codes et les protocoles ne sont transmis et partagés que par les détenteurs du pouvoir mais qui ne génère, en tant que règle fondamentale, aucun savoir-faire pratique ou intellectuel divulgables ou transmissibles, et ces signes d'un mouvement de supplémentations robotiques s'appliquant à tous les aspects de la vie, jusqu'aux pratiques sexuelles, qui visent elles aussi la conquête d'une maîtrise du temps en en ôtant des pans entiers supposés consacrés au labeur pour les transformer en plage vide d'une "liberté" aménageable à merci.
Le spectacle offert par ce robot cuisinier et les finalités de son intervention sont présentés comme " allant de soi ", le technoscientisme n'a pas l'esprit théologique. Un point qui s'obstine à demeurer hors-champs est celui du type d'implication des individus-consommateurs dans cette "évolution" de leur mode de vie. Sachant que tout "progrès" technologique est quasiment imposé comme une forme de greffe supposée optimisante sur leur temps, leurs occupations, leurs désirs d'une part, et que, grosso modo, il répond à la question du faire et de son savoir qui se trouvent ainsi relégués dans le domaine des contraintes d'un travail qui devrait, grâce au progrès, céder sa place à du "loisir ". Du "temps libre " pour faire "autre chose".
Il serait intéressant de relier l'oisiveté, conçue historiquement, en particulier en France*, comme pratique du temps et devoir élitistes où rien, à part le relationnel et ses méandres attachés au rapport de séduction et de cooptation endogènes, vacuité d'un savoir-vivre exclusif dont les codes et les protocoles ne sont transmis et partagés que par les détenteurs du pouvoir mais qui ne génère, en tant que règle fondamentale, aucun savoir-faire pratique ou intellectuel divulgables ou transmissibles, et ces signes d'un mouvement de supplémentations robotiques s'appliquant à tous les aspects de la vie, jusqu'aux pratiques sexuelles, qui visent elles aussi la conquête d'une maîtrise du temps en en ôtant des pans entiers supposés consacrés au labeur pour les transformer en plage vide d'une "liberté" aménageable à merci.
Dans une telle perspective du travail tabou pour définir son appartenance au groupe social dominant, ces serviteurs robotiques peuvent venir régler les contentieux encore mal cicatrisés entre les possesseurs d'esclaves, ou de serfs, ou de serviteurs et ces mêmes figures supposées maintenant affranchies mais qui étaient définies et se définissaient dans leur seul rapport à la production et au travail qui l'accompagne. C'est sous forme d'un concours de circonstances d'investissement, technologiques et entrepreneuriales, que s'introduit chaque nouvel "outil", qui, comme tout nouvel apport de la Techné, à la fois impose, modèle et désigne de nouveaux liens intrapsychiques et intrasociaux dans la vie des Sujets et que se présente chaque nouveau "gadget" : terme dont la connotation négative, au passage, a été reléguée avec le terme lui-même en toute discrétion pour céder la place à un mutisme global sur la question de l'utilitaire et de l'intérêt de leur usage pour le désigné "usager", des nouveaux produits mis sur le marché, terme dont on doit aussi noter la soudaine disparition presque simultanée à la révolution néoconcervatrice, à sa vision du marché sans frein et à la poussée brutale de fièvre scientiste qui l'a accompagnée.
Sa durabilité et la place que prendra le nouveau venu dans les pratiques et les représentations des besoins se doit d'imposer ce qui est éliminé ou modifié tout en trouvant des résonnances dans les représentations collectives antérieures et les traces d'un passé actif dans la mémoire culturelle qui ressurgissent par leur côtoiement et leur usage. C'est aussi, à bas bruit, à chaque fois une pièce d'identité qui s'efface ou s'engloutit quand ce nouveau collaborateur de vie s'impose à l'Homo Faber, qui y perd ses compétences et ces savoir-faire qui le qualifiaient, pour leur substituer du temps pour le "fun". L'exemple récent des jets de pierre sur les véhicules sans conducteur laisse à penser que tout esclavagiste potentiel garde aussi au fond de lui la certitude qu'à part le sens que donnent à sa présence au monde les connaissances pratiques ou théoriques qu'il maîtrise et leur capacité à modifier son environnement en rendant visible son interaction avec le Réel, la condamnation au loisir est aussi sa propre condamnation par la servitude à l'ignorance qu'elle implique.EG.
Sa durabilité et la place que prendra le nouveau venu dans les pratiques et les représentations des besoins se doit d'imposer ce qui est éliminé ou modifié tout en trouvant des résonnances dans les représentations collectives antérieures et les traces d'un passé actif dans la mémoire culturelle qui ressurgissent par leur côtoiement et leur usage. C'est aussi, à bas bruit, à chaque fois une pièce d'identité qui s'efface ou s'engloutit quand ce nouveau collaborateur de vie s'impose à l'Homo Faber, qui y perd ses compétences et ces savoir-faire qui le qualifiaient, pour leur substituer du temps pour le "fun". L'exemple récent des jets de pierre sur les véhicules sans conducteur laisse à penser que tout esclavagiste potentiel garde aussi au fond de lui la certitude qu'à part le sens que donnent à sa présence au monde les connaissances pratiques ou théoriques qu'il maîtrise et leur capacité à modifier son environnement en rendant visible son interaction avec le Réel, la condamnation au loisir est aussi sa propre condamnation par la servitude à l'ignorance qu'elle implique.EG.
*Jean Rohou : Le XVIIième siècle, une révolution de la condition humaine. Ed. Seuil Mars 2002