2.06.2019

Etiologie de la macronite

Dès qu'une attitude ou un phénomène s'avèrent inscrits dans la répétition, cela vaut la peine de tenter d'aller y regarder de plus près. La "dernière" de M, c'est la proposition de taxer la plus-value des résidences principales, on ne va pas lui expliquer en ces temps assez houleux pour sa carrière politique, que c'est le moyen rêvé de rallier aux contestataires échauffés une frange assez stable et calme politiquement de la population, celle-là même où il est censé trouver son électorat, on ne va rien lui expliquer parce que c'est à un autre champs que celui d'un "débat " que nous avons affaire, c'est à dire que ce qui est susceptible d'être questionné, face à cette obstinée faculté à ne faire que ce qui est, d'abord pourrions-nous dire, complètement impopulaire et à ne pouvoir prendre en compte aucun des avis, ou des enseignements de l'expérience politique donnés pourtant à pleines gorges, c'est le lieu d'où il parle ou du moins se croit légitimé de parler. 
M. est une incarnation. Celle de la dimension religieuse du néolibéralisme. Et il en est plus que convaincu, il en est pénétré, ayant été choisi, élu, par ce système et élevé au rang de fils de dieu, il est celui qui peut ne "dire qu'une parole", et l'aéropage qui a financé, organisé son règne lui a octroyé, avec cette promotion, le pouvoir d'être convaincu, sans l'ombre d'une manipulation ou d'un calcul, que sa parole est la seule possible. Nous, qui le subissons, ne pouvons pas être dans le domaine dialectique de la contestation, car nous sommes enfermés dans celui de sa foi. M. croit. Le pathos sous-jacent est celui qu'il partage avec la plupart des hommes promus au ciel des dictatures, celui de Mao certain de TOUT savoir sur son pays, jusqu'à exterminer par son seul ordre des milliards d'oiseaux accusés de détruire les récoltes, avec les conséquences que l'on peut imaginer. M. lui aussi SAIT. pour tous, pour chacun, et manifeste avec une obstination qui peut passer pour une forme d'incohérence logique, cette certitude en ne s'adressant à ceux qu'il ne représente pas mais sauve, dans un patois politique infantilisant. Ce n'est pas la démagogie qui habite sa parole, c'est l'évangélisme. Il doit persuader, il doit libéraliser comme d'autres ont christianisé. Les choix et décisions qu'il prend ne sont pas des mesures économiques, ce sont les outils pour mener à bien une croisade et le poids de ses mots, vecteurs sacrés de cette croisade, est la seule chose qui, justement, pèse dans ce qu'il déclare et décide. C'est un bréviaire, une parole missionnaire mais qui n'a et ne peut avoir aucune accroche avec le sol du réel puisqu'elle vient des hauteurs sanctifiées de l'idéologie. Son but salvateur ne peut s'encombrer de réserves, de doutes, de contradictions ni même de la simple évaluation des conséquences de ses décisions ou de leur mise en rapport avec leur équivalent dans d'autres lieux ou circonstances. Une religion a un dogme, elle n'a pas besoin d'outils d'analyse. Elle sait et organise sa pensée autour de ce dogme, elle n'a pas à prendre en compte la réalité et son principe parce qu'elle n'en a pas besoin. Ces bouffées de chaleur qui habitèrent le début de son mandat sont celles de sa vocation. Il ne pourra jamais ouvrir dans cet édifice de l'incarnation aucune brèche, dusse-t-il en mourir, parce qu'il parle d'un autre lieu. On peut faire l'hypothèse que seule son épouse a un réel pouvoir sur lui, dans le cadre de ce qu'il a été élu pour incarner, nul autre que ses pères tout-puissants ne peuvent intervenir et il n'entendra jamais que la voix qu'ils lui ont délégués. EG

Petite politique