3.31.2019

Le besoin d'idolâtrie nous étouffe

Ai écouté attentivement un compte-rendu vidéo fait par Juan Branco sur la situation. Il y passe plus de temps à disséquer son attitude lors de l'émission de H. où il était invité avec "Maxime", les réactions d'un tel et d'un tel, les contacts pris après, avant, et à encenser ce même" Maxime" tout en signifiant très clairement son cursus et sa situation, et l'étonnement que le décalage de leur histoire génère, qu'à analyser ou élaborer l'ESPRIT du mouvement. C'est à dire que, dans ce recours oh combien classique au discours de la médiatisation et son passage obligé par le vedettariat, il s'adonne, sans vraiment le savoir, à tout ce que, justement, si il en existe un, l'esprit des Gilets jaunes rejette, le passage obligé par une validation médiatique pour devoir être reconnu, d'une part, et ensuite, la nécessité de faire croire qu'il faut à ce mouvement, éventuellement, des représentants, au nom de qui et de quoi les divers médiatisés de ce mouvement parleraient-ils donc ? Le temps et l'énergie consacrés à des histoires de personnes dans son intervention est parfaitement en harmonie avec la causette lavomatique qui occupe les médias et prend la place de toute analyse, les passions, les amours et les haines, bref tout ce qui réduit le politique à une querelle de clocher et lui fait perdre toute valeur transcendante. Il était quasi évident que le vedettariat, l'idole et le martyr allaient faire des leurs dans les esprits et sur les écrans, après tout qu'offrent les commentateurs assignés d'autre que des émotions au mètre et des outils de dévotion et de sacrifice aux foules, mais il est décevant que ceux qui ont le recul et la culture suffisantes pour prendre leur distance à l'égard du nivellement émotionnel offert par les pourvoyeurs de vies déléguées tombent dans le panneau, certes si massif qu'il faudrait une mise à plat de fond pour pouvoir l'éviter. Après tout, qui oblige ce mêmes individus à accepter ces invitations, surtout chez les thuriférères les plus vendus des chaînes gouvernementales quand le plus gros du mouvement se guide contre leur force et leur pouvoir eux-mêmes à travers les médias sociaux et y passent ses informations tout à fait efficacement et postulant qu'il ne peut être capable par son énergie même de contrer intelligemment ce besoin collectif à la fois viscéral et complètement imposé et manipulé historiquement de chefs et de divinités en tout genre. Une des qualités exceptionnelles de ce mouvement est justement son absence de tête, ce qui ne lui ôte pas l'esprit, c'est aussi le fait qu'il échappe à toute prédication, qu'il est auto-créatif autrement dit. Lui assigner des prêtres l'honorant dans la chapelle médiatique, c'est le limiter et limiter sa propre créativité à leurs discours et à leurs choix, plus ou moins travaillés en amont, plus ou moins explicites, mais qui se ferment sur leur parole à l'écran. Erreur. L'idéologie qui alors se dessine à travers eux réduit le champ de pensée du mouvement lui-même et sur lui-même, l'appauvrit en lui donnant, plutôt qu'une dynamique politique, un discours stéréotypé revendicatif, somme toute assez pauvre. Ce serait rater une opportunité majeure de repenser le fond de l'aventure démocratique et le nettoyage moral qu'elle nécessite urgemment contre les exactions sans fin du néolibéralisme que ce régime incarne si parfaitement, que de sacrifier à ce qui semble des évidences de communication, quand ce ne sont que des effets de manche de ce même système EG

Ce qui ne nous tue pas ... N°2