13/08/20
04/08/2019
Un des points de tension présents à la publication de cette traduction, étant donnée l'appartenance politique de son auteure Jane Robbins, est induit par la construction idéologique active depuis sa mise au jour, d'une "gauche" en Occident, quelle que soit sa forme d'expression historique, qui serait détentrice, et elle seule, d'un discours et de valeurs dits "progressifs".
Il n'est pas raisonnable de
mélanger les parcours historiques politiques des USA avec ceux des différents
pays européens... quoique. Quoique les nouvelles données de ce qui n'est plus
du pouvoir législatif et exécutif octroyé par la représentativité électorale
sur la base d'un programme mais de la "gouvernance" imposée comme
"gestion" de la chose collective soient dorénavant le modus operandi
de tout l'Occident.
Les effets secondaires de cette forme de désinvestissement du politique sont nombreux et la levée totalitaire des particularismes et le déploiement de l'esprit victimaire de l'individu-citoyen comme nouveau rapport à ce politique en sont des traces qui mériteraient d'être observées non dans un contexte d'évolution des mentalités mais dans celui d'une contre-révolution morale globale.
Il va de soi que ce qui s'est démultiplié comme terrains de revendications individuelles et communautaires du droit d'exister "en soi" sans s'inscrire dans une vision sociétale collective peut se voir désigner comme la marque de mouvements de "gauche".
On peut à cet égard noter que dans l'usage de la terminologie de campagne pour les présidentielles américaines, les clivages habituels " Démocrates" , "Républicains" ont fait place à "Left " et "Right" , termes assez peu utilisés dans le paysage sémantique politique traditionnel et que les BLM se revendiquent ou se voient attribuer l'étiquette de "Marxistes" "Trained Marxists " ce qui, quelle que soit l'inappropriation d'un tel terme les concernant, donne à voir l'urgence, même si elle n'est pas dite comme telle, d'un retour à des postures politiques extraites de la problématique des partis et en quête d'une vision plus idéologique du devenir sociétal.
Complètement occulté par l'aspect spectaculaire des luttes à tendance "naturaliste", se pose le besoin d'une nouvelle posture de "gauche" qui puisse permettre l'expression des critiques fondées du système capitaliste sans devoir s'auto-étrangler avec les cordes des puritanismes trans-sectionnels de tous ordres.
Il est assez troublant de constater qu'aucun des groupuscules dits "minoritaires" ou qu'aucune des réformes touchant ce qui est du ressort d'une éthique prise dans son contexte historique des valeurs fondamentales liant l'individu à son espèce, à la place de la vie et de la mort et à son identité sexuée, n'ont été d'une manière ou d'une autre soumis à la CRITIQUE de ce qui est encore qualifié de pensée de "gauche".
Comme si tout positionnement sur des choix non pas politiques mais libéro-moraux supposés accompagner le "progrès" inévitable et recherché comme fin en soi devait être validé par principe si l'appartenance à cette "gauche" fantôme était impliquée.
Il en va donc d'une quête difficile, sans répit pour se maintenir aux côtés des valeurs fondamentales en osant ne pas souscrire aux matraquages de la pensée éclairée tout en acceptant de remuer les références à ces mêmes valeurs de gauche dans leur contexte.
Il s'agit pour chacun d'une avancée sans boussole, sur un territoire fortement miné à chaque virage dans cette inévitable confusion qui amène comme une évidence le devoir de promouvoir et d'adhérer sans aucun espace critique à des discours progressistes, non pas pour leur bien fondé ou en fonction de leurs implications à terme mais parce que leur revendication d'identification à ce même "progressisme" suffit à placer correctement leur émetteur à titre personnel sur l'arc politique, c'est à dire dans ce qui est désigné par ces mêmes progressistes comme le "sens de l'histoire" et hors des atteintes d'une pensée dont le contenu n'est jamais évoqué mais qui est désignée sans être même émise comme radicalement, simplement , « démodée » . EG
Les effets secondaires de cette forme de désinvestissement du politique sont nombreux et la levée totalitaire des particularismes et le déploiement de l'esprit victimaire de l'individu-citoyen comme nouveau rapport à ce politique en sont des traces qui mériteraient d'être observées non dans un contexte d'évolution des mentalités mais dans celui d'une contre-révolution morale globale.
Il va de soi que ce qui s'est démultiplié comme terrains de revendications individuelles et communautaires du droit d'exister "en soi" sans s'inscrire dans une vision sociétale collective peut se voir désigner comme la marque de mouvements de "gauche".
On peut à cet égard noter que dans l'usage de la terminologie de campagne pour les présidentielles américaines, les clivages habituels " Démocrates" , "Républicains" ont fait place à "Left " et "Right" , termes assez peu utilisés dans le paysage sémantique politique traditionnel et que les BLM se revendiquent ou se voient attribuer l'étiquette de "Marxistes" "Trained Marxists " ce qui, quelle que soit l'inappropriation d'un tel terme les concernant, donne à voir l'urgence, même si elle n'est pas dite comme telle, d'un retour à des postures politiques extraites de la problématique des partis et en quête d'une vision plus idéologique du devenir sociétal.
Complètement occulté par l'aspect spectaculaire des luttes à tendance "naturaliste", se pose le besoin d'une nouvelle posture de "gauche" qui puisse permettre l'expression des critiques fondées du système capitaliste sans devoir s'auto-étrangler avec les cordes des puritanismes trans-sectionnels de tous ordres.
Il est assez troublant de constater qu'aucun des groupuscules dits "minoritaires" ou qu'aucune des réformes touchant ce qui est du ressort d'une éthique prise dans son contexte historique des valeurs fondamentales liant l'individu à son espèce, à la place de la vie et de la mort et à son identité sexuée, n'ont été d'une manière ou d'une autre soumis à la CRITIQUE de ce qui est encore qualifié de pensée de "gauche".
Comme si tout positionnement sur des choix non pas politiques mais libéro-moraux supposés accompagner le "progrès" inévitable et recherché comme fin en soi devait être validé par principe si l'appartenance à cette "gauche" fantôme était impliquée.
Il en va donc d'une quête difficile, sans répit pour se maintenir aux côtés des valeurs fondamentales en osant ne pas souscrire aux matraquages de la pensée éclairée tout en acceptant de remuer les références à ces mêmes valeurs de gauche dans leur contexte.
Il s'agit pour chacun d'une avancée sans boussole, sur un territoire fortement miné à chaque virage dans cette inévitable confusion qui amène comme une évidence le devoir de promouvoir et d'adhérer sans aucun espace critique à des discours progressistes, non pas pour leur bien fondé ou en fonction de leurs implications à terme mais parce que leur revendication d'identification à ce même "progressisme" suffit à placer correctement leur émetteur à titre personnel sur l'arc politique, c'est à dire dans ce qui est désigné par ces mêmes progressistes comme le "sens de l'histoire" et hors des atteintes d'une pensée dont le contenu n'est jamais évoqué mais qui est désignée sans être même émise comme radicalement, simplement , « démodée » . EG
04/08/2019
Un des points de tension présents à la publication de cette traduction, étant donnée l'appartenance politique de son auteure Jane Robbins, est induit par la construction idéologique active depuis sa mise au jour, d'une "gauche" en Occident, quelle que soit sa forme d'expression historique, qui serait détentrice, et elle seule, d'un discours et de valeurs dits "progressifs".
Oeuvrant d'une façon
sous-jacente à toute position à adopter voire à défendre et sous la forme de la
dévotion incontestée au "changement", il s'agit d'une des formes
insidieuses de la pensance normée dite "de gauche", débarrassée
presque entièrement du Marxisme et de ses errements communistes et que les
Américains nommeront "libérale" se manifestant entre autres par
l'occultation de toute interrogation sur la nature de ce que le concept de
"progrès" véhicule, sur la réalité de sa légitimité et de son
bien-fondé ainsi que sur celle de son association systématique postulée avec
l'idée d'une conquête de plus en plus affirmée de la liberté
individuelle. Il est attribué de fait et sans examen dialectique une
sorte d'aura positive à tout "changement", tout remaniement des idées
à la seule condition qu'elles s'affirment "nouvelles",
"innovantes" comme sont impérativement décrites toutes
démarches dans quelque secteur de production que ce soit, sans d'ailleurs
que soient jamais non plus questionnées les caractéristiques spécifiques de ce
qui est attendu de cette "nouveauté", de ces
"innovations" en soi, ces termes étant autojustificatifs et ne
demandant donc pas de développement, supposés porteurs par leur seul usage de
ce qui est attendu, avec une implication de supplément, d'amélioration prises
comme finalité qu'elle touche les pratiques privées ou les régles de
fonctionnement social.
Cette forme de sectarisme
doctrinal revendiqué et faisant partie comme une évidence incontestée de
l'imagerie collective et militante rend une réflexion critique des processus et
des attitudes liées à ces mêmes "changements" extrêmement délicate,
au sens où l'expression d'une posture, même argumentée, qui contreviendrait,
comme dans cette traduction, aux dogmes véhiculés par certaines approches
contemporaines se revendiquant activement comme "progressistes" voire
"révolutionnaires" et sont souvent soutenues par du lobbying très
puissant, se veulent également, et dans une sorte d'impunité critique,
modificatrices du rapport de l'humain à lui-même, à son écosystème social, aux
siens, à la construction de sa réalité psychique, ne peut qu'être ségréguée,
ramenée au mythe d'un mouvement vers le meilleur inhérent à la pensée qui
laisserait cette même posture en "arrière", prisonnière
de tabous ou "dépassée" et avec elle, ceux et celles qui contestent
en confinant toute réflexion à ce clivage inamovible "gauche
vs droite" "progressif vs conservateur".
Ce clivage est toujours aussi
actif et quasiment devenu structurel dans la déclinaison de l'identité
politique de chacun, ce malgré les preuves tangibles, affichées dans les faits,
et souvent dans les chairs, de la vacuité de cette classification binaire dans
les mises en place des politiques sociales, dans les choix de politique
intérieure ou internationale et malgré les exemples abondants de complet
mêlement de cette dualité supposée, dans l'expression de ces politiques et
législations mises en actes, accompagnées de part et d'autre de la trahison
récurrente à leurs propres principes.
On peut pourtant, à la condition
d'y être suffisamment sensible et d'être, fût-ce péniblement, ouvert à la
possibilité d'un changement dans la construction de ses propres postures,
constater que les dernières années dans le champ politique et principalement
aux USA, ont été celles d'une sorte de grand chambardement des illusions. Et
dans ces mouvances, l'appartenance quasiment politicogénétique au parti dit
depuis toujours "progressiste" des défendeurs des causes justes
a été, encore une fois à la condition de n'être pas soi-même trop engagé dans
ses certitudes et ses représentations, visiblement mise à mal. Il est évident
que le "saut " pour nommer cette sorte de révolution épistémologique
et politique qui consiste à prendre en compte des éléments de discours et à
questionner leur probité à l'égard d'un projet social à construire, ce quelles
que soient leurs origines partisanes en ne s'attardant que sur leur
plausibilité et sur les liens qu'ils entretiennent avec la raison et le sens
commun, peut sembler difficile voire ressortir à une sorte de remise en cause
drastique des repères politiques individuels. Les faits sont actifs sur
l'entendement à la condition qu'on leur en laisse la possibilité et leur
analyse s'organise dans un mouvement complètement opposé à cette politique
générale de la casse, saturée de réactivité infantile émotionnelle, qui
veut que ce qui est décidé, dit, réglé soit à exclure par principe, non pas à
cause de son contenu lui-même ou de ses effets postulés, mais uniquement parce
qu'il a été produit, on dira fomenté, par "l'adversaire".
Il paraît pourtant de plus en
plus nécessaire de s'octroyer un sérieux temps de réflexion, en premier
lieu sur toute question de fond, c'est à dire touchant une éventuelle
"révolution anthropologique" telle que prônée par certains courants
actuels, et d'interroger non les appartenances partisanes mais les
postures philosophiques et éthiques ponctuellement, pour ainsi dire au cas par
cas, d'autant que ces tendances sont toutes sous-tendues et tendues à la
fois par une même mouvance sociétale difficile à appréhender dans ses enjeux et
ses paramètres, imbriqués qu'ils sont dans le rejet et dans
l'adhésion à l'idéologie néolibérale et aux conséquences extrêmes du
capitalisme et s'offrant comme réponses combinées aux données latentes du
système idéologicopolitique contemporain. Il semble indispensable de
démonter en premier lieu l'habillage des orientations politiques
supposées immuables, même si celles-ci peuvent sembler dans un premier temps
confortables et aisées à solliciter pour s'éviter une implication réflexive
personnelle forcément délicate dans des choix complexes et essentiels dont
aucun préalable historique qui puisse servir d'appui ne semble vraiment
disponible.
Il en va nécessairement d'une
forme de déchirure dans le discours supposé unifiant de l'appartenance à une
collectivité d'orientation supposée, fixé comme apriori lorsqu'il s'agit de
prendre position, au sens d'une forme d'engagement de la personne et de sa
pensée, face à des modifications, fussent-elles purement fantasmatiques,
porteuses de revendication d'une "évolution" mais mettant en même
temps cette "révolution anthropologique" à l'écart de tout débat
sérieux questionnant son origine et sa nature, la plausibilité de ses
théoriciens , "révolution" qui toucherait dans son essence tout ce
qui lie l'humain à lui-même et lui donne, disons, sa consistance. Il
s'agit de faire fi, avec le prix à payer à titre personnel pour cela, du lieu
d'un supposé-savoir sur ces questions qui amnistierait ou créditerait tout
"changement", quels qu'en soient ses étayages
technoscientistes, comme étant à réaliser par principe au nom
d'hypothètiques "droits humains" et à soutenir, là aussi à n'importe
quel prix, à la seule condition qu'il se revendique d'une mélioration postulée
de l'espèce, de sa réalité phylogénétique ou historico-culturelle, autrement
dit, à la condition qu'il soit inscrit au compte du "progrès" ou de
l'"évolution" évoqués plus haut.
Ce démarquage est d'autant plus
difficile que toute dimension de contradiction, toute recherche de clairvoyance
critique ont été englouties dans le magma de la pensée victimaire comme
l'a développé Jean Luc Cacciali qui
constitue le soubassement idéique collectif et individuel de ces mouvements et
que les "objets" de ces "révolutions progressistes" de la
pensée de l'Homme sur l'Homme sont d'emblée décrits, identifiés,
auto-représentés comme "exclus" et souffrant, on pourrait dire
jouissant, quels que soient leur statut ou celui qui leur est assigné, d'une
forme de "persécution" collective postulée quasi structurelle,
omniprésente dans le discours qu'elles portent sur elles-mêmes et qui fait
partie du tableau général offert à observer ou auquel souscrire. Il va de soi
que cette martyrologie et la traînée des procédures pénales et des cas de
jurisprudence qu'elle amène pourraient dans le contexte du trans culte, être
interrogées, c'est une hypothèse, comme une nécessaire projection du sujet
auto-persécuteur, devant sans discontinuer "faire les preuves" dans
le regard de l'autre de son choix abouti et s'entendre sans cesse réaffirmer
son identité jamais acquise par un environnement posé d'emblée, par son
impossibilité à certifier d'une façon définitive cette identité évanescente,
comme hétéro-persécuteur. Cet environnement excluant institué
imaginairement comme acteur-partenaire de la pièce qui se joue et qui à
la fois invaliderait et confirmerait le statut chèrement acquis en remettant en
selle en même temps les instances de la Loi, dans une "position
paranomique" comme la qualifie Alain-Noël Henri dans son entretien avec Oguz
Omay, terme qu'il préfère à celui à connotation morale de
"perversion" et qu'il décrit en ces termes : "c'est une position
qui cherche systématiquement à disqualifier la Loi en la déconstruisant et en
la reconstruisant à sa guise, en la ramenant au statut d'un scénario dont le
sujet s'institue auteur".
Mais la victimisation comme
prérequis entraine surtout, à un niveau plus collectif, puisqu'après tout
chacun et chacune régle à sa façon ses comptes avec son destin sexué, un
ostracisme de tout ce qui vient contredire cette folle quête de
recon-naissance qui cherche désespérément à s'imposer comme Loi et
liquide, au sens de la dilution de son discours, toute possibilité même
d'opposition sous la couverture des politicotypes bien
connus, catégories d'insultes qui pourraient s'adjoindre, pour les paraphraser,
à celles décrites par Philippe Ernotte et Laurence Rosier et ayant rôle
d'argumentaire : en effet, dans le contexte de clivage
"droite-gauche" cité plus haut, "l’insulte ne se contente pas
d’être un mot, elle suppose une configuration discursive et une situation
d’énonciation mettant en jeu différents éléments" et dans ce contexte de
désignation, la "situation discursive" et les "différents
éléments" en présence impliquent une forme de paramètre innégociable pour
l'individu désigné : le fait de réduire qui que se soit à être
"conservateur" ou, pour reprendre une expression chère à tous
les "progressistes" et "woke" nord-américains
"bigots", par exemple, n'a pas à être démontré en s'appuyant sur une
forme de logique ou de présentation d'un choix moral, politique ou
éthique présents dans son discours, ou même à devoir nécessiter simplement
d'être argumenté, les prémisses admises d'emblée impliquant que les
collusions entre le bien-progressiste d'un côté et le mal-réactionnaire de l'autre
sont, une fois pour toutes, acquises.EG