8.24.2019

Pas de répit pour le narcissisme national : Regard critique sur un article de Caitleen Johnstone

Voici donc ci-dessous un court extrait de la vision d'une grande "progressiste", publiant très régulièrement, Caitleen Johnstone, et, entendu par sa voix, la vision que la "culture américaine" a d'elle-même. En quelques mots, elle permet de voir, de mesurer l'absolu décalage structurel entre les USA et "le reste du monde" considéré dans l'imaginaire américain comme susceptible par essence de "devoir être sauvé ". ou de "devoir être aidé". Les bons américains, d'une part, jouets (depuis ce qu'on peut presque qualifier de "des siècles" maintenant) de la propagande des "mauvais " manipulateurs d'opinion, une masse trop bonne en son coeur, trop pleine de bonne volonté pour avoir les moyens de résister intellectuellement et émotionnellement aux mensonges érigés en règle politique. Donc, la base innocente, pure et ses démons, instillant " the most sophisticated propaganda in the world " car bien sûr, même dans le domaine de la propagande, les USA portent aussi le flambeau. On hésite tout de même devant le peu de recul, de distance, d'esprit d'analyse révélés par de telles conceptions de ce qui est "sophistiqué" quand on remet dans le contexte de la mémoire ce que Colin Powell a cru bon d'exhiber au large public sans sourciller pour "prouver" la détention par Hussein d'armes chimiques. On hésite aussi devant l'aporie véhiculée comme preuve d'innocence, si les pouvoirs politiques doivent mentir  au peuple pour mener à bien leur projets belliqueux, c'est la preuve que ce même peuple est en soi bon et honnête. Manière de faire l'impasse sur le façonnage des mentalités et certes pas uniquement depuis deux siècles, et de penser que la plupart des guerres en Europe ou ailleurs auraient pu être déclarées sans le recours à la manipulation d'opinion, ce qui est évidemment une ignorance revendiquée de l'histoire.
Alors donc, depuis tout ce temps, ces décennies, depuis toutes ces déclarations de guerre tous azimuts, ces budgets d'armement titanesques, depuis tout ce temps de la répétition où ce sont les mêmes emplois de la désinformation qui amènent les manipulateurs à agir sans que la masse ne bronche, malgré, donc, la quantité d'expériences qui sont supposées fonder la mémoire collective et ses capacités à se libérer des modélisations et des apriori; malgré autrement dit son Histoire, ce peuple demeure dans sa pureté et sa foncière gentillesse, un enfant mal dirigé et abusé. Voilà ce que une des analystes les plus radicalement opposée au népotisme et à l'oligarchie prétend. Il va de soi qu'une telle pathologie du narcissisme collectif est peut-être la première des tares à traiter avant de se lancer dans ses répercussions désastreuses sur les projets pour une civilisation univoque et globale.EG
I've often had the thought that American culture creates the kind of people we need to save the world, but they're also subject to the most sophisticated propaganda in the world, so so far they've put all that get-up-and-go goodwill into fighting shadows and each other. If the veil of the propaganda gets too thin, these guys might really end up being the superheroes, but for real this time.

Ce qui ne nous tue pas ... N°2