3.08.2020

Hommage à Myriam Meilleure ouvrière de France Soudeuse

Mon féminisme, celui qui me semble le plus adapté à la réalité des croisements entre quelque chose comme "la" nature et "la" culture, et non enkysté dans une haine arbitraire et une envie mal cachée sous les dehors de la justice à rendre soi-même au nom seul de son appartenance à ce " sexe" pour lequel on demande l'égalité, il est là.
Non dans la promotion d'une pseudo liberté de "gérer" idéologiquement les corps et leur exhibition, en se posant toujours comme en miroir dans l’œil du mâle et de son désir, en pensant que les seins montrés sans censure, ou les vulves ou les pièces supposées hilarantes sur les règles auxquelles tout le monde trouve soudain un intérêt qui devait être soigneusement caché dans les temps obscurs, ni de ce reniement de ce corps avec la nature spécifique que la féminité lui-donne, d"objet" avant tout pour soi, à ne jamais complètement assimiler à un "Je" potentiel mais avec lequel même contre les vents et marées des injonctions, nous, bonnes femmes, on sera toujours tenues de négocier, parfois douloureusement et ce sans qu'aucun homme vienne à y redire ou à y dire, parce que justement, les hommes à ce corps-là, ils n'y entendent rien et comme on n'y entend pas grand-chose nous mêmes, on pose leur hypothétique avis sur ce qui nous bouge et nous inquiète, qui devient ainsi ce qui nous pousse et nous aliène.
Il n'y a pour ce corps qui passe son temps historique à devoir se montrer ou se cacher, parfois au prix de la mort, une sorte de vide qui est justement la place d'où sortir pour ne pas se laisser, à titre collectif ou individuel absorber par du discours. car c'est ce discours lui-même qui fait office de savoir sur un lien indéfinissable et strictement personnel à construire, réécrire sans cesse et qui dans sa nécessaire forme de plainte à l'égard de ce qui nous échappe et dont on pense que l'offrir à la définition de l'Autre serait comme le sauver.
Mon féminisme c'est non pas celui de cette terrible démagogie et lâcheté qui voudrait qu"être femme" soit, en soi et pour soi suffisant à couvrir un état de l'individu et justifier le bien fondé de sa parole ou du rejet de celle-ci par l'auditeur potentiel.
Il n'est pas baigné dans un imaginaire à peine caché de pureté qui se justifierait par les geignements de la victimisation, non comme fait, tangible, mesurable, justiciable et donc toujours "vrais" mais comme "essence" de cette femme qui n'existe nulle part, ni dans le temps ni dans l'espace.
Il est avant tout, et d'une certaine façon uniquement celui de l'égalité cherchée, conquise, à conquérir, loin des projections toujours polluées de fantasme d'un seul corps, mangeable, copulable, en un mot objectifié jusque dans les plaintes de ses possesseuses des talents, de la créativité posée sur la table de l'histoire humaine, de la capacité à pouvoir donner ce qui se doit de soi, ou non. Non dans un rapport morbide de sexe à sexe, non dans un besoin à peine caché de liquider "l'Autre" en le limitant à la posture mortifère de l'ennemi et en lui octroyant ce faisant un pouvoir qu'il n'a pas mais qui fait rêver au sein d'un système dit patriarcal dont l'évocation elle-même liquide toutes les infinies nuances des organisations sociales et de leur façon chaque fois spécifique de traiter cette "différence" pilier de notre questionnement sur notre nature elle-même et des questions qui la suivent sur l'existence de cette nature elle-même.
Ce féminisme il n'octroie pas une parole plus sensée, ou une vision plus progressiste, ou une place plus visible sur la scène du monde aux femmes parce qu'elles en sont mais parce que leurs paroles, leur engagement, leur travail, leur réalisation d'elle-même a pu exhiber leur personnalité profonde. Il n'existe pas de " femme" en soi, il existe des histoires, des circonstances, des richesses qui comme pour tout chemin humain, historiquement tracé, peut se manifester et est plus ou moins facilité. C'est un féminisme de l'opportunité pas un féminisme de nature. Un féminisme de la créativité et de la reconnaissance des talents et des compétences, et ces deux traits-là eux, ne sont pas sexués. EG


Ce qui ne nous tue pas ... N°2