Une des révolutions à effectuer, dégât mental de fin de ligne du néo-libéralisme est celle de la "pensée positive" et de la "psychologie positive" , portée par des experts en "bonheur" et bien-être principalement fruits des orientations psycho-cognitivistes des dix dernières années aux USA et qui ont essaimé, comme tout ce qui touche la pensée contemporaine et sa vision de l'humain et du monde, partout dans le monde occidental.
Cette modélisation du bonheur pour tous et la simplicité consternante des recours abstraits voire complètement techniques imposés pour y arriver est une des clauses de l'adhésion inconsciente mais fatale au système qui a comme vocation de nous nourrir, de nous former, de nous sustenter à la fois matériellement, intellectuellement et émotionnellement. Rechercher, chacun pour soi, avec en sous-main la "compassion" nécessaire à ne pas culpabiliser, à atteindre le "bonheur" ou le "bien -être" vendus comme seule clef d'accès à l'humanité "vraie", met dans l'obscurité complète du refoulement la nature structurante, radicalement créative de l'angoisse comme étape, matière ontologique et source de ce nécessaire débat entre "nous" et "nous".
Ce que cet effort d'accès systémique au bien-être comme finalité ultime dit en sous-main, c'est que le deuil doit être fait, qu'il a peut-être été fait, de la part noire de l'humain, broyée, engloutie malgré les marques qu'elle laisse et porte quotidiennement et qu'il suffit, comme toujours dans la psychologie de l'efficience des néo-libéraux de la pensée nord-américaine, de "vouloir" pour pouvoir. De "vouloir" être heureux, et ce décliné en quelques règles comportementales auxquelles souscrire dans la robotisation et la standardisation des clichés qui font office de pensée même aux intellectuels de cette nation-empire. L'inconscient, Freud ne l'a pas emmené aux USA contrairement à ce qu'il pensait, il a coulé dans les hauts-fonds de l'océan, incapable de pouvoir être entendu par ces religieux de la réussite et de l'individualisme auto-fondateur.
La collusion de l'échec évident maintenant de ce "mode de vie" et de la clôture sur elle-même de la pensée qui l'accompagne ont progressivement réduit la latitude de l'antithèse à néant, l'éradiquant même complètement de tous les lieux d'advenir et d'apprentissage en en faisant une manifestation d' "agressivité" et les signes d'un manque de respect pour l'autre, autre qui à s'émietter dans les infinies nuances de ses spécificités identifiées et répertoriées, en a perdu sa part d'insondable, qui est pourtant ce qui devrait nous tenir éveillé face à notre volonté de maîtrise incurable.
La logique de la preuve et de l’algorithme sans faille et l'objectalisation rationnelle de l'humain qui l'accompagne ne fera jamais bon ménage avec la métaphysique de l'inconnu. Et dans le vide épistémique laissé par le déni de la part maudite, par la nécessité pourtant de l'observer agir à longueur de faits divers et de scandales décadents sans avoir les moyens intellectuels de la distancer en la faisant sienne et en l'élaborant comme part active et signifiante, la psychologie du positif se noie inéluctablement elle-même dans ses propres impasses.
Un peu comme dans une gigantesque et interminable séance d'exorcisme, où il suffirait de rayer, effacer, repousser hors de soi le "mal'", ici lui-même asséché, réduit, rétréci, amputé de ses propres capacités créatrices pourtant observées à l'oeuvre sans répit depuis des millénaires, "mal "lui aussi rationalisé et intimement lié à des clichés sur la pensée dite "négative" et bien sûr sur les démonisés qui la portent et qui doivent être fuis à tout prix, penser que par quelques tours de magie, et le stricte respect de quelques consignes, on puisse trouver "enfin" ce bien-être, élément auquel au fond personne ne peut vraiment donner de contenu univoque mais présent dans les esprits comme une sorte de Graal contemporain, et que ce soit le but de toute existence digne de ce nom et maîtrisable par l'expertise, est le résultat de ce que cette idéologie a de plus féroce et d'immaîtrisable, c'est à dire de sa capacité à prendre la place des contenus de pensée, en leur substituant quelques formules qui permettent à tout un chacun de faire un lien entre le chaos de ses émotions et leur idéation. Une sorte de manuel du désir et des réponses à apporter à ses incohérences et ses à-coups. Tout est dit dans ce système d'autonomie et d'autarcie de chacun à l'égard de soi-même et d'auto-réalisation ultime d'un "vrai soi" associée à ce bien-être à conquérir. Ce que la pensée néolibérale induit c'est une vision plate, uniforme, sans accroc de ce que l'homme veut de lui-même et à l'occasion des autres autour de lui, dont il n'est tenu de reconnaître l'existence que dans une forme d'oeuvre de charité ultime, afin de maintenir un semblant d'équilibre éthique de sa propre conscience tournée vers son auto-amélioration infinie et reconductible à merci pour à la fois acquérir une hypothétique liberté et être en mesure de l'employer à être plus adapté et adaptable au système qui lui dicte, sans qu'il en ait conscience, ce dont cette liberté est l'absence de nom.
La pensée positive est, avant tout, simple, ou plutôt simpliste, elle s'est adaptée et simultanément a généré cette réduction catastrophique du champ de la pensée, comme nécessairement ouverte et dynamique, donc complexe et liante par essence, pour lui substituer l'usage de courtes sentences spasmodiques et injonctives, sans besoin de démonstration et donc se présentant comme des faits de savoir à ingérer tels quels, présents partout et diffusés d'une façon virale par les restrictions formelles des présentations socio-médiatiques. Une sorte de "ligne de conduite" mentale, aisément tracée pour chacun en contournant les affres du doute, de la complexité inhérente à tout RAPPORT à l'existence, rapport à créer dans un va et vient permanent mais sans maîtrise car, quoiqu'on en veuille, sans maître. Un des paradoxes de ces travaux de découverte d'un "soi" aussi inatteignable, est qu'il postule la présence des outils pour l'atteindre comme présents en soi tout en signifiant haut et fort que ce même soi est à "découvrir" par quelques stratégies de choix comportementaux aussi anciennes que les Dix commandements mais baignées dans une sorte d'aura de scientisme transparent à lui-même. L'humain ne PEUT pas se libérer de l'obscurité dont il est le vibrant témoin, de l'inconnu dont il cherche à peupler les enclaves du Réel vaille que vaille, il ne PEUT pas "positiver" sans s'amputer de ce qui fait sa force et son unicité, l'ambivalence dont il est le fruit maudit et même avec tout le zèle refoulant dont il est capable, à laquelle il est jouissivement condamné. EG
Cette modélisation du bonheur pour tous et la simplicité consternante des recours abstraits voire complètement techniques imposés pour y arriver est une des clauses de l'adhésion inconsciente mais fatale au système qui a comme vocation de nous nourrir, de nous former, de nous sustenter à la fois matériellement, intellectuellement et émotionnellement. Rechercher, chacun pour soi, avec en sous-main la "compassion" nécessaire à ne pas culpabiliser, à atteindre le "bonheur" ou le "bien -être" vendus comme seule clef d'accès à l'humanité "vraie", met dans l'obscurité complète du refoulement la nature structurante, radicalement créative de l'angoisse comme étape, matière ontologique et source de ce nécessaire débat entre "nous" et "nous".
Ce que cet effort d'accès systémique au bien-être comme finalité ultime dit en sous-main, c'est que le deuil doit être fait, qu'il a peut-être été fait, de la part noire de l'humain, broyée, engloutie malgré les marques qu'elle laisse et porte quotidiennement et qu'il suffit, comme toujours dans la psychologie de l'efficience des néo-libéraux de la pensée nord-américaine, de "vouloir" pour pouvoir. De "vouloir" être heureux, et ce décliné en quelques règles comportementales auxquelles souscrire dans la robotisation et la standardisation des clichés qui font office de pensée même aux intellectuels de cette nation-empire. L'inconscient, Freud ne l'a pas emmené aux USA contrairement à ce qu'il pensait, il a coulé dans les hauts-fonds de l'océan, incapable de pouvoir être entendu par ces religieux de la réussite et de l'individualisme auto-fondateur.
La collusion de l'échec évident maintenant de ce "mode de vie" et de la clôture sur elle-même de la pensée qui l'accompagne ont progressivement réduit la latitude de l'antithèse à néant, l'éradiquant même complètement de tous les lieux d'advenir et d'apprentissage en en faisant une manifestation d' "agressivité" et les signes d'un manque de respect pour l'autre, autre qui à s'émietter dans les infinies nuances de ses spécificités identifiées et répertoriées, en a perdu sa part d'insondable, qui est pourtant ce qui devrait nous tenir éveillé face à notre volonté de maîtrise incurable.
La logique de la preuve et de l’algorithme sans faille et l'objectalisation rationnelle de l'humain qui l'accompagne ne fera jamais bon ménage avec la métaphysique de l'inconnu. Et dans le vide épistémique laissé par le déni de la part maudite, par la nécessité pourtant de l'observer agir à longueur de faits divers et de scandales décadents sans avoir les moyens intellectuels de la distancer en la faisant sienne et en l'élaborant comme part active et signifiante, la psychologie du positif se noie inéluctablement elle-même dans ses propres impasses.
Un peu comme dans une gigantesque et interminable séance d'exorcisme, où il suffirait de rayer, effacer, repousser hors de soi le "mal'", ici lui-même asséché, réduit, rétréci, amputé de ses propres capacités créatrices pourtant observées à l'oeuvre sans répit depuis des millénaires, "mal "lui aussi rationalisé et intimement lié à des clichés sur la pensée dite "négative" et bien sûr sur les démonisés qui la portent et qui doivent être fuis à tout prix, penser que par quelques tours de magie, et le stricte respect de quelques consignes, on puisse trouver "enfin" ce bien-être, élément auquel au fond personne ne peut vraiment donner de contenu univoque mais présent dans les esprits comme une sorte de Graal contemporain, et que ce soit le but de toute existence digne de ce nom et maîtrisable par l'expertise, est le résultat de ce que cette idéologie a de plus féroce et d'immaîtrisable, c'est à dire de sa capacité à prendre la place des contenus de pensée, en leur substituant quelques formules qui permettent à tout un chacun de faire un lien entre le chaos de ses émotions et leur idéation. Une sorte de manuel du désir et des réponses à apporter à ses incohérences et ses à-coups. Tout est dit dans ce système d'autonomie et d'autarcie de chacun à l'égard de soi-même et d'auto-réalisation ultime d'un "vrai soi" associée à ce bien-être à conquérir. Ce que la pensée néolibérale induit c'est une vision plate, uniforme, sans accroc de ce que l'homme veut de lui-même et à l'occasion des autres autour de lui, dont il n'est tenu de reconnaître l'existence que dans une forme d'oeuvre de charité ultime, afin de maintenir un semblant d'équilibre éthique de sa propre conscience tournée vers son auto-amélioration infinie et reconductible à merci pour à la fois acquérir une hypothétique liberté et être en mesure de l'employer à être plus adapté et adaptable au système qui lui dicte, sans qu'il en ait conscience, ce dont cette liberté est l'absence de nom.
La pensée positive est, avant tout, simple, ou plutôt simpliste, elle s'est adaptée et simultanément a généré cette réduction catastrophique du champ de la pensée, comme nécessairement ouverte et dynamique, donc complexe et liante par essence, pour lui substituer l'usage de courtes sentences spasmodiques et injonctives, sans besoin de démonstration et donc se présentant comme des faits de savoir à ingérer tels quels, présents partout et diffusés d'une façon virale par les restrictions formelles des présentations socio-médiatiques. Une sorte de "ligne de conduite" mentale, aisément tracée pour chacun en contournant les affres du doute, de la complexité inhérente à tout RAPPORT à l'existence, rapport à créer dans un va et vient permanent mais sans maîtrise car, quoiqu'on en veuille, sans maître. Un des paradoxes de ces travaux de découverte d'un "soi" aussi inatteignable, est qu'il postule la présence des outils pour l'atteindre comme présents en soi tout en signifiant haut et fort que ce même soi est à "découvrir" par quelques stratégies de choix comportementaux aussi anciennes que les Dix commandements mais baignées dans une sorte d'aura de scientisme transparent à lui-même. L'humain ne PEUT pas se libérer de l'obscurité dont il est le vibrant témoin, de l'inconnu dont il cherche à peupler les enclaves du Réel vaille que vaille, il ne PEUT pas "positiver" sans s'amputer de ce qui fait sa force et son unicité, l'ambivalence dont il est le fruit maudit et même avec tout le zèle refoulant dont il est capable, à laquelle il est jouissivement condamné. EG