8.30.2020

Peine de mort



Peine de mort
Il est des questions sociales qui semblent trouver une réponse satisfaisante pour l'idée qu'une culture peut se faire de sa propre justice mais qui au moindre coup de vent d'un fait divers particulièrement abjecte reprennent le chemin de l'habituelle tendance des foules au lynchage.
L'abolition de la peine de mort, quoi qu'en veuillent ses détracteurs au nom d'un "vraie" justice, est l'apanage des pays les plus démocratiquement avancés et une sorte d'aboutissement du long et difficile travail, principalement en Europe, des institutions sur elles-mêmes.
Même si l'évidence et la radicalité d'une sanction définitive du condamné demeurent envisagés dans une sorte d'immédiateté comme une forme de preuve de l'"efficacité" de la justice, on peut qualifier la capacité à ne pas devoir envisager ce recours comme un progrès de l'humain vers une dimension plus "démocratique" du pouvoir. Les guillemets renvoient ici au traitement plus que dégradant du concept lui-même et à la nécessité de revenir à ses fondements et de considérer la nature même de la démocratie comme une ligne d'horizon à créer et à redessiner sans cesse
Elle touche en effet la question essentielle du droit d'un état à se faire en toute légalité "main de la mort" sur un de ses citoyens, ce quels qu'aient été sa vie, ses crimes au nom du respect de la vie "en soi".
Cela dépasse le simple doute possible quant à la culpabilité qui est l'argument majeur contre la peine de mort par exemple aux USA pour comprendre la dimension de l'état comme détenteur d'une capacité de protection de toute existence et une interdiction pour sa justice d'exercer une forme d'absolutisme et de toute-puissance impliquée dans sa disparition
possible.
Bien-sûr, la conception même de cette limite, son intérêt quant à la représentation toujours à créer de ce que "démocratique" peut recouvrir comme réalité toujours mouvante du lien entre l'individu et la société, sont complexes à substituer au rapide et radical rejet dans les mains du bourreau du condamné.
On trouve dans cet espace tiers le dénouement des liens mortifères entre victime et coupable et la considération de l'incapacité de toute exécution à réparer la mort ou à servir de monnaie d'échange qui puisse rétablir une forme d'équité entre l'acte perpétré et la victime. L'idée aussi que une fois cet acte d'exécution commis, l'horreur du crime et la douleur seraient comme effacées par la mort donnée en retour et plus encore, que cet acte de mise à mort viendrait régler la question hélas toujours ouverte de la monstruosité potentielle de l'humain et de l'impuissance de toute société à la contenir complètement ou à la prévenir.
Nous sommes ici dans le champ éthique complexe des principes, dans le champ complexe également de la nécessaire ouverture des rapports entre un système pénal, ses modes d'application et la question de ce que peut être son efficacité : au regard de quoi ? dans le cadre de quelle vision sociale et de quelle représentation du devenir individuel ? c'est à dire de la création sans cesse reconduite, même si l'effort pour ce faire est éprouvant, d'une distance nécessaire au regard des pulsions liées à la loi du Talion qui leur résistent.EG



Georges Stinney

Ce qui ne nous tue pas ... N°2