Berlin a été très impliquée dans l'accord nucléaire avec l'Iran, le JCPOA. et plutôt choquée quand Washington s'en est retiré. La Chancelière Merkel a reconnu qu'il n'y avait pas grand chose à faire à cet égard par l'Europe mais a ajouté : " que cela renforcerait ses capacités à l'avenir" Quand Washington a forcé le système SWIFT à se déconnecter de l'Iran, bloquant ainsi les transactions de banque à naque, Berlin, Paris et Londres ont mis au point un système alternatif nommé INSTEX. mais en dépit de ces bonnes intentions, il n'a apparemment été utilisé qu'une seule fois en Mars pour une petite transaction de matériel médical"
"Berlin was very involved in negotiating the nuclear agreement with Tehran – the JCPOA – and was rather stunned when Washington pulled out of it. German Chancellor Merkel acknowledged that there wasn’t much Europe could do about it: but added that it “must strengthen them [its capabilities] for the future“. When Washington forced the SWIFT system to disconnect from Iran, thereby blocking bank-to-bank transactions, Berlin, Paris and London devised an alternate system called INSTEX. But, despite big intentions, it has apparently been used only once – in a small medical supplies transaction in March."
Ce qui semble le plus étonnant ici, dans ce que Robinson décrit, c'est la difficulté à utiliser une "alternative" pourtant apparemment indispensable, à un fonctionnement tentaculaire, ancien et touchant tous les champs des échanges techniques et commerciaux de la planète géré, pensé et mené par les USA.
On peut imaginer que ce qui crée cette forme d'échec apparent de l'autonomie est le fait que la volonté d'indépendance n'est pas suffisante pour travailler à une recherche d'alternative dans les domaines monopolisés par l'empire. Mais on peut peut-être aussi attribuer ce même échec à la complexité de la désaliénation des "habitudes" dans tous les secteurs d'échanges et les pratiques sociales que la globalisation a uniformisés.
Et qu'est-ce qui est plus long, fastidieux, coûteux à tout niveau, personnel ou collectif, que de devoir se séparer d'une habitude, de devoir pour ce faire réapprendre à utiliser de nouveaux outils pour remplacer ceux dont on avait la maîtrise parfaite et qui répondaient à nos besoins jusqu'à pouvoir se faire oublier ?
Les aspects multiples de ce désengagement sont intriqués et impliquent en soubassement des usages de la vie quotidienne des fondements liant les états d'esprit et les représentations eux-mêmes, l'Europe est devenue américaine depuis longtemps, par vagues d'imprégnation successives de tous les secteurs, arts, loisirs, spectacles, économie imprégnés de paramètres idéologiques jusque dans ses façons de penser, de se représenter, de traiter ses rapports avec sa propre histoire et les composants du lien complexe entre individu et appartenance sociale.
La pénétration qui touche jusqu'aux champs langagiers, esthétiques est de l'ordre d'une contamination. Elle s'est opérée non sous la forme d' une aliénation subie comme une contrainte mais, dans le droit fil des valeurs de la société du divertissement, avec l'encouragement sous de multiples formes d'un appétit sans borne pour ce que cette volonté d'emprise avait de "moderne" et de "progressiste" autrement dit avec un total consentement des populations européennes à leur propre vassalisation.
Lutter contre ce qui semble "être" partie prenante des fonctionnements les plus banals, des réflexes quotidiens les plus partagés, des recours, des discours devrait exiger avant tout une sorte de prise de conscience collective qui servirait de protection face à la difficulté de leur modification.
Dans le contexte de l'Iran, ce qui aurait pu sembler une opportunité a fait long feu alors qu'on aurait pu s'attendre à un engouement momentané. Au niveau international, l'Iran est sous le joug d'un répression et d'une pression claires, sans issue et malgré cela n'utiliserait pas une des portes possibles de sortie offertes ?
Alors que dire d'autres pays, plus "libres" et d'autres populations qui, elles, ne se sentent pas sous les régles de la proscription ?
Peut-être que le glissement vers des outils technologiques indépendants, ce dans tous les secteurs, ne peut pas s'opérer en une simple réaction au joug de l'emprise.
Tout ce qui facilite la vie quotidienne, tout ce qui est maîtrisé se garde comme un gain d'énergie et de temps précieux. Au-delà de toute considération d'ordre politique, même si celle-ci est omniprésente dans chacun de nos actes, l'usage maîtrisé d'un code SWIFT demande une forme de révolution pour se voir remplacé par une autre technique, a fortiori si celle-ci n'a pas bénéficié d'un martelage médiatique ventant ses bienfaits.
Se désengager d'une aliénation surtout quand celle-ci a été travestie en histoire presque conjugale et comme la voie unique d'accès vers les mouvements sociaux et esthétiques de la contemporénéité exige, comme dans toutes les séparations, un travail sur les contenus des habitudes, sur le choix des outils, leur maîtrise, sur ceux des représentations, des termes utilisés quotidiennement.
Exigerait aussi que ce changement puisse s'opérer sur les bases d'un contenu culturel et technologique de remplacement, une alternative au "code SWIFT" des modalités de nos vies qui puisse remplacer l'ancien.
Mais c'est là que tout se complique vraiment.
En effet, le travail d'emprise des décennies précédentes a progressivement mais radicalement effacé toute trace de l'humus créatif national spécifique qui aurait pu être le lit de cette alternative.
C'est à dire que quelle que soit l'orientation politique européenne et nationale face aux USA, c'est avant tout un mode de vie et une relation au monde qui devront se trouver un code INSTEX et être suffisamment déterminés à s'autonomiser pour accepter de modifier leurs usages et réaliser, sûrement douloureusement, la profondeur de leur subornation. EG
On peut imaginer que ce qui crée cette forme d'échec apparent de l'autonomie est le fait que la volonté d'indépendance n'est pas suffisante pour travailler à une recherche d'alternative dans les domaines monopolisés par l'empire. Mais on peut peut-être aussi attribuer ce même échec à la complexité de la désaliénation des "habitudes" dans tous les secteurs d'échanges et les pratiques sociales que la globalisation a uniformisés.
Et qu'est-ce qui est plus long, fastidieux, coûteux à tout niveau, personnel ou collectif, que de devoir se séparer d'une habitude, de devoir pour ce faire réapprendre à utiliser de nouveaux outils pour remplacer ceux dont on avait la maîtrise parfaite et qui répondaient à nos besoins jusqu'à pouvoir se faire oublier ?
Les aspects multiples de ce désengagement sont intriqués et impliquent en soubassement des usages de la vie quotidienne des fondements liant les états d'esprit et les représentations eux-mêmes, l'Europe est devenue américaine depuis longtemps, par vagues d'imprégnation successives de tous les secteurs, arts, loisirs, spectacles, économie imprégnés de paramètres idéologiques jusque dans ses façons de penser, de se représenter, de traiter ses rapports avec sa propre histoire et les composants du lien complexe entre individu et appartenance sociale.
La pénétration qui touche jusqu'aux champs langagiers, esthétiques est de l'ordre d'une contamination. Elle s'est opérée non sous la forme d' une aliénation subie comme une contrainte mais, dans le droit fil des valeurs de la société du divertissement, avec l'encouragement sous de multiples formes d'un appétit sans borne pour ce que cette volonté d'emprise avait de "moderne" et de "progressiste" autrement dit avec un total consentement des populations européennes à leur propre vassalisation.
Lutter contre ce qui semble "être" partie prenante des fonctionnements les plus banals, des réflexes quotidiens les plus partagés, des recours, des discours devrait exiger avant tout une sorte de prise de conscience collective qui servirait de protection face à la difficulté de leur modification.
Dans le contexte de l'Iran, ce qui aurait pu sembler une opportunité a fait long feu alors qu'on aurait pu s'attendre à un engouement momentané. Au niveau international, l'Iran est sous le joug d'un répression et d'une pression claires, sans issue et malgré cela n'utiliserait pas une des portes possibles de sortie offertes ?
Alors que dire d'autres pays, plus "libres" et d'autres populations qui, elles, ne se sentent pas sous les régles de la proscription ?
Peut-être que le glissement vers des outils technologiques indépendants, ce dans tous les secteurs, ne peut pas s'opérer en une simple réaction au joug de l'emprise.
Tout ce qui facilite la vie quotidienne, tout ce qui est maîtrisé se garde comme un gain d'énergie et de temps précieux. Au-delà de toute considération d'ordre politique, même si celle-ci est omniprésente dans chacun de nos actes, l'usage maîtrisé d'un code SWIFT demande une forme de révolution pour se voir remplacé par une autre technique, a fortiori si celle-ci n'a pas bénéficié d'un martelage médiatique ventant ses bienfaits.
Se désengager d'une aliénation surtout quand celle-ci a été travestie en histoire presque conjugale et comme la voie unique d'accès vers les mouvements sociaux et esthétiques de la contemporénéité exige, comme dans toutes les séparations, un travail sur les contenus des habitudes, sur le choix des outils, leur maîtrise, sur ceux des représentations, des termes utilisés quotidiennement.
Exigerait aussi que ce changement puisse s'opérer sur les bases d'un contenu culturel et technologique de remplacement, une alternative au "code SWIFT" des modalités de nos vies qui puisse remplacer l'ancien.
Mais c'est là que tout se complique vraiment.
En effet, le travail d'emprise des décennies précédentes a progressivement mais radicalement effacé toute trace de l'humus créatif national spécifique qui aurait pu être le lit de cette alternative.
C'est à dire que quelle que soit l'orientation politique européenne et nationale face aux USA, c'est avant tout un mode de vie et une relation au monde qui devront se trouver un code INSTEX et être suffisamment déterminés à s'autonomiser pour accepter de modifier leurs usages et réaliser, sûrement douloureusement, la profondeur de leur subornation. EG