11.10.2020

Un gentil président


Un gentil président

Ci-dessous, le premier titre du Boston Globe sur les changements apportés par la présidence : particulièrement intéressant pour une mise au clair des "moteurs " de la propagande.

L'imaginaire collectif américain, ou du moins ceux qui le façonnent, impute aux possesseurs de chien une dimension "humaine", ou, dans le lexique usiné actuel "compassionate ". Sorte de qualité chrétienne remise au goût du jour et supposée être depuis quelques temps le pilier moral de tout un chacun. On pourrrait développer ce que le concept de "compassion" lui-même implique de hiérarchie latente dans une relation à l'autre-postulé mais on dira simplement tout bas que la référence universelle à la compassion, A. Hitler, avait lui aussi un berger allemand.

Puis, l'évocation majeure du "sauvetage", deux ans avant l'élection, d'un chien de refuge, abandonné donc, mode qui, comme la pratique du yoga, celle du véganisme , des tatouages ou de la dépression, est devenue une sorte de devoir civique, une forme de laisser-passer permettant de mesurer aisément ses compatriotes à l'aune de leur sens moral et une preuve de leur adaptation à l'air du temps progressiste américain. Mise en valeur du "Sauvetage" qui, en-deçà de ce qui s'offre à voir, montre, comme pour les choix des Secrétaires d'état femmes, trans, noirs etc..que cette forme de dévoiement du leadership dépasse de loin ce qu'on qualifierait ou qualifiait dans un passé somme toute récent de "démagogie". Ce qui a évolué ces derniers temps, de part et d'autre de l'Atlantique c'est la place maintenant omniprésente du "récit" fictionnel et sa pratique structurelle, enracinés dans le rôle insensiblement totalitaire des médias travaillant au modelage des âmes.

Récit, discours, usage d'images effrayantes ou débonnaires alliant les terminologies superlatives et les clichés, ici ceux du candidat digne de confiance, généreux, bon père, contre ceux de la démonisation, de l'incurie et de leur condamnation : construction de fables, de fictions appuyées sur les mêmes shémas de représentations que la plupart des ossatures des séries TV, modelant une forme de citoyen-type, universel, d' idéal-type univoque, façonné heure par heure par une imprégnation à la fois discrète et omniprésente. Tous voulus baignés dans l'apologie des bienséances libérales auxquelles souscrire et tous similaires dans l'absorption des matériaux que ces standards sous-jacents soumettent aux appétits simples et aisément satisfaits des masses comme une "évidence", même s ils doivent fréquemment s'étayer sur une censure féroce de ce qui les contrarie ou seulement les questionne.

Derrière ce voile appliqué à un rythme quasi-quotidien sans même qu'il ait maintenant à répondre à une demande, la réalité qui se meut met en lumière une perniciosité et une violence foncières enracinées dans l'état d'esprit des stratégies médiatiques. Celui-ci est basé sur la prise en compte active en permanence des stéréotypes touchant un fond commun de penchant à la charité, endémique, et, nous postulons, réparateur, libérant au profit d'une forme de générosité égalitaire tous les mythes construits autour de la victimisation imaginaire adulée comme substitut aisément accessible à tous du Politique et y rassemblant comme des qualités décisionnelles "en soi" toutes le formes d'exclusion, humaine ou animale, on dira "par principe".

Ensuite, on peut lire une sorte de nivellement des valeurs, lui aussi partie prenante de ce récent zeitgeist ultramédiatique dans ce choix à prendre en compte comme information suffisamment majeure pour devoir faire la une de ce journal qu'on décrira euphémiquement comme "plutôt biaisé", au regard des plaies béantes nationales et internationales sur le soin desquelles la campagne a été assez vague, pour ne pas dire complètement muette.

Mais ses électeurs et ses adeptes passifs à l'internationale sont peu attirés par l'énonciation de mesures, trop abstraites, ni d'ailleurs par le contrôle et la comparaison des mesures antérieures prises alors que cet homme et les tacticiens ploutocrates qui le soutiennent avaient les clefs essentielles en main, plus de quarante ans, c'est tout de même suffisant pour juger de la mise en oeuvre de choix politiques.

Mais donc, une fois de plus, on fait le constat que les choix politique réels, effectués ou même simplement promis sont largement inconnus, ou négligés ou oubliés quand le Disneyisme règne, où sont clairement confrontés les méchants et les gentils et où ces derniers afin de prouver leur compétence et leur implication exhibent le panel admis des bons sentiments, pré-déterminés par la modélisation médiatique et  mis en acte d'une façon complexe par l'appropriation des critères de bienséance par la bloc des citoyens "progressistes" de cette société réduite au spectacle mais ayant forclos sa dimension tragique. EG

 

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Petit conte amiénois Dixième partie