12.09.2020

Hemme et Fomme Première partie

Deuxième partie :Hemme et fomme

 

 


Feminist Current

 

Oh comme il y aurait à dire, à crier presque, tenue de tourner le dos à l'idée même de "progrès" des moeurs, tenue de clamer pour sortir la tête du bourbier progressiste et de ses délires, le penchant réactionnaire revendiqué maintenant comme une bouée de survie face aux courants dévastateurs des folies collectives.

Les questions liées au glissement possible dans les rapports à l'identité sexuelle sont l'objet d'une source qui postule les prémisses affirmées indémont(r)ables d'une absence de concordance entre le biologique et ce qu'on qualifiera de subjectif,  ainsi que la possibilité d'un auto-engendrement qui révélerait une identité "réelle" derrière les signes donnés par la génétique.

Ces prémisses, dont on peut isoler les tenants théoriques et la construction des hypothèses dans un passé extrêmement récent, sont devenues, par la pression des mouvements globaux, des tendances s'étant substituées presque entièrement aux mouvements du temps long de l'histoire, une forme de nouveau credo, de nouvelle bible de la modernité.

Comme toute idéologie se voulant révolutionnaire, ayant par sa seule existence relégué les temps anciens dans les fosses de l'erreur pour les remplacer par la vérité enfin révélée, la théorie du genre est érigée sur une destruction systématique des modèles de pensée antérieurs et incarnée dans cette rupture radicale avec eux. La confrontation au danger de la contradiction, de la réfutation, ou simplement du débat est insoutenable sur un plan simplement logique ou factuel, et fait donc place à la formulation de scansions sommaires mais fortement affectivées, soutenues par l'imposition doctrinale et le jugement moral omniprésent sur son intégration correcte dans les discours des initiés, adeptes, convaincus, ralliés, tous possédant donc cette vérité nouvelle à divulguer.

Les récupérateurs et ici récupératrices des philosophes post-modernes ont en effet manqué de nouveau grain à moudre sur les questions philosophiques multimillénaires fondamentales et la mission foncièrement novatrice et éducative de la culture à laquelle ils et elles appartenaient les a tenus d'imposer de nouveaux "produits" conceptuels sur un marché philosophique déjà saturé, essoufflé par le trauma de Nuremberg puis  par celui du Goulag et de ce qu'ils révélèrent d'impasse dans l'optimisme progressiste, humaniste et marxiste.

Il fallait "faire du neuf" sans les errements du vieux, faire "moderne" et donc étirer les limites des questions ancestrales que l'humain pose à sa propre existence en leur donnant une couleur plus contemporaine, c'est à dire faire de la Mort et du Sexe non des signes du Réel insondable auquel nous sommes aliénés et sur lesquels nous sommes condamnés à nous pencher mais des éléments à recréer, à réinventer afin de les faire rejoindre la grande saga technoscientiste et le marché tout-puissant de la Mode.

C'est donc ainsi que des hypothèses fictionnelles se sont trouvées à la fois tenir du mouvement de divinisation de la Science tout en étant dénuées de toute assise scientifique sans que jamais ce iatus soit considéré comme un élément digne d'analyse : cette vérité d'un "soi" qui serait à la fois plus authentique que la réalité physiologique, mais "hors peau" où se trouve-t-elle ? Où se développe-t-elle ? Est-elle une construction, une structure, induite par quelle genèse ? Sur quel accrochage, historique, donc impliquant l'autre, physiologique, donc caché dans quel recoin des cellules, s'ancre-t-elle ? Et quelques autres questions qui ne peuvent être posées sans se voir écrasées par les postulats à partir desquels tout l'appareil théorique et ses incidences comportementales se créent.

Les versets dogmatiques de l'idéologie néo-féministe-genrée, incorporés dans leur version de slogan brandis à la face du monde ancien, le faisant taire comme devaient se taire ces "hommes et femmes du passé" persécutés par le zèle bolchevique, font de l'ombre à l'analyse de la complexité des causes de ce qui se dit haut et fort "nouvelle pensée" sur le sexe, reléguant, comme dans tout mouvement révolutionnaire se nourrissant d'une table rase nécessaire des représentations collectives, le fait que toute culture, dans une perspective transhistorique, s'est toujours organisée sur l'axe de la différence des sexes, comme catégorie fondatrice ultime, autour de laquelle se développe chaque système hiérarchique, symbolique, éducatif, mythique, généalogique, qui fonde une société en lui donnant ses codes uniques.  Ce ne sont pas les réalités des sexes "en soi" qui sont  des références essentielles mais la réalité d'une  "différence" qui crée une faille dans l'indéfini et le chaos qu'il traduit où se construit le "rapport " de tout un chacun et du moment culturel qui le porte à sa propre appartenance sexuée. De cette différenciation première  naît le champ incloturable des questions, la capacité de catégoriser le monde et les impératifs de la pulsion épistémophilique. 

Mort, Sexe : et le lieu de l'espèce humaine, animal-parlant portant son fardeau de conscience, entre les vides qu'ils générent. C'est un travail de construction multi-millénaire, pouvant changer presque à l'infini dans ses expressions socioculturelles. C'est aussi un espace au sein duquel peut osciller l'appartenance, dans une sorte de plus ou moins, entre femme et homme, mais toujours dans un rapport à créer, à la fois collectif et individuel, à l'un et l'autre, une sorte de saga du destin qui nous enracine dans ce qui est, tant bien que mal dirions-nous, et avec lequel chacun est tenu de se créer, et dans ce qu'il en est convenu de faire collectivement à tel ou tel moment de l'histoire, jamais dans leur éradication comme éléments structuraux fondateurs.

Ce qu' "est" une femme, ce qu'"est" un homme n'est évidemment pas offert avec les hormones mais découvrir ou plutôt créer la femme ou l'homme s'ancre à la fois dans ce dont " homme" et "femme" sont chargés culturellement à tel ou tel moment de l'histoire, des effets de cet ancrage dans le désir des géniteurs par rapport à leur propre ancrage et dans l'aventure d'une négociation permanente entre le corps et Soi, c'est à dire comme processus et non comme découverte.

 

Deuxième partie

 

 

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