8.15.2021

Nous les rendons tous fous

(Via Olivier Duclos). https://www.cairn.info/revue-spirale-2021-1-page-7.htm
 Ce qui se dessine, au-delà de la morale judeochretienne latente et à peine voilée sous les oripeaux cognitivoscientistes ayant envahi complètement l'espace éducatif et les âmes des professionnels apathiques et zélés qui l'habitent, c'est la toute-puissance diagnostique faisant office de loi et la médicalisation qui la suit inexorablement.
On voit dans cette investigation pseudoscientifique le redressement préventif des comportements mal-venus, soumis encore une fois aux petits grillages évaluatifs supposés garantir le fondement scientifique de leur approche. On voit aussi le mélange toxique  des finalités éducatives et transmissives, celles-ci, objet commun de la culture commune,   enfouies sous le schibboleth d'une hypothétique "bienveillance", concept porteur, avec son vide vertigineux, de tous les stigmates de ce grand corps malade qu'est l'éducation occidentale.
 Rapetisser, caser et pathologiser dans une suite d'initiales et d'acronymes tous issus du DSM, devenue part du discours des masses sur elles-mêmes et supposée faire sens en se centrant sur un "individu" imaginaire et sur une norme de plus en plus coercitive et la connaissance que l'institution veut en avoir pour oublier que l'école n'est PAS le lieu de cet individu potentiel et encore moins de son mythique "cerveau" mais celui de l'accès le plus ouvert et profond possible à la culture à laquelle il appartient.
Les dégâts sont pourtant maintenant tangibles. Les failles dans le tissu cognitif, critique et symbolique des fruits de la contre- révolution neoliberale à l'origine de ce raz de marée civilisationnel initié dans les années 80 palpables au quotidien.  
C'est une vision de l'humain qui se développe sous ce matraquage annuel de volonté de maîtrise et de catégorisation toute-puissante. Le problème est que dans ses velléités de diagnostiquer et de prévenir d'hypothetiques malversations, c'est le monde adulte qui les qualifie qui rend aussi tous ses enfants fous
 EG

Décapités nous sommes.