Article Causeur : Tu seras une femme mon fils
Douce France, toujours soumise aux tendances importées et les avalant sans broncher comme la Sainte Eucharistie alors que leur bien-fondé s'écaille enfin là où elles sont en pratique depuis longtemps.
La question à poser sur cette déferlante porte sur le vide du Sujet généré par le système technoscientiste et sur ses capacités à TOUT médicaliser dans le cadre de son idéologie progressiste au nom d'une "liberté" d'être soi atteignable avec la maîtrise du corps.
Les éventuelles réserves sur la légitimité de ce fantasme opérationnel qui résoudrait chimiquement et chirurgicalement cette question de l'être sont reléguées au domaine des réponses obsolètes par l'effacement structurel de L'esprit de Mode et du présentisme.
Le sacro-saint terme d'identité masque un échec patant du néoliberalisme à fournir le terreau nécessaire à une croissance et au fondement d'une place au monde qui ne soient pas uniquement soumis aux effacements inhérents au fonctionnement des tendances et au rejet conséquent du "démodé": pensées, peaux, vêture, modes de vie et sexualité qui ne sont plus soumis à des processus de maturation lente et souvent douloureuse à accomplir pour soi dans la solitude de son histoire.
On ne peut que s'interroger sur les interférences entre ces modes de pensées sur un Soi modulaire et modifiable jusque dans sa nature même et la pérennité des choix que ces changements amèneront : peau tatouée, castration, stérilité, médicalisation à vie.
Cohabitent l'idée d'un être qui ne se perçoit comme tel que dans des choix drastiques illustrant ce qu'il pense être au moment de les faire et celle du bien fondé de ces mêmes choix pour soi comme valides pour "toujours".
Le paradoxe gît dans la représentation d'un être dont l'authenticité, le "vrai" moi seraient à construire pour se trouver comme présent déjà-là par l'intermédiaire de ce qui peut s' ôter ou se transformer artificiellement et de la promiscuité de cette représentation avec le déni de possibilité de changement de rapport à sa propre image impliqué par le court normal, essentiel de l'existence, c'est à dire la construction incessante de soi produite par sa propre vie.
Tout comme la vague universelle du corps tatoué ayant sacrifié aux injonctions de la mode la méfiance naturelle à l'égard des choix, ici supposés esthétiques, faits à vie, les soubresauts du genrisme , sans évoquer les appuis complètement cupides qui les encouragent, les légitiment et les organisent sont des témoignages de ce qui s'est effondré du rapport au temps et à l'éphémère qu'il nous impose. EG.