1.05.2022

Des pogroms vraiment scientifiques

Les fils de l'entendement, ceux qui relient un élément à un autre dans une logique relative de causalité, sont devenus hypertendus. Ca tire de partout autour des feux de brousse  de la passion rédemptrice. C'est pourtant un mécanisme de pensée collective bien connu. En temps de vulnérabilité, en temps de peur de la mort et d'insécurité, la branche où s'asseoir pour respirer est fragile, on n'a pas le temps de lire les développements de la complexité, pas le temps de se poser suffisamment pour contourner les slogans et surtout, pas celui de se demander quel rôle joue l'ennemi désigné, devenu soudain responsable de tout ce qui va de travers et dont la culpabilité est assignée par les Manipulateurs  patentés.
Avoir réussi à souder un pourcentage important de la population contre ce qui peut se qualifier de minorité réfractaire est à la fois d'une banalité consternante pour qui connait les ressorts de l'inconscient collectif, les forces du mimétisme et celles de la désignation du bouc émissaire agrégées pour protéger l'unité, elle est aussi digne d'un certain respect tant elle fait une fois de plus ses preuves.

La dimension perverse de tout exercice du pouvoir montre à qui l'observe à quel point son usage est annexé à son abus. Suffit pour cela de regarder leurs yeux.  De se laisser prendre par la lueur glaciale et meurtrière de leur pupilles lorsqu'ils semoncent, punissent les réjections morales et laissent planer l'ombre du châtiment sur les irresponsables responsables de tous les maux, réels ou fantasmés.
C'est assez limpide pourtant, les éventuels doutes sur les bienfaits de ces thérapies curato-préventives de choc s'effacent en se noyant dans la haine et la certitude qu'elle génère de savoir où est le Mal.  Ils disparaissent dans la stimulante appartenance au clan du Bien, qui, hélas pour celui du Mal, ne peut survivre qu'en le pointant du doigt et en l'affublant de tous les qualificatifs de l'immonde.  

Ça marche. Ça marche incroyablement bien; Car si le nombre des agonisants en réanimation est composé de ces parias, au fond, qu'est-ce que ça peut  faire  aux injectés ? Car si les mesures ont dû être durcies, n'est-ce pas qu'elles ne fonctionnaient pas malgré leur projet de rééducation de masse ? Car le questionnement sur la suite devenue folle de toutes ces décisions contradictoires, ostensiblement démocides et la logique pathétique ou psychotique qui les préside n'a-t-il pas été avalé par les viscéraux appels au pogrom, radicaux, mortifères et bien sûr dépourvus de toute logique sensée.
Il va de soi que si l'objectif est l'anéantissement complet du virus, ne peuvent répondre à cette velléité absurde et mégalomane que des mesures totalitaires. Le fantasme, d'où qu'il vienne, de "vacciner toute la planète" n'a pas même déclenché des haussements d'épaule devant le délirant désir de thaumaturge qu'il révèle.  Tout un chacun est tant absorbé par son voisin et par la peur de son voisin, pris dans les mailles du "Je connais un antivax qui connait un médecin qui connait un député qui connait un statisticien qui connait un journaliste et qui est mort." que le poids du cas émotionnel et anecdotique a réussi à effacer l'infondé et le manipulatoire du cas statistique.
On ne va pas mentionner ici les vrais tireurs de fils, présents depuis la première heure, tout-puissants et officiant dans une totale impunité, puisqu'ayant avalé toute institution dans leur soif de pouvoir. La balance commerciale des USA peut un peu se redresser. C'était le but.
Ce qui est plutôt inquiétant est de constater le manque de consistance des mouvements de rejet et de haine, des appels au meurtre vociférés par ceux qui pourtant sont sensés avoir fait ce qu'il fallait pour comme ils disent "se protéger".  Que le délire continue à prendre forme au quotidien malgré leur bonne volonté et leur esprit de collaboration ne peut que se voir attribué aux "Autres", à ceux à cause de qui le fait de ne pas avoir le droit de manger debout ou celui de manger dans un TGV a du être voté.  Le pathétique de ces mesures, réaction de l'ordre du rationnel donc, a croulé sous la force du besoin de lynchage, comme s'est complètement affaissé le sain questionnement sur les doses injectables à l'infini au profit d'une  stricte application de la déontologie du moulage mental qui ne peut pas, plus qu'elle ne veut pas, se dire qu'elle sombre dans le ridicule et entraîne tout avec elle, institutions, liens sociaux, sentiment d'appartenance, esprit critique, savoir : savoir que la réalité de la destructivité des édiles en charge dans ce système anthropophage par nature est à la mesure du pouvoir   que la masse leur a abandonné. EG

Décapités nous sommes.