Comme Engdahl le précise, un tel rapport détourne l’attention du fait que la plupart des « coûts » associés à l’industrie alimentaire peuvent être directement reliés à Rockefeller eux-mêmes et à leur rôle dans la création de l’actuelle chaîne alimentaire industrialisée qui a non seulement imposé la destruction de l’agriculture globale mais aussi contribué à l’explosion de maladies chroniques.
Ceci est un court extrait d'un article en cours de traduction sur la réorganisation du secteur de l'alimentation globale envisagée dans une dynamique "après covid" et où la participation active des Fondations, ici plus particulièrement Rockefeller, dessine les chaînes alimentaires et les modes de production de l'avenir. De notre avenir.
Il a été évoqué dans les tentatives d'analyses des fonctionnement systémiques ce que Anselm Jappe appelle " le capitalisme autophage " comme une clôture sur lui-même du capitalisme total.
Qu'est-ce à dire ? La progressive emprise de quelques groupes dominants sur la quasi totalité des diverses formes du marché a amené des bouleversements fondamentaux dans tous les secteurs de production et la clôture de ceux-ci sur des objectifs et des orientations de moyens et de méthodes qui ont appauvri durablement ce qu'on peut à peine qualifier de champ de recherche scientifique. Les choix effectués, choix contraints par les critères de productivité et de rentabilité des marchés l'ont été pour la plupart sans une prise en compte des conséquences à moyen et long terme et sans considération pour les caractéristiques des productions et des réseaux de distribution et d'échanges locaux.
Une fois ces choix effectués, leur seul but est de se rentabiliser, ce à n'importe quel prix et dans un contournement juridique permanent des codes et lois publics en vigueur dans les pays ou régions touchés. L'interaction des orientations de recherche, des choix de production, des lobbyisations internationales, des outils de promotion et de communication, et la nécessaire absorption de tout marché concurrent amène une uniformisation planétaire des rapports aux modes de production et de distribution.
Les effets de cette capacité à absorber chaque élément divergent, qu'il soit critique, artistique ou technique pour l'anéantir dans une uniformité garantissant une sorte de reproduction infinie des choix effectués en amont ne peut, pour se maintenir, qu'occulter la prise en compte des conséquences de ces mêmes choix. Une fois les circuits de production et de distribution lancés, une fois le coût de ces choix assumés et rentabilisés, il est en effet impossible de les remettre en cause et de remettre en cause les effets réels de leurs applications uniformes.
La seule solution pour maintenir les cadres de cette production est de se centrer sur des solutions qui puissent remédier, à l'intérieur de ce circuit lui-même, avec les mêmes corps de financement et de développement, aux effets dévastateurs des choix préalables.
Il s'agira alors de travailler avant tout sur le discours permettant de légitimer ces nouveaux produits à vertu thérapeutique des dégâts opérés par les produits précédents, en occultant ou transformant la nature de leur toxicité ou des dommages subis par leurs utilisateurs et en s'imposant comme des praticiens du soin social dans toute son étendue : médicaments nouveaux pour guérir des effets secondaires provoqués par les médicaments anciens, solutions drastiques aux exactions de la surconsommation et de l'aberration des circuits de distribution apportées par les organismes les ayant eux-mêmes mis en place, développés et pratiqués depuis des décennies.
Cette clôture du système sur lui-même, annihilant la recherche en la possédant, anéantissant les recours juridiques en écrivant les lois, absorbant tout discours critique en se l'appropriant et en l'unifiant sous forme de communication médiatique peut trouver une de ses illustrations les plus éclairantes dans la machine à distraire hollywoodienne. Il n'est en effet pas un évènement, pas une guerre, pas un massacre ou une dévastation quelle qu'elle soit, qui n'ait quasi immédiatement été "récupérée" par l'industrie du loisir en lui faisant ainsi perdre toute l'ampleur de son sens pour en faire un produit coté en bourse, anéantissant la dimension de vérité seule présente dans la réalité, toujours tragique, des faits et de leurs conséquences en n'en gardant que le récit, lui édulcorable et modifiable à merci.
A travers la création des discours promouvant tel ou tel choix au nom d'une forme de progressisme et de responsabilité collective face à l'avenir, discours construits comme part dynamique essentielle dans l'imposition de nouveaux produits ou méthodes de production, la consistance historique antérieure et les signes de la destructivité qu'elle dévoile se voient tout bonnement effacés. Ceux-ci pourtant qui sont à l'origine de ces nouveaux choix décrits comme rédempteurs face à des errements présentés comme dépassés, mais pourtant fruits éminemment lucratifs des mêmes organismes . EG
