Glasiev, écouter ce qui se dit de " l'autre côté " du manche
Dans un climat de répression totale des points de vue contradictoires ou de condamnation morale au nom du Bien occidental de toute perspective alternative, nous sommes réduits à ce que les Américains nomment le " Whataboutism" c'est à dire le fait, dans une dialectique de cour de récréation, de soumettre à la partie dite "adverse" des arguments issus de la situation du parti-pris "allié " .. droits humains, cumul des richesses, corruption, loyauté, etc, il n'est pas une seule accusation, toutes dirigées contre un seul homme, d'une façon qui à elle seule devrait pourtant éveiller la méfiance des consommateurs occidentaux avisés, qui ne puisse être soumise à une sorte d'échelle de comparaison de l'infâmie, c'est une impasse mais c'est ce qui fait office de carte blanche dans les engouements locaux.
Une impasse en effet, faute de vouloir sonder plus avant la réalité complexe du terrain "ennemi" et de faire l'effort, intellectuel, moral, de chercher à entendre et à connaître les perspectives du camp du Mal avant de prendre son couteau de cuisine le plus pointu et d'aller rejoindre le "front" des Gentilles Victimes. On ne peut pas tenter de garder un recul plutôt sain comme posture essentielle sans prendre parti, c'est là où la binarité des jugements et leur caricature nourrie aux manipulations des constructeurs d'opinion est particulièrement redoutable.
Alors on va faire le choix de cesser absolument de commenter sur l'avalanche des posts même si ils semblent gonflés à la propagande jusqu'à l'hydropisie, maintenir le cap de la lutte prioritaire contre l'impérialisme économique, géopolitique, et peut-être surtout culturel anglo-américain dont la France a tant subi les effets secondaires qu'elle n'a plus aucun outil pour se penser et penser ses liens internationaux, maintenir le cap d'un dévoilement et d'un détachement complet des corruptions intellectuelles des médias d'état transatlantiques, omniprésentes, continuer inlassablement de se documenter comme on dit, de lire et de nourrir une posture autant que faire se peut éclairée, c'est à dire évoluant, se confirmant ou s'infirmant au regard des divers apports qui favorisent la mise en contexte, si malmenée. Toute guerre est à l'origine et dans les ressorts de son déclenchement basée sur une méconnaissance de l'autre et la priorité donnée à des clichés, des slogans, des caricatures mortifères qui condamnent les voies d'une approche rationnelle au profit d'un engagement bruyant dans la lutte partisane.
Ne pas voir , ou pire vouloir voir combien cette désignation de l'ennemi est omniprésente depuis plusieurs années, voire décennies, comme une sorte d'évidence, jamais contrée par un examen neutre et détaché des faits au niveau international et nourrie quotidiennement aux projections anglo-américaines et à leur monopole décadant et spectaculaire sur la "bonne" propagande ne peut pas libérer de son joug la vision manufacturée par le consentement autrement qu'en voyant accuser tout point de vue divergeant comme "pro" ceci, conspirationniste, fasciste etc..
On connaît la musique, c'est la même depuis un temps si long qu'on en vient à penser que c'est un excellent témoignage de l'appauvrissement général de notre culture. On va donc simplement continuer à lire, des textes "souterrains" , à écrire de ci de là car c'est la seule antidote à l'ulcère et pour le reste laisser le temps agir, avec son pouvoir, même difficile à percevoir dans les remugles explosifs du présent, de souvent, sinon toujours, ouvrir un passage vers "l'histoire cruelle" comme dit Zinoviev et sa vérité.EG