Au passage, on est tombé sur un post voulant réhabiliter Dostoievski et se servir de "sa littérature pour réécrire la Russie" quand l'ère Poutine serait ( enfin) achevée. Il va de soi que ces producteurs d'idéal sont dans les droits fils du franceculturisme et de sa propagande premium. Et, mis à part le fait que c'est une façon de revenir sur les censures abjectes dont toute la culture de ce pays soudain haï est victime, on a là EXACTEMENT ce que le dit Poutine refuse avec acharnement. Cette intrusion, omniprésente, légitimée au nom de "principes", supposés universels, dans les affaires nationales et les voies d'évolution de chaque nation face à son propre destin et à son histoire. L'idée elle-même de pouvoir impunément s'approprier cet auteur pour en faire une sorte de concept sur lequel penser "le changement" est une marque de violence sans fond et d'impérialisme culturel sans limite. Car tout de même qui a le "droit" de savoir que faire avec ses auteurs, ses musiciens et toutes les richesses et les spécificités de sa culture ? Qui sinon ceux qui la partagent comme leur bien propre ? En quoi cette appropriation et surtout l'idée que quoi en faire reviendrait comme de droit à cette (d)élite occidentale, différerait-elle des mains basses sur les richesses, les territoires, les cerveaux et du pillage propre aux beaux jours du colonialisme le plus éhonté ? On pourrait donc, de cette place de grands ordonnateurs du monde décider qui renier, qui renommer, qui aduler sans tenir compte des millions d'individus façonnés, pétris par ces auteurs ou artistes eux-mêmes ? La globalisation sous l'égide nord-américaine et avec les armes du capitalisme total est un mouvement qui pour se poursuivre, ne peut que laminer, aplatir, uniformiser, effacer les langues, les coutumes, les croyances, effacer les spécificités des liens sociaux, les écarts de points de vue et de représentations afin de faire dominer une unité absolue et un individu à la fois roi et esclave de lui-même jusqu'à la perte de toute consistance, mouvement uniquement possible à la condition d'avoir pu digérer toute effervescence contradictoire à son projet. EG