12.03.2022

Laissez venir à moi les petits enfants, car le royaume du marché est à eux

 

 
 La voie difficile à tracer pour contourner ou appréhender les méandres de notre époque merveilleuse oblige à un véritable TRAVAIL, au sens psychanalytique du terme, pour non pas démêler mais au contraire relier des "faits" où les diverses forces en action constante se soutiennent, se répondent sans cesse avec cette urgence de la médiatisation- marketing omniprésente et qui fait office de seule loi sans foi.
On peut tirer à nous le fil délicat de ce qui scandalise, sorte de symptôme, d'allergie servant de cache-misère, pointer l'outrage permanent qui est devenu la seule potion magique des esprits englués dans l'Empire du bien et le relier à ce qui a définitivement basculé dans les fosses de l'évidence, c'est à dire de ce qui ne choque plus et pire, ne fait plus rire.
La chasse aux sorcières et le haro mondial sur LE pédophile est un de ces fils, on peut le tirer un peu et surtout oublier le désigné coupable bavant devant "NOS" enfants, devenus par une sorte de miracle caritatif un bien commun, pour immédiatement pouvoir constater que les vrais
enfants ne sont plus le lieu protégé de ce qui nous suivra, à la fois débiteur et pourvoyeur de destin et de responsabilité, mais que à tous les niveaux des majeures crises psychotiques de notre époque formidable, les "enfants" ont tous été avalés par la bête immonde ; rendus "malades" et sources de savoir-supposé de psychiatres internationaux aussi subtils que des tractopelles reconnus à leur sens du pragmatisme et de l'utilitaire, condamnés à porter comme dire sur leur être le poids de ces fast-diagnostics qui les amènent à se ratatiner dans des molécules qui les incinèrent vivants dans ce qui se dit d'eux et qu'eux-mêmes sont condamnés à devoir dire d'eux-mêmes en quelques acronymes que tout le monde fait semblant de maîtriser ; enfants incapables de pouvoir s'appuyer sur un monde adulte qui débande vingt-quatre heures sur vingt-quatre et ne supporte pas de se voir supplanter dans son infantilisme par ses progénitures et leurs besoins ; hordes d'enfants reclus dans l'univers surchargé de dioxyde de carbone stocké avec zèle derrière tous les masques, les vrais et tous les autres, reclus dans leurs maisons étouffantes, reclus face à leurs écrans minuscules qui donnent toutes les réponses aux questions qu'ils ne peuvent plus même se poser, reclus sur un spectacle sans tenue, sans bord où tout doit être "ludique" mais où personne n'est à même de faire face aux débordements que cette impuissance adulte à poser des balises génère, dedans ou dehors ; enfants tenus de mentionner pour la galerie les affres de leur quête du genre et ingurgitant des substances qui les déshumaniseront à vie avec l'accord pervers de leurs parents ou sans lui ; enfants pris dans les crocs de la VENTE, de la promotion, de la concurrence, des mains invisibles d'un marché qui les pelote sans cesse devant ou derrière jusqu'à ce qu'ils aient le sentiment que c'est eux qui le choisissent ; enfants détachés, fruits des désirs d'individus en mal de norme, envieux de la vieille hétérosexualité reproductrice et clamant que eux aussi y ont droit, pourquoi, pour qui sans réponse, comme une des caractéristiques de ce qui couvre toute demande au nom des "droits humains" panacée des rituels de la surface ayant tout perdu de son fond ; enfants, fruits de copulations vagues, issus de rencontres impossibles et de programmation génétique peaufinée dans le détail afin de complaire à l'usager, errant, une fois éjectés à la surface, dans du discours orthodoxé sur leur raison d'être et formatés à le recracher mot pour mot afin de pouvoir se tenir face aux hordes réactionnaires à l'affût ; enfants condamnés à s'isoler les uns des autres pour ne pas contaminer leur univers déjà complètement putride mais aspergé régulièrement d'eaux florales qui donnent une sensation de bien-être; enfants envisagés comme des " graines" à incuber, seuls au monde dans leur matrice en plastique afin d'épargner les douleurs de la gestation à leurs commanditaires aisés ; enfants restitués à l'adoption parce qu'ils ne correspondent pas aux attentes, trop ceci, trop cela, au suivant ; enfants à qui on supprime l'école, c'est à dire le lieu où l'autre peut être incorporé, où se nouent les premières passions et parfois la passion de comprendre parce que, soyons honnête, l'enfance n'a rien à apprendre de personne parce qu'elle n'existe plus que dans des dossiers numérisés et dans les éclats de quelques dames patronnesses en mal de rédemption.
Comme le dit notre bien aimé Philippe Muray, dans l'Empire du Bien, il n'y a QUE le bien, et tout autour un grand vide.
La petite excroissance du pédophile évidemment grattant de près l'incestueux enfin mis à jour, n'en fait que démanger plus lorsque la culture dans son ensemble est devenue un ramassis informe de possibles tous identiques et tous n'existant que dans une aspiration à être "autres", à être "transgressifs", à choquer la "bienpensance", alors que tout, âge, sexe, est nivelé avec obstination pour stimuler la croissance et approvisionner en chair fraîche le marché et que au fond, ça n'a pas d'importance, une culture infantile, incestueuse et pédophile, matriarcale sans le savoir, baignant dans son propre jus depuis trop longtemps pour même pouvoir se souvenir qu'il y a eu, il y a longtemps mais pas tant, des temps où ce qui crée le miasme, la pénétration des toxines dans les esprits jusqu'à les paralyser entièrement, pouvait en quelques sursauts d'évidence logique, en quelques évidences de tenue morale, faire pour chacun la différence. EG

 

Petit conte amiénois Dixième partie