12.14.2022

Pièges à filles

Pièges à filles.
 Remarques sur l'urgence d'un féminisme réactionnaire
 


Pièges à filles.

Si un animal est pris au piège, sa seule solution est le brutal arrachage, au prix du choix d'une douleur gigantesque et du sacrifice d'une partie de son corps. Il n'a pas à comprendre le fonctionnement du piège à pression pour pouvoir tenter de s'en libérer ni à analyser la psychologie du piégeur ou à comparer les diverses offres de pièges sur le marché. Le mal est là, le mettant face à un danger vital et sa seule issue est de s'en extraire, au prix d'un moment de réajustement complexe de ses ressources et de ses stratégies de quête de nourriture.

Le mode de pensée militant de type victimaire n'offre pas cette solution radicale face au danger vital qu'il véhicule. Il n'est pas d'arrachage possible, sauf peut-être pour certaines âmes un peu simplettes attirées par la mise en forme totalitaire et enclines à ne trouver leur place que dans le binaire.

Le piège en question est d'autant plus redoutable qu'il n'est pas de moyen de le contrer, de s'en séparer sans devoir, absolument, se justifier de n'être point porteur des stigmates de la "réaction", d'avoir un penchant pour le vert-de-gris, etc. etc. c'est à dire de se voir opposer tout un florilège d’appellations hautement contrôlées pouvant être plaquées, placardées sur n'importe quelle formulation d'un doute sur l'honnêteté intellectuelle et les fondements secrets du Grand Geignement, sur son lien avec les faits, sur les marques de l'oppression au quotidien vécues par les Plaignants, autrement dit sur la nature de vérité du fond de leurs griefs.

Nature de vérité, qui devrait questionner au moins les bénéfices, dits secondaires, à cette posture victimaire, et surtout sa qualité de plainte pouvant être infinie, jamais close, parce que répondant en terme d'agression uniquement externalisée et générale propre à un "système", qui, pas de chance, se trouve aussi être représenté par la totalité de la moitié du genre humain, soudainement haï, infâme, violent et dispensateur de tous les maux sous toutes les latitudes elles aussi indifférenciées.

La métaphore de cette même "vérité" portée par l'idée que quelle que soit la doléance de la victime et ses accusations, elle a, en tant que telle forcément raison sur son ennemi et doit être, au sens propre "prise au mot" est un bel exemple de ce qui, dans ce système clos et sans issue possible est devenu indiscutable sans plus avoir à être discuté : c'est à dire sans la prise en compte des méandres des motifs, intérêts, projections, mobiles du passage à l'acte, présents de part et d'autre du barreau social.

Les dents du piège ici, sont dans la morsure du fait que, si est évoquée cette réserve, cette nécessité de sortir, à la fois par l'appréhension de la complexité de toute situation interpersonnelle et par la mise en avant d'un espace de réserve demeurant par nécessité aussi un espace inconnu, le duo, victime bourreau, miroir révélant à la fois une sorte d'impasse absolue mais aussi une fascination, une capture, se referme en projetant l'émission de ces réserves du côté d'un des deux jugements, celui du mauvais bien sûr, assimilé sur la plan de la démarche intellectuelle à une forme de maintien dans l'obscurantisme.

Ce type de posture est à mettre du côté de ce qu'on peut qualifier d'un matriarcat en gestation, passif-agressif pour reprendre la nosographie approximative de nos amis d'Outre-Atlantique, c'est à dire d'un pouvoir pris sur toutes les situations quelles qu'elles soient ramenant les oppositions, les rejets, les critiques, autrement tout ce qui est supposé mettre à jour le fond et ses recoins obscurs à une unique et miséreuse question de persécution où le persécuté est toujours du même côté du fantasme. C'est comme l'advenir au rang culturel d'une des caractéristiques de la psychologie dite "féminine" où l'alliance de l'exercice du pouvoir est mêlé à l'appel masochique et où c'est cet appel même qui valide le statut de persécuteur de celui à qui, par l'effet de censure et de claustration que la posture victimaire implique pour survivre, aucun autre rôle n'est accessible.

De ce face à face, à la fois en forme d'impasse et taisant la dynamique de castration sous-jacente sous les falbalas du gémissement sans cesse renouvelé, peu de choses sensées ne peuvent émerger.

Si en effet la violence, toute, est attribuée à une seule partie de l'espèce humaine, si l'exercice et la séduction de l'exercice du pouvoir sont décrits comme n'étant qu'une affaire de "masculinité", les femmes ... Qui ? Lesquelles ? c'est un autre histoire... sont condamnées au moins dans le fantasme collectif, à demeurer passives, c'est à dire à n'avoir aucune prise sur leur propre destin autre que celle de l'émasculation du mâle, qui ? lequel ?. Elles y sont "toutes", dans cette omniprésence du geignement, dans le fait que c'est la reconnaissance institutionnelle, par qui ? de ce geignement lui-même qui marque une sorte de victoire de la cause et d'advenir ultime mais est une prise au piège de leur "nature" supposément définie uniquement, dans un dénuement sémantique affligeant, dans un ennui dont on se demande comment elles lui survivent, par l'oppression et bien sûr l'oppresseur éternel qui l'exerce.

Ce que ce matriarcat qui s'impose insidieusement, c'est à dire sans évidemment jamais dire son nom ni la nature vengeresse et envieuse de sa quête et en se légitimant uniquement à travers un statut de victime éternelle, c'est peut-être la plus grande destruction de tout ce qu'être "féministe", pourrait sous-tendre : la capacité à favoriser absolument, magistralement la créativité de chaque fille, à lui ouvrir tous les champs socio-culturels possibles, et ce en luttant contre ce qui l'en détourne à son insu, ce non au titre quantitatif d'une statistique de bienséance intégrative et égalitariste faussée à la base mais au prix de ce discours "au nom des femmes", émis avec un pénis sanglant dans la bouche, au prix de ce qui couvre cette vérité énoncée plus haut qui est toujours à chercher dans la réalité et non dans les clichés idéologiques, et surtout par la prise de conscience, comme il est de bon ton de le formuler, que parler de cette Femme éternelle victime évidemment passive à la recherche d'un Graal dont elle ne connaît pas la nature, c'est invalider ces destins de filles créatives, indépendantes des comptes à rendre à l'imaginaire de l'oppression masculine mais questionnant sans repos ce qu'il en est de l'humain. Ces filles qui refusent que qui que ce soit, sous prétexte qu'elle a entre les jambes un appareil génital identique se pense autorisé à parler "en son nom".

L'impasse, matérialisée par certains prix attribués comme des évidences, c'est que cette même créativité, asséchée aux violons revendicateurs ne révèle que sa misère, la clôture désespérante de son discours sur lui-même, et le filon que cette plainte qui l'excite et la nourrit représente pour toutes les écri-vaines en mal d'inspiration à qui on a envie de demander ce qu'elle aurait à dire un fois les oripeaux victimaires brûlés au bûcher d'une sorcellerie libérée. EG