6.26.2023

Cher Peuple informé,

Cher Peuplinformé,

 Nous sommes encore, nous sommes toujours sous le règne de "l'information" distillée pluri-quotidiennement par des professionnels.
Cela s'appelle le "journalisme" et on y croit !
Comme le fidèle recevant la bonne parole émise pour la santé de son âme par le prêtre officiant au nom du dieu qui semble le plus plausible, on n'a pas encore compris, ou pas encore voulu comprendre que cette oligarchie du bien penser tient sur le fil de notre bêtise, naïveté, habitude, paresse et que ce qu'elle distille ainsi, n'est RIEN de plus, rien de mieux que ce que nous pouvons parfaitement aller glaner nous-même dans l'outil le plus démocratique que l'humanité ait jamais eu à sa disposition : Internet.
Ses vannes se referment, une à une, il est donc recommandé d'en faire bon usage avant que cet excès d'autonomie ne soit réduit, par le nettoyage effectué par ses agents en chef, à sa plus simple expression.
C'est ça qui est magnifique dans Internet, ça aussi qui comme dans toutes les révolutions était à l'origine un des principes essentiels, idéalisé, de libre accès de tous à toutes les connaissances possibles, mais c'est aussi ça qui continue à pouvoir être disponible mais que tous ou presque continuent de croire détenu seulement par quelques nouveaux prêtres de la communication dont ils reçoivent les "scoops" " buzz" et autres foutaises comme le pain béni de leur accès à la connaissance totale.
Cher peuple, dites-vous ceci : aucun des passe-plats qui vous vomit ses poncifs à l'oreille ne sait PLUS ou MIEUX ce qu'il en est des FAITS que vous, c'est à dire qu'aucun n'a comme pouvoir que celui qu'il s'arroge de DISCUTER de l'écume, de l'enveloppe, fournie en quelques mots au monde entier par les quelques agences de presse internationales, elles aussi dramatiquement limitées dans leurs outils d'investigation et elles aussi soumises aux mêmes quotas d'info, ciblées, triées, appauvries jusqu'à ne plus pouvoir donner les moyens de démêler le vrai d'un faux omniprésent mais pas même en mesure de s'identifier comme tel.
Nous sommes dans l'ère d'une réalité qui se détient par les quelques élus autopromus qui baignent tous dans la sphère sans oxygène du pouvoir centralisé de la misère dialectique et qu'ils ont le pouvoir de travestir, créer, évoquer, en fonction des diverses rentabilités et opportunités de leurre qu'elle offre. Lorsque un tel ou une telle se pose comme "commentateur" d'évènements dont il ne connait rien de plus que ce que vous, récipiendaire, pouvez aussi connaître sans jamais avoir dû l'écouter, ce qu'il s'arroge comme droit, que vous lui concédez parce que vous n'avez pas encore compris que tout ceci n'est qu'un lustre, un système d'effet de manche sans aucune espèce de légitimité, c'est le droit du point de vue, le droit d'opinioner, rien de mieux, et le droit du point de vue n'a rien à voir avec la maîtrise et la connaissance. C'est à dire que ce à quoi vous avez accès, c'est simplement l'illustration permanente d'un conditionnement que rien des faits, eux inscrits dans la profondeur insondable et complexe de la réalité, ne viendra jamais modifier en s'ajoutant à leur histoire. On peut nommer cela : en rajouter une couche. Rien d'autre.
Les véritables enjeux ne sont que des enjeux de points de vue prédéterminés, manipulés avec une simultanéité épatante, par quelques dizaines d'individus tous enclos dans le même cercle depuis des générations, émission, diffusion, ne sortant JAMAIS de ce cercle où toutes les décisions se prennent en apnée et où tous les conflits, les rébellions, les exposés, les manœuvres incessantes pour la "visibilité" et les magouilles secrètes inhérentes au pouvoir ne s'autorisent que d'être mis en scène avec des acteurs déjà connus de vous mais sans vous.
Il est nécessaire d'y maintenir une pression sémantique et discursive constante, qui permette à l'auditoire de lui aussi prendre parti sans jamais éreinter sa logique partisane ni son sens si péniblement acquis de la clairvoyance politique.
Ce qui demeure affligeant, c'est que malgré la quantité d'évidences de la fragilité de cette posture informationnelle et de sa rupture déontologique massive et massivement avérée, malgré la légère nausée ressentie au détour de la corruption et des limites intellectuelles de ses sbires, malgré le spectacle sans cesse reconduit des affabulations, manipulations, mensonges, ignorance crasse, inculture, qu'elle ne manque pas d'offrir, le pékin de base continue de croire que ces passe-plats pourraient lui APPRENDRE quelque chose qu'il ignorerait, par nature, par essence ou par autre qualificatif le destinant à croupir au fond de la Béotie comme au fond d'une évidence.
Nous avons sous les yeux un des actes de ce spectacle étouffant de leur abus de pouvoir structurel avec "la" Russie. Avec aussi les collusions incessantes entre les organes de presse et le pouvoir politique, mélange maintenant impossible à identifier de deux "corps" corpsrompus et métastasés ou rien ne peut se reconnaître de qui dit quoi et de qui tire les ficelles du discours.
Coupons le mirage en allant chercher nous-mêmes ce que le monde peut ou veut bien nous dévoiler, autrement dit, prenons la peine de déposer ces porte-paroles du vide et de croire en notre propre capacité à comprendre, avec le reste inclus de l'absence de maîtrise qui la caractérise. On ne saura jamais tout, peut-être même ne saurons nous rien, mais personne n'aura décidé de la matière de ce rien à notre place. EG

Petit conte amiénois Dixième partie