7.27.2024

Pour Alléger les jeux.

Pour alléger les jeux

On va imaginer ce qui a disparu derrière les feux aveuglants de la rampe : les cages et derrière leurs barreaux la vie des vrais gens qui continue, malgré tout.
Les vrais gens à qui au bout des affres de la société du spectacle on donne maintenant en pâture des jeux mais plus de pain.
Des gens à qui on dit qu'ils doivent rester patients et attendre en silence que leurs institutions pourrissent sur pied sous peine de rater le meilleur d'un triomphe international régulé par les mafias centralisées.
On va aussi imaginer que cette obscénité coûteuse et si idéologisée est tout à fait la cerise sur le gâteau du régime. Le choix fait d'une sorte de noyade dans la forme, sous-tendue par une volonté rééducative progressiste qui pose clairement le message d'une nouvelle ère et d'une nouvelle religion en se substituant avec tout le raffinement qui caractérise le culte woke aux référence culturelles traditionnelles et à leur immersion dans l'histoire.
Les Chrétiens et ceux qui ne le sont plus se disent scandalisés par cette caricature de la Cène, comme si le message était volontairement blasphématoire. mais tout comme la plupart des trans. ne donnent à voir que des artifices ridicules de ce qu'est pour eux la féminité, c'est à dire recluse à l'exhibition de quelques gadgets sans fond, cette "relecture" de la Cène est un simple outil, une toquade, un support rapidement lisible pour la démonstration forcée et abrutissante de la divine inclusivité.
On peut noter non sans un pincement de lèvres sardonique que le corps en place du "Prenez et mangez en tous" est celui d'une femme obèse. On pourrait développer la dimension quasi cynique du message, l'illusion d'un satanisme effectif, avec ses ruses, ses intelligences immaîtrisables mais il faut se replier sur des causes plus triviales où la finesse de la manipulation idéologique elle-même n'a pas de place. Ce message est donné sans arrière-pensée, il se contente d'appliquer les codes de "la" différence comme foi, tout comme n'importe quel conditionné pourrait appliquer des consignes affreuses sans y penser, c'est à dire avec toute l'ingénuité du croyant et sans la culture qui lui permettrait de rendre son choix plus dense, plus consistant.
Car, à part les innombrables effets de manche, les paillettes, les pets dans l'eau et leur coût exhorbitant, quelle est la prestation dans toute cette cour des miracles qui ait révélé un réel talent ?
L'exemple de la liquéfaction suprême est cette grande et poitrinaire chanteuse sans chant, toute revêtue d'or et copie conforme de ses soeurs nord-américaines mais incapable d'aligner deux mots à peu près cohérents et sans la moindre idée de la souffrance qu'elle inflige autour d'elle. L'autre est le prix démesuré de cette reprise de Piaf, qui montre qu'à part l'argent tout s'achète.
On est dans cette parade dans tout ce que l'Esprit de mode traîne en lui de structurellement sans structure, fait de vent et d'air du temps, et de contingent : Il s'agissait pour Paris, capitale un peu botoxée de la Mode, de mettre la barre du progressisme le plus haut possible en montrant ainsi qu'elle était, comme le veut l'imaginaire de son auto-promotion séculaire, un élève zélé du totalitarisme woke et un élève sans tabous, première dans la mise en pratique des concepts intégratifs tout-puissants.
Autre témoignage de notre aliénation nationale, même si cette "nation" a montré maintenant à plusieurs reprises qu'elle n'était pas ou plus le simple miroir déformant de l'élite consanguine parisienne et de sa furie à n'être faite, corps et âme, que de la rage d'être à jour sur le cahier des charges de la tendance devenue raison d'être et essence de chacun.
On peut supposer, avec tous les indices que donnent cette prestation à lire et leur complet refoulement de la réalité ghettoïsée et sordide des coulisses, que le témoignage de cette Nouvelle France imaginée par les progressistes avec ses fantasmes obsédants d'inclusivité révèle simplement la complète aliénation de cette même nation et de ceux qui sont supposés la gouverner à l'idéologie totalitaire progressiste anglo-saxonne, comme si, pour être au sommet de la vague les choix idéologiques, militants, prosélytes faits, parés des strass coûteux et des effets de style, ne pouvaient qu'être ceux-là, comme si le seul message envisageable pour se maintenir partie prenante de cet Occident malade ne pouvait qu'être cette caricature au propylène, comme si la créativité de l'artiste mandaté organisateur ne pouvait aller respirer ailleurs que dans les champs labourés quotidiennement de la propagande globaliste et de sa révolution anthropologique attendue.
On retrouve une nouvelle fois cette impasse contemporaine d'un discours si tenacement imposé que plus rien d'une expression personnelle ne peut s'en extraire, même phénomène de limites imposées d'inspiration et de clôture que dans les plaintes modélisées sans cesse renouvelées des néoféministes qui ne décrivent la femme qu'à travers elles.

La réalité de la misère laissée en pâture aux vrais gens, qui étaient supposés souhaiter eux-aussi faire la fête, accueillir le monde, partager dans l’insouciance quelques moments avec lui et qui ont été interdits de séjour dans leur propre demeure et réduits à survivre dans un zoo est une parfaite métaphore de ce que ce système et cette ère politique incarnée, au bout de son rouleau, par le président exhibent depuis des années : une vitrine sans personne attendu pour la contempler. Des défilés du 14 juillet sans public, des jeux sans public qui ne sont plus que la mise en scène d'une paranoïa du pouvoir ayant réussi enfin à gouverner le peuple en le rendant superflu et l'éliminant complètement de la scène.
La pression progressiste est telle que parmi ceux qui se veulent être partie-prenante du mouvement sous peine de perdre quelque chose comme leur visibilité moralo-politique et d'être basculés dans le camp du mal et l'obsolescence idéologique, ceux qui souhaitent croire qu'il y a un bon sens à l'histoire et qu'évidemment ils sont portés par lui, plus personne ne peut faire autre chose que d'applaudir au nom de son immersion dans la soupe néocapitaliste du progrès, dans les phtalates du changement, sans pouvoir même prendre le temps de respirer parce que c'est fait, ils n'ont plus aucune autre référence, esthétique, culturelle, politique à se mettre sous la dent et qu'ils ont été inoculés tant et tant à la médiocrité réflexive et à la pouffiasserie comme piliers de leurs existences, médiocrité réflexive et pouffiasserie qui nous amènent, tout de même,
que ceci reste entre nous, en se limitant à la France mais le phénomène est assez internationalement observable, à croire que Zemmour est un intellectuel cultivé, que BHL est un philosophe et à avoir fait d'un pantin comme Hanouna une sorte de martyr post-moderne, que leur seule protection contre la vassalité de leur âme et son formatage est la désignation du "réactionnaire"et du "fasciste", c'est à dire, simplement, celui qui sait que la république sans vertu est une dépouille*, qui a douloureusement compris que ceux qui sont supposés le protéger sont tous enfouis dans la corruption et la pléonexie, que ceux qui sont supposés le soigner ne lui veulent aucun bien mais espèrent qu'il dégage la piste au plus vite, celui qui s'étonne encore de l'ampleur des mensonges érigés en discours officiels et surtout de la naïveté de ceux qui y croient aveuglément, preuves à l'appui, le même qui doute du bien-fondé pratique de l'écriture inclusive quant à l'avenir des femmes, qui maintient contre vents et marées qu'il n'y a que deux sexes et qu'on ne peut pas passer de l'un à l'autre sauf au cirque et qui pense que donner des bloqueurs de puberté à des enfants est tout simplement un crime. Entre autres thèmes de son inépuisable consternation quotidienne. EG
*Montesquieu

In memoriam