Des prémisses possibles à Nicolas qui paye.
Les vagues de fond qui peuvent se ressentir à travers l'encore possible ouverture des réseaux sociaux au tout-venant, indiquent un basculement de la "bienséance", c'est à dire une reprise en main du droit à la parole de ce qu'on pourra qualifier de "classe moyenne", de "base", c'est à dire de tous les silencieux actifs et producteurs d'idées, de compétences et de richesses qui forment la dynamique matérielle et subjective de cette nation.
Osons le mot : NATION.
Car c'est dans cet éveil à l'affirmation d'une appartenance nationale stratégiquement reléguée dans les fosses de la "réaction", du "fascisme", ou du "racisme" et de toutes ces dénominations momifiées qui ont, comme effet immédiat, de faire que l'individu ainsi nommé se sent tenu de se JUSTIFIER, avant et au lieu d'exposer ses arguments et donc, comme première conséquence, depuis des années, d'écraser tout échange, tout débat dans l'épais jus des discours dits "haineux"pour, au bout du compte les faire taire, que semble se préciser, douloureusement, fiévreusement la renaissance d'une parole populaire.
La catégorie qu'elle incarne, composée des membres des groupes actifs ou ayant été actifs toute leur vie, percevant un salaire ou chef d'entreprise, artisans, fonctionnaires, retraités, montre par son réveil que la révolte qui pouvait concerner ce qu'on peut qualifier de "prolétariat", qui a montré lors des Gilets jaunes sa vigueur et son niveau d'implication, s'est élargie à la classe moyenne, anciennement qualifiée en fonction de ses revenus "petite bourgeoise" qui s'est vue ponctionnée, réduite, écrasée au point de devoir exprimer, à travers cette mobilisation des Nicolas, son exaspération face à l'injustice actuelle de la gestion gouvernementale et de ses priorités.
Sa volonté affirmée d'inclure ce mouvement dans une réappropriation nationale est également une réponse aux coups de boutoirs qui lui sont infligés depuis des années à la fois par l'idéologie globaliste, par l'Europe de Bruxelles et par la façon dont est traitée l'immigration de masse et ses supôts islamo-gauchistes sans que jamais lui soit demandé de donner son point de vue sur cette forme d'exploitation totalitaire, non armée mais équipée des moyens de propagandes tels que toutes oppositions à ces décisions sont transformées médiatiquement en signe d'appartenance à la réaction, à l'extrême-droite etc. alors que seuls ses ressources et sa dynamique professionnelle sont le coffre-fort qui est ouvert par les économistes du désastre.
C'est cette même classe moyenne qui, à travers la proposition d'arrêt de toute consommation, de tout déplacement et le signal fort qu'il s'agit d'un mouvement hors partis, hors syndicats et français, souhaite montrer que dans le paysage délabré de ce pays, elle reste le nerf vital qui fait tourner la machine et que si ce nerf est sectionné, le pays et ceux qui, aux deux niveaux extrêmes de l'échelle, en abusent et s'en nourrissent, simplement, disparaît.
Cette parole, s'est vue éteinte sous les pressions successives d'un esprit qu'on qualifiera d'"altruiste" par commodité, même si ses origines idéologiques sont directement issues du courant ultra-libéral et des diverses postures des lobbies théocratiques comme Davos ou des diverses Fondations caritatives ultra-puissantes nord-américaines.
Elle est celle de la Classe moyenne donc, entreprenariale, artisanale, indépendante, diplomée, compétente, soutenue par une valorisation commune des savoir-faire pouvant être
identifiés à une réussite personnelle et professionnelle, donc à une intégration dans
la dynamique socio-économique collective mais ne bénéficiant pas de tout le système d'aide sociale, ni de protection particulière, ni d'allocations diverses et qui est celle qui alimente, quasiment dans sa totalité, les budgets gouvernementaux nationaux et européens.
On a pu observer au cours des quatre dernières décennies un progressif basculement dans les représentations majoritaires touchant le "prototype" du citoyen modèle global, et s'originant évidemment dans l'imaginaire préfabriqué nord-américain.
Au Golden boy du début des années 80, issu du monde financier et devant son succès à sa ruse et à sa témérité plutôt qu'à ses études faisait face son double : le "looser", sous-entendant que nulle place au soleil du marché ne pouvait s'acquérir sans une solide réussite financière, s'est vu succéder une autre entité, elle aussi mondialisée qui a progressivement, mais avec une efficacité surprenante envahi tout le champ discursif, les représentations de soi, les façons de se dire et de se qualifier sur les réseaux sociaux et dans la vie quotidienne.
Le discours majoritaire, s'appliquant aux adultes comme aux enfants n'a plus couvert des compétence socio-professionnelles ou des traits de personnalité afin de les louer et de louer les succès de ceux qui les possédaient mais s'est en quelque sorte replié sur lui-même, aidé en amont par l'offensive médico-psychiatrique de l'Evidence based medicine d'outre-Atlantique, développée dans les années 1980 à la Faculté de médecine McMaster, au Canada.
Les "gens" ont appris à médicaliser leur image.
En à peine deux décennies, ils ont plongé dans les diverses nomenclatures bio-psychiatriques offertes, renouvelables par l'expension des DSM successifs et de ses diverses branches internationales.
La facilité avec laquelle toute la terminologie "neuro-psychologique" pour se présenter et même se penser ou penser ses proches s'est imposée demeure le plus surprenant, sauf à envisager une bascule des mentalités et des idées forces touchant les rapports fondamentaux de l'Humain avec lui-même et sa façon d'envisager et de vivre son rapport au monde.
La nosographie biopsychiatrique nord-américaine s'est vue en très peu de temps appropriée par le commun, vulgarisée, avec conviction pour chacun comme un moyen de se trouver soi-même, et surtout, d'avoir le sentiment de pouvoir se reconnaître et de pouvoir se dire, appuyée en ceci par des "thérapeutes" sortis du bois sous toutes les formes possibles, et sur la codification des diagnostics, finalement aussi efficace qu'elle est caricaturale, portée sur toutes les difficultés d'apprentissage à l'école , des vicissitudes de l'existence, ou des comportements manifestement compliqués à "intégrer" à tous les âges de la vie.
Ce mouvement, de nature anthropologique et global, au sens où l'Occident nord-américanisé s'est accaparé tous les devenirs planétaires, a promu un rapport complètement modifié à des entités éthiques comme " la responsabilité", la "liberté", l' "autonomie", impliquant , par l'objectif pour chacun de leur maîtrise, une vision du devenir adulte comme devant se rendre indépendant dans tous les champs de son existence.
Cet "adulte", étymologiquement ayant atteint une "perfection", représenté par une forme de solitude "acquise", face à son destin et gage de sa maturité dans ses choix, ses décisions, s'est vu soudain devoir faire appel ou devoir se référer, pour tous les domaines de son existence à des "coachs", à des "influenceurs", ou, comme évoqué plus haut, à des "thérapeutes". Il a également été, et s'est lui-même relégué à la traine de diverses figures médiatiques à "suivre".
Il s'est également vu, dans le contexte de ses compétences professionnelles soumis à un déluge de notices, de textes, de contrôles, d'évaluation permanente de ses performances, supposés, tous, le mettre a priori dans une situation d'inaccomplissement postulé, de nécessité de "changement", d'"évolution" de ses pratiques et, plus redoutable, de sa personne elle-même.
Donc, postulé, défini, comme "non-fait", en constante voie de bonification, d'achèvement mais poursuivant par devoir des buts jamais formulés.
On pourra relier cette absence de dissociation entre la personnalité et les performances avec le pudique mais fatal "It's nothing personal" qui s'assène comme la sanction rationnelle, objective "légitime" au moment des licenciements et tente de dédramatiser en dépersonnalisant au mieux les causes du renvoi afin de ménager les subjectivités.
Cette forme insidieuse d'infantilisation généralisée, tout enveloppée qu'elle s'est présentée par l'aura des "tendances"est postulée comme incontestable parce que nécessaire et liée au cours des choses, et sans doute, effectivement, peut-on aisément imaginer que tout un chacun sur son chemin ait besoin à tel ou tel moment de son existence de conseils ou d'aide, pour vouloir ou devoir recourir à ce type de professionalisme de l'assistance, ce qui n'implique pas que ce même professionalisme se doive d'en recouvrir tous les champs à tous les moments et dans toutes les situations, comme une sorte de rouage obligé sans lequel le système ne fonctionnerait plus et qui a progressivement placé entre cet "adulte" et son environnement psycho-affectif toute une horde de "spécialistes", d'"experts", supposés maîtriser mieux ou plus les aléas de l'existence et pouvoir les éclairer de leur expertise.
On peut assimiler ce déploiement d'instances tierces "thérapeutiques" au sens large, à des formes de guides, de recours, d'anesthésiants ou d'édulcorants aisément joignables et identifiables servant de référence et d'intermédiaire à des individus sans possibilité d'avoir la moindre maîtrise sur l'origine de leurs situations ni sur les générateurs de ces mêmes situations.
Ils ont un peu la même fonction que les créateurs de slogans ou de spots publicitaires. Mettre entre le producteur, initiateur, concepteur et le consommateur une couche imaginaire à laquelle ce dernier puisse s'identifier ou identifier certains de ses besoins et de ses aspirations et adapter, en retour ces mêmes aspirations à la dure réalité du produit.
maintenue silencieuse sous le poids du mythe de la vulnérabilité, présentée, imposée comme élément de référence de toute l'organisation économico-politique et éducative des quatre dernières décennies semble renaître des cendres de la culpabilisation constante de devoir se justifier, là aussi, d'être intégrée, dynamique, créative, à peu près saine d'esprit et capable de jugements autonomes, autrement dit de faire montre d'une santé sociale qui est pointée du doigt comme un "privilège".
Tout le discours autour des multiples formes de la marginalité et du handicap, des nécessaires mouvements d'entraide, de la solidarité, de la "bienveillance" comme outil pédagogique, de la culture psycho-cognitiviste comme carte d'identité, de l'accueil des détresses du monde entier, concourt, sous toutes ses formes, à développer l'omniprésence du faible, de la faiblesse, de la fragilité, du "trouble" sous ses appellations renouvelables à l'infini ou presque, non seulement comme seul point de référence mais comme "norme", même si ce terme et repère a complètement disparu du discours en tant que base de référence socio-culturelle, sauf lorsqu'il s'agit des normes imposées à toute production quelle qu'elle soit, par les marchés néolibéraux globalistes ou qu'il se réfère à une majorité et la connote d'un sous-entendu péjoratif comme dans l'hetero-normativite ou la neuro normativite.
Ce culte du "handicap", au sens large, qui succède à la rage de vaincre et à la réussite comme mantra il y a une vingtaine d'années et qui s'opposait aux"loosers" s'est insidieusement imposé comme référence et comme aune des besoins de tous. Ses formes d'omniprésence les plus actives se rencontrent dans les diverses manœuvres de "l'inclusion" scolaire, et ont comme effet, non-dit, évidemment, et impossible à évaluer rationnellement, occulté qu'il est par la chape de béton médiatique et politique moraliste omniprésente, de reléguer l'espace social "moyen" au rang d'un groupe mutique, supposé n'avoir aucun besoin, aucune légitimité.
Le même phénomène est perceptible dans le matraquage identitaire minoritariste où seuls les groupe identifiés comme relégués, marginalisés, exclus, auraient l'apanage des revendications et des luttes légitimes, pouvant aller jusqu'à contester la réalité même de ce qu'on peut qualifier de majorité, en tant que celle-ci demeure, qu'on le veuille ou non, le meilleur témoin des formes les plus palpables de l'esprit du temps.
Cette idolâtrie du faible, également manifeste dans les postures victimaires du néo-féminisme, comme si seule la victime (de quoi, de qui ?) était digne d'intérêt, est un des rouages les plus pernicieux de la forme imposée de léthargie politique dans laquelle s'enfonce l'Occident.
En effet, si toute l'énergie est focalisée sur l'âme philanthrope collective, réveillée quotidiennement par les causes où s'investir, elle s'absente de la réalité des processus de production, d'entreprises, de compétition, de création, qui demeurent, quoi qu'on en veuille, aux mains de ceux qui sont partie et essence de cette même majorité et combustible indispensable de son évolution.
La médaille des aboutissements peut s'afficher au cou des élites qui initient les discours du pouvoir et des priorités, laissant l'Homo-faber aux prises avec sa propre vie, devenue, par sa relégation, invisible puisque fondue, confondue avec le marché, quand la dimension humaine est concentrée uniquement sur ce qui s'offre de plus improductif et de plus faible à la société.
La vulnérabilité comme valeur de référence peut sembler un pas vers un humanisme abouti, elle n'est que la matière première de tous les abus de pouvoir de ceux qui le détiennent pour déresponsabiliser, décentrer, dévier la réalité active de la société.
Elle ôte également de la possession de ses moyens, de ses volontés, de ses choix, l'image d'un "citoyen" , noter combien ce terme a perdu de poids à l'user sur les bancs de la représentativité décadente, pour atténuer ou taire sa parole concernant ce qu'il en est de sa propre vie.
Le rouage mortifère qui entraine tout le mécanisme de relégation est celui de la pitié, seul sentiment supposé être acceptable face à la minorité, quelle qu'elle soit, pitié qui n'est qu'un des masques du mépris et qui est le pire lien qui puisse se dessiner entre les groupes ou les individus.
C'est une question de niveau, de hiérarchie tacite : nul besoin autre que de se pencher sur l'autre si il est décrit et se décrit comme "vulnérable", c'est à dire nul besoin de le regarder dans les yeux comme un autre à part entière, un interlocuteur, un pair, un confrère, un égal, dont le poids de la parole pourrait, simplement, avoir quelque chose à vous dire.
Ne soyons pas surpris que ces temps nébuleux soient surplombés par des figures philantropathes comme Gates, entre autres, ou si les représentants élus exerçant le pouvoir semblent pouvoir se plonger dans des marais putrides sans éthique et sans foi : lorsqu'en face de vous, ne siègent que des mal en points, des faibles, étant centre apparent d'intérêt permanent, se disant, se revendiquant tels en se parant avec une sorte de zèle masochique de toute la nosographie du pathos DSM, lorsqu'en face de vous ne s'émet que le discours victimaire, comment et pourquoi et surtout à qui ces individus ayant contribué avec une telle application à l'impuissance collective, auraient-ils des compte à rendre ?
Cette vogue, vague de vulnérabilisme, fortement intégrée comme mode d'être, traitable aux molécules et au foisonnement des "thérapies" et de ceux qui en vivent, est l'état idéal de la léthargie intellectuelle et politique, le fruit des années de centration égotiste de l'Individu auto-généré sans racine ni passé qu'a créé le post-modernisme.
Ceux qui sont castrés, aphonisés sont tous ceux qui sentent ou savent que le désespoir qui les habite n'a rien à voir avec une "vulnérabilité", même si l'appareil de manipulation est tel qu'ils peinent à identifier, ailleurs que dans une réponse génétique ou neurologique, la source de leur mal être.
Ce sont ceux qui font "ce qu'ils peuvent", si possible bien, conscients qu'ils sont les rouages de toute l'affaire, même si ils ont la sensation, à chaque fin de mois et à chaque nouveau matraquage d'information, d'être plus coincés et écrasés par les engrenages que membres essentiels de leur mécanisme.
Celui qui est élu depuis si longtemps, a effectué, lors de son premier mandat et avant de nous conduire à l'abattoir, une visite à un marchand de primeur auquel il a adressé sa bonne parole, puis il lui a serré la main, comme marqué à l’alinéa quatre du manuel de la démagogie, avant de regagner son véhicule où son chauffeur l'attendait. Ce qui a été filmé ensuite n'était pas supposé devenir visible par tous et le signe de ce que chacun, ici, là, est VRAIMENT pour cette élite putride.
L'individu sus-décrit a, immédiatement assis, sorti une lingette de sa poche et essuyé, méticuleusement, sa main afin d'y ôter les miasmes contaminants de celui qui n'était rien.
EG