On pourrait prendre cette crise monstrueuse de l'abattage de tous les bovins "à risque" sous la directive bruxelloise dans le scénario de la D comme illustration du fonctionnement bureaucratique de tout un système de pouvoir s'exerçant au seul vu du renforcement permanent de sa propre légitimité.
Ce qui nous étrangle, nous étouffe, nous réduit à une sorte d'incarcération humiliante dans une geôle impossible à circonscrire, matérialisée par des séries de directives, de régles, de consignes, de normes, d'injonctions toujours plus contraignantes et dont personne ne mesure jamais les effets positifs sur sa propre vie, qui s'imposent à la fois sur les individus formant groupes et sur le "peuple", prend forme et se répand à travers l'exercice d'un pouvoir validé depuis plusieurs décennies par le mythe de l'Expertise.
Cette sorte de récente Icône, reliquat post-moderne des quêtes métaphysiques qui l'ont précédée, à laquelle est accolée celle du "Progrès", et de la "Science" qui lui est structurellement liée, incontournables, maintenant complètement identifiés à la marche du temps historique et devenus une sorte de rail de la mondialisation et de ses prêtres dont il nous semble impossible de dévier.
Mais ce culte relativement récent, inspiré de la place de la "science" comme option religieuse réécrite au modernisme est à l'origine d'un nombre énorme d'effondrements touchant les aspects de toute la vie de l'Homme occidental "de base", des formes de son insertion socio-professionnelle à son langage et aux aspects les plus intimes de sa vie privée.
Cet Homme, dans la vague de fonds ayant suivi la révolution néolibérale des années 80, aidée en cela par le maniement de plus en plus puissant des outils de la propagande, de la manipulation collective et par les effets secondaires d'internet, a, tout simplement, remis les clefs de son existence à du supposé-savoir détenu "ailleurs", validé par les "études" effectuées dans les laboratoires et les universités par les " chercheurs", dans les sphères inaccessibles des Grands Sachants.
Sphères en partie organisées autour du développement de la recherche scientifique comme tributaire des enjeux des monopoles industriels et des pouvoirs gigantesques de leur autonomie financière mondialisante, de leur promotion médiatique possédée et orientée par les mêmes réseaux et de la rencontre d'un monde psychologisé du sol au plafond comme sorte de suite à l'approche socio-économique dite "de classe" qui a fait long feu sous les multiples discrédits du libéralisme comme religion unique de l'Occident.
Poursuivant son vieux rêve des années 50, ( voir spike) ce glissement de pouvoir "au nom de la science" a commencé par attaquer méticuleusement les murailles de la famille : éduquer ses enfants ne pouvait correspondre aux savoirs scientifiques sur ce qu'on était supposé savoir de " L'Enfant", ni être simplement du ressort de la collectivité-communauté des adultes entourant ces mêmes enfants.
Il a été postulé, suggéré, affirmé à travers un martelage quasiment quotidien que nous qualifierons de mécanisme de "dé-connaissance", que ce qui était de l'ordre de l'éducation ne pouvait être soumis au tout venant, c'est à dire aux parents, aux enseignants mais devait faire l'objet de retour de laboratoires, donc de validation ou de suggestion imposées par l'Expert.
Tout le savoir tacite, transmissible ou simplement présent dans les façons d'aborder cet enfant nouveau venu dans la famille, c'est à dire entouré d'emblée par une histoire et le partage de compétences inter-individuelles, s'est vu décrédibilisé, voire condamné pour laisser place à la référence " incontestable" des publications sans cesse renouvelées sur la "bonne" éducation, ce de la grossesse à l'âge adulte.
C'est donc sur une sorte de doute omniprésent que les gestes ou les usages les plus ordinaires se sont vus relégués dans les fosses, maintenant ouvertes en permanence, de l'obsolescence, au profit d'un supposé-savoir qui quoi que l'adulte face à son propre enfant fasse, tente, n'était jamais appliqué correctement, ni assez appliqué, ni conformément appliqué d'autant que ces "découvertes" changeaient au rythme des " études" et des publications scientifiques dont le public était constamment bombardé.
Remise en cause du coucher, des repas, des attitudes éducatives, des modalités relationnelles, discursives. TOUT de ce qui lie l'enfant à ses parents s'est vu passer au crible de l'expertise scientifique.
Ce qui est sous-tendu là, comme dans les autres domaines que nous évoquerons ultérieurement, c'est une incompétence a priori postulée de ce qui transforme l'adulte acteur en public, en réceptacle passif, une nécessité imposée de relégation de toute forme de savoir autre que celui distillé par l'appareil idéologique mondialiste soutenu par le mythe scientiste.
Puisque TOUT savoir expérientiel est relégué au rang de pratique obsolète, la seule voie d'accès à une sorte de reconnaissance de ses propres pratiques passe par le suivi et l'application minutieuses de toutes ces informa-sciences qui valident dans le fantasme votre compétence parentale, étayée en cela par toutes les associations-relais, les lieux " d'accueil", les formations, tout cet appareil socio-rééducatif détenant lui aussi ce savoir et là pour initier, éduquer, rééduquer, le père ou la mère dorénavant isolé et surtout présumé ignorant face à sa tâche.