Les politichiens aboient, la caravane trépasse.
Comme tout pet lâché dans les eaux troubles du fil informationnel, la rencontre entre Zemmour et Glucksman a déjà quitté les titres.
Certainement parce que tout le monde savait déjà ce que chacun de ces politiciens allait dire, certainement aussi parce que les avis de ce même tout le monde étaient déjà tranchés et que ce qui a été exhibé était tout à fait dans l'esprit du climat politique actuel, c'est à dire uniquement un climat mais sans politique.
Bien sûr, nous avons eu les "commentaires" sur les prestations de chacun de ces gladiateurs un peu dégonflés, gros niqueurs d'ici ou d'ailleurs qui nous ont, une nouvelle fois, tout expliqué.
Mais l'ensemble de ce spectacle, au fond, si nous n'étions pas complètement abrutis par le délire, la miévrerie et la médiocrité du discours politique dont la forme hurlante, vociférante est devenue quasiment la forme normalisée, aurait dû nous alerter sur l'état de notre propre maturité politique, du niveau de nos attentes et de nos exigences, de notre conscience politique c'est à dire, c'est à dire nous amener à nous demander POUR QUI nous prennent ces types à plateau.
Pas l'un OU l'autre, pas celui-ci OU celui-là mais tous, tous qui s'autorisent à beugler sur leur ennemi-complice sans, sans du tout se poser la question de leur dignité, de leur responsabilité, de leur motivation à l'égard de ceux qui les écoutent et sont mis dans l'incapacité d'être pris suffisamment au sérieux pour qu'ils soient ceux à qui adresser la parole en utilisant l'opportunité de ce qui continue, au dépend de toute décence, de se nommer un "débat".
Après ces vociférations inaudibles, donc, les réactions passionnées des "fans" idéologisés jusqu'au trognon, qui n'ont pas encore compris, infantilisés qu'ils sont depuis les premières heures de leur carrière d'électeurs, que nous ne sommes pas dans une histoire d'amour, ni dans une guerre totale mais, encore pour un peu de temps, dans une démocratie où ce sont les capacités de fiabilité de la posture et la solidité de la mission représentative qui devraient primer sur les Zavis : écrasé, mis en PLS, mis KO... toute la batterie du lexique des arènes restant ce qui demeure du développement de l'esprit critique postulé de chaque citoyen...comme si citoyen voulait encore dire quelque chose.
Autre stigmate de cette infantilisation dont personne n'a vraiment conscience, la pratique du "commentaire" d'un journaleux quelconque, toujours grisé par sa propre voix sur les ondes, pris à son jeu de sachant rémunéré par en bas, là aussi totalement prévisible en fonction du médias où il vient gagner sa croûte et surtout, là comme l'évidence que nous, les auditeurs, le public, n'avons pas la capacité de nous faire nous même un avis sur ce que ces deux figures de l'apocalypse républicaine nous infligent.
Tout est à réécrire, à commencer par cette maladie du passionnisme qui nous empêche de garder une saine distance face à ces fonctionnaires du boniment, face à TOUS, qui n'ont plus même la volonté ni, pire, le besoin de se faire entendre pour exprimer leurs idées et leurs postures et où le mensonge est devenu la seule forme argumentative en usage.
Ce que nous souhaitons, pour ne pas presque mourir de honte face au niveau de putréfaction du débat politique, face aux postures radicalisées sans le savoir qui oscillent entre l'ignorance et la naïveté, c'est que cette masse puisse reprendre un peu de dignité et ne soit pas confinée dans les placards des sondages truqués, des taxes épuisantes, du mépris structurel, à qui, de cette sphère close et décadente, on offre sa dose de jeux pour lui faire croire qu'en hurlant avec les candidats au pouvoir sur son esprit, elle a encore une forme de liberté quand elle n'est plus qu'un public qui s'entredéchire et croit chaque jour au Père Noël partisan.EG