Le mouvement général s'opérant par l'intermédiaire des "campagnes" de persuasion devenues l'alternative à l'information et à son approche critique, balaye large et internationalement et cherche, à coup de financement de groupes dits "activistes", "militants" et de théoriciens mandatés à distribuer la bonne parole auprès des masses. Il s'agit d'obtenir par consentement éclairé, ralliement aux causes justes, l'adhésion des formes de rapport à la réalité aux modèles imposés comme légitimes et "progressistes", marchant "dans le sens de l'histoire" qui puissent lentement et à force d'un matraquage moralo-scientiste prendre la place de ce qui, sur le plan des valeurs partagées, pouvait sembler de l'ordre des évidences.
Ce régime pour lequel une partie des Français a voté et que les libéraux de tous acabits de la scène internationale ont soutenu, est le bras, pas encore armé, de ce projet de révolution anthropologique où seront repensés les rapports à la vie et à la mort, au sexe et à la naissance, à l'alimentation et à l'autonomie, à la parentalité et à l'identité, bref à tout ce qui caractérise les pôles mêmes de ce qu'on peut qualifier d'Humanité, tout ceci induit, poussé, fermenté-fomenté par quelques barbons thaumaturges et travaillé au corps réel et institutionnel depuis quelques décennies.
Les points de vue se déplacent lentement à la surface des valeurs, mais si ils perdent leurs arrimages à ces dernières, c'est à dire à ce qui à un moment donné de l'histoire est supposé déterminer le Bien et le Mal et se font et défont au gré des poussées médiatico-idéologiques, ils peuvent rapidement s'imposer comme de nouvelles évidences.
Hors religion, ce patrimoine de valeurs communes sert de simple lecture à ce qui peut permettre à une société de faire cohabiter en son sein générations, origines, sexes et cultures sans qu'une partie ne devienne bouc émissaire pour le bénéfice imaginaire de la préservation du tout.
On sent, les fantasmes d'euthanasie, entre autres visions du Progrés scientiste magistral, se faisant de plus en plus présents, que le prix de la vie, à l'opposé de tant d'autres biens mais mis sur la marché au même titre qu'eux, chute dans l'imaginaire collectif.
Sous-jacents, l'idée que comme nous sommes trop nombreux, un peu de régulation de ce qu'est l'existence et du droit à vivre sa propre vie dans sa totalité pourraient s'avérer une solution à tous nos problèmes.
L'idolâtrie de "la" jeunesse, les essais désespérés pour se refaire un corps tiré à quatre épingles qui brave les agressions du temps, les fantasmes d'une mort enfin maîtrisée et tout ce pataquès qui croit que le comment, c'est à dire la réponse technoscientiste à des questions qui ne sont jamais posées puisse se substituer au Pourquoi, c'est à dire à la nécessité métaphysique.
La dimension du temps comme matière subjectivable, c'est à dire de l'Histoire, individuelle et collective, comme optionnelle au profit d'une hystérie émotionnelle et immédiate constante entretient ce conditionnement et le leurre qui l'accompagne, d'une vérité enfin découverte, d'une reconstruction enfin accessible du Bien à l'égard de la vie qui laisse porter le poids de la faute au passé et à ses représentants, tous regroupés d'une façon univoque dans le chaudron de l'Erreur absolue et responsables d'y avoir survécu.
Le pas qui se franchit, dans cette mise au pseudo-débat de la vieillesse comme abcès à la toute-puissance, c'est celui qui attribuerait à une instance extérieure le pouvoir de déterminer quand ce qui fait la valeur d'une vie s'interrompt, quand ce qui "vaut d'être vécu" touche ses limites, décidées ailleurs, en dehors de l'expérience unique et insécable de l'individu vivant inéluctablement sa mort dès sa naissance.
Ce qui est impliqué dans cette liberté d'euthanasier, dans la progressive banalité de l'exécution qu'elle implique, caché derrière les bonnes volontés des Dames patronesses post modernes, c'est quelque chose comme une impatience structurelle, une incapacité à se projeter dans l'immaitrisable avec humilité et raison et la totale perdition de ce qui fait, dessine, détermine, une vie comme lieu mouvant devant se développer jusqu'à son terme, sacré et irréductible aux représentations qui lui sont contemporaines.
La vision totalitaro-libérale de l'Humain, comme matière quantifiable, maîtrisable, bonifiable, immortalisable et exécutable dans le même mouvement, attribue à des données statistiques et aux algorithmes devenus seuls outils de lecture de la tragédie humaine et du sacré qui la domine toute, la capacité à déterminer le moment de l'obscolescence programmée.
Ce vers quoi tend, insidieusement, ce mouvement c'est la gestion du cheptel et l'élimination des " stücke" une fois leur temps de validité épuisé. Rien de nouveau sous le soleil, pour la Nuit et le Brouillard, on change simplement de population.EG