8.30.2025

La chasse aux vieux N°6 ( Une suite sans fin)

 

La chasse aux vieux
Une suite sans fin...
Pas un jour où n'émerge un nouveau trait infâmant pour caractériser une génération ENTIERE.
Pas un jour où tout y passe, une génération entière entièrement coupable, cette fois même de la montée de l'insécurité.
Après le changement climatique, l'accès à l'immobilier, l'"égoïsme" et tout et n'importe quoi, qui au fond, dans le climat de mimétisme ambiant fait usage de preuve.
Qui aura le courage, l'honnêteté de s'avouer que quelle que soit n'importe quelle catégorie "biologique", aucun discours aussi haineux ne serait toléré sans faire l'objet de poursuites immédiates.
Qui aura le courage de démentir cette liste ouverte à l'infini où les fils tuent leurs pères en les accusant d'être la source de leur indigence ?
Qui dira enfin que comme dans toutes crises, l'objet de cette exacerbation de la haine est la manifestation de toutes les formes habituelles de sacrifice collectif, des Juifs jetés dans les puits à cause de leur responsabilité supposée dans la Peste, aux Sorcières brûlées parce qu'elles pratiquent des rituels hérétiques en des temps de'imposition de la Contre-réforme, en passant par les charniers des Tutsis ou la monstruosité quasiment génétique du Russe.
Qui aura le courage intellectuel de prendre le recul nécessaire et de se dire qu'il serait totalement irrationnel, pernicieux mais de la même nature abhérante, d'accuser les enfants nés en 1918 de ne pas avoir soutenu leurs ainés morts au combat ou les adultes de 1922 de ne pas avoir anticipé et stoppé la crise économique de 29 et pendant que nous y sommes, arrêté la montée du Nazisme ?
Là, cette fois, la victime expiatoire est à l'intérieur, une génération, entière, donc ,uniquement accusée d'être née quand elle est née qui est malmenée, détestée, rendue responsable de... tout.
Avec sous-jacent à la rationalisation, les ravages de l'Envie, bien destructrice, bien malsaine, passion des faibles et des indigents qui reprochent à l'Autre d'avoir ce qu'il ne possèdera jamais ou en moins grande quantité, ou d'une autre couleur, Envie qui réclame haut et fort la destruction non seulement de cet avoir mais de l'être qui le porte avec lui.
Un mythe, un conte sur un soi-disant bonheur antérieur, un Eden qui n'est qu'une sorte de pièce-montée des affres du capitalisme ayant échoué à créer l'Individu rassasiable et l'ayant transformé en Individu insatiable.
Ceux qui hurlent avec les loups du pouvoir global sont inconscients.
C'est à dire qu'ils continuent à prendre les vessies pour les lanternes de la vérité et, cadeau de la maison, d'exutoire à leur impuissance et à leur amertume encouragée, médicalisée, inventoriée qui les a fait passer des repas au Mac Do à la bipolarité comme dans un songe.
Ne pas avoir conscience du danger de cet élan stigmatisant, relayé par les médias avec un zèle aussi déployé que lorsqu'ils clamaient aux punitions exemplaires des non-vaccinés ou quand ils documentent les exactions des Russes, c'est faire preuve une fois de plus de ce qui, cette fois, nous a vraiment mené là où nous sommes : un élan presque vertigineux vers la bêtise et l'inculture de masse. EG
 

8.24.2025

Le politique et la Creuse

 Nous sommes tant habitués à ce bruit de fond qui nous recouvre et provient toujours de la même source : Paris, que ce soit dans ses injonctions, ses mouvements politiques,  sa vie intellectuelle, sa presse d'état ou sa presse indépendante, nous parle nuit et jour, qu'évoquer son histoire, ou simplement remettre en cause la légitimité de son pouvoir  sur la construction de l'Esprit du temps est à peine concevable.
Depuis, en fait, le XVII ième siècle, Paris, et l'effervescence culturelle des salons, lieux où se font et se défont les valeurs de chacun de ceux qui "comptent", où se partagent les idées en les validant,  ou tout à côté, le centre revendiqué par l'absolutisme de la cour, ont dessiné cette forme pyramidale, ou plutôt circulaire, d'un centre et d'une périphérie.
Que ce profil de la distribution du pouvoir décisionnel, juridique, culturel se soit imposé contre les résistances majeures de la population rurale ou urbaine des villes moyennes, qui alors constituaient la grande majorité de l'occupation du territoire, est rarement évoqué, tant cette forme de domination est passée, en quelque sorte, dans nos gènes nationaux.
Ce qui est également rarement évoqué, c'est l'aura de condescendance, de mépris et l'absolue certitude de détenir une forme de droit infrangible qui sert de carburant idéologique à ce pouvoir centralisé.
Il y a eu un prix, énorme, à payer pour en arriver là et d'une certaine façon, l'état de délabrement économique, intellectuel  de la nation qui peut se constater actuellement est, en partie, dû à ce mouvement d'imposition d'un pouvoir unique et central, qui, à ne plus renouveler ses représentants sur plusieurs décennies, à monopoliser complètement tous les flux informationnels, culturels, a fini par ne pouvoir sécréter qu'une sorte de soupe polémique à la place de débats éclairés,  une représentativité inapte et inepte, totalement désenracinée, des artistes convenus et médiocres et des animateurs presque illettrés comme seuls commentateurs de la folie du monde.
Ce qui, pourtant se nomme "le peuple", même sous les appellations insultantes que lui ont attribuées certains politiciens pourtant élus par lui, ou que certains réalisateurs  se sont permis de proférer en le qualifiant de "fin de race", est de toute évidence, la seule source de production d'énergie nationale.
Le clivage campagne.ville est ancien, mais dans le contexte de cette centralisation c'est un clivage beaucoup plus invalidant qui opère sur tout le pays : un centre qui légifère, et... le reste.
Ce "peuple", décrit comme étant "la" province est en fait extrêmement divers, tant sur un point socio-économique que géographique et tous les efforts de nivellement opérés depuis plusieurs siècles pour unifier, et surtout pouvoir encadrer les cultures et les pratiques dites "régionales"  jusqu'à les reléguer au rang de folklore ont avant tout amené ceux et celles qui vivent dans ces régions si différentes à douter, ou, pire à ne pas même imaginer pouvoir avoir à exprimer  ou adopter autre chose que les discours et les productions validées par la capitale.
La capitale, c'est la lettre majuscule placée devant chaque mot, chaque idée, c'est la lettre qui regroupe tous les pouvoirs dans un microcosme qui, comme tout regroupement humain, vieillit, au sens où ses ressorts moraux et intellectuels s'usent au profit des intérêts de chacun, pris dans son confort institutionnel  et son impunité et qui imagine que jamais RIEN de cette distribution du pouvoir ne saurait changer.
 
Or, il suffit de traverser :  haut bas, droite gauche, ce pays pour y voir, y sentir immédiatement que tout ce potentiel, toute cette histoire plurimillénaire est présente, active, et n'a pas complètement  été rendu silencieuse et stérile par la main-mise centralisée parisienne.
Il suffit d'aller y voir de plus près pour constater, que contre vents et marées, contre le martelage quotidien des médias d'état qui la relie à ce qu'on lui dit du monde, la "population" vit, évidemment, mais aussi pense et crée.
Surtout, crée, malgré les carcans administratifs qui l'étranglent et la castrent.
Et c'est de ceci dont nous avons, nous, peuple français radicalement besoin : de mobiliser les idées, les  projets, les aventures, les découvertes, afin de pouvoir retrouver ce qui, au fond est, l'essence même de l'espèce humaine : sa créativité.
Tout le système d'innovation, d'élaboration politique, culturelle  est entre les mains des trusts internationaux, majoritairement, depuis longtemps, imposés par les USA,  qui brident et orientent les objets d'étude afin de les adapter au plus vite au marché.
Leur pouvoir colossal est aussi ce qui freine toute initiative personnelle, tout grand "euréka" au profit de codes d'investigation  uniquement fournis par les divers monopoles dans leur poursuite d'un "Grand tout"mondialisé qui sont plié et modélisé sous leur volonté.
La "base", en ce qui concerne la France, est totalement contrainte, soumise par force à ne jamais pouvoir prendre ses propres décisions, ni à  expérimenter librement afin de trouver des solutions aux situations créées par ce système. 
Elle est réduite à faire partie des entités qui la désignent depuis quelques années par sexe, classe d'âge, race en ayant organisé les représentations des rapports entre ces groupes comme rapports uniquement conflictuels.
La mutité créative générée par ce pouvoir centralisé est palpable, évidente, permanente mais ne peut se dire comme telle, pris que ce peuple est dans l'idée que seule la petite politique, la politique politicienne est la façon de faire du politique, convaincu qu'il est que ceux qui parlent publiquement savent ce qu'il ignore sur sa propre vie, convaincu que les "partis" de cette même politique ont la main-mise sur ses choix et qu'ils les représentent.
Comment imaginer que ce microcosme parisien puisse savoir quoi que ce soit sur la vie d'un Creusois ?
Comment imaginer que ce même microcosme auto-reproduit, consanguin intellectuellement, puisse dans cette ignorance, ne pas exercer seulement un pouvoir arbitraire, technocratique, sur ce qu'il produit comme représentations sur le monde qui l'entoure, en absentant complètement la base pourtant élément essentiel et vital de ce même monde ?
Il faut pouvoir se dire, ou se rappeller en allant investiguer dans les soutes de notre histoire, que les communautés rurales et citadines, ont eu des fonctionnements et des régulations complètement indépendantes de tout pouvoir centralisé, que ce sont ces communautés "à taille humaine", défendant toutes, plus ou moins les mêmes valeurs, qui ont exercé pendant des siècles leur propre justice et leur propre loi, toujours adaptées aux conditions de vie, de survie de leur région, de leur "pays".
On a choisi la Creuse à titre de référence parce que c'est un des département qui est le plus victime des préjugés mortifères du "parisien type",  relégué à être le symbole du trou percé dans la France profonde.
Et le mot est juste : profonde, en opposition à la dynamique superficielle de survie citadine qui n'existe qu'à devoir se renouveller sans cesse pour se maintenir, qu'à initier et suivre au plus près la "tendance" la "mode", jusqu'à ne plus pouvoir différencier ses propres idéaux, ses propres valeurs avec ce renouvellement constant de ses penchants idéologiques. 
Jusqu'à ne plus RIEN avoir à dire, à se dire d'autre que sa soumission éphémère à tel ou tel sbire avide de pouvoir  ou à telle et telle tendance idéologique en mal de visibilité.
 
 
 
 
 
 

8.12.2025

Ce qui ne nous tue pas ... N°2

 


 
 
 L'intense travail de recherche autour des composants gustatifs, colorés, texturés, acoustiques de ce qui se nomme " ultraprocessed food" mise sur une des pertes collectives identifiables depuis une vingtaine d'année et fondue, elle aussi, dans les plis du "cours de l'histoire" : donc, assimilée au "progrès" dans ce que la bascule de l'agroalimentaire a effectué et continue d'effectuer pour devenir TOUTE l'alimentation et porter à elle seule TOUT le rapport de l'humain à sa nourriture.
Ces pertes collectives touchent, de fait, toutes les compétences, les savoirs, les pratiques jusque-là transmissibles dans le passage intergénérationnel ou dans le contexte des apprentissages, quels qu'ils soient : les savoir-faire  qui s'imposaient comme des éléments assimilables par tous ou presque tous et structurant les rapports à la vie quotidienne sous tous leurs aspects.
Ce coup de vent violent, qui tente de se prolonger avec le mythe-marketing d'une IA qui pourrait, elle aussi accomplir tout ce que le monde industriel et technologique a réussi à imposer lors des dernières décennies comme des "atouts", des "aides", des  "facilitateurs" mais, réussite ultime, jusqu'à pouvoir remplacer notre être lui même en tant qu'il est avant tout pensant et parlant, c'est à dire fruit des inter-relations symboliques, ce depuis ses toutes premières heures et jusqu'à sa disparition dans le silence absolu de la mort, a un à un posé, comme évidence encore, le fait que tout savoir-faire appliqué était avant tout du temps, de l'énergie et de la fatigue perdus pour... quoi ?
Pour le "fun", le "loisir", le "jeu", l'"entertainment" devenus l'âme elle-même de l'homo-consumeris, ce mode d'être supposé lieu seul où se feraient ce qui est hors contrainte, hors effort, hors temps passé, hors nécessaire concentration, hors indispensable anticipation, et qui ne serait qu'une source sans cesse renouvelée de plaisir.
Le gigantesque appareil révolutionnaire anthropo-logique-phagique a réussi, petit à petit à faire croire à cet homo-faber pourvu de mains et d'idées, créatif et agissant sur son monde comme marques de son essence même, que toutes ses actions pouvaient devenir plus simples, plus rapides, plus efficaces si "quelque chose" les effectuait à sa place.
Robots ici, robots-là, Alexia, GPS, et autres objets qui se sont imposés dans tous les aspects de la vie quotidienne et dont, malgré tout le battage qui est fait pour la promouvoir comme exceptionnelle, l'IA n'est au fond qu'un développement.
Et, donc, cet homo-faber qui, après avoir gaillardement taillé tout son petit matériel, se mêlait d'éplucher à la main quelques légumes, de peler quelques fruits et de vérifier si leur mélange pouvait convenir à ses papilles, s'est vu, parce que c'est fatigant, parce que cela perd du temps, parce que les femmes, supposées y consacrer leur temps ne l'ont plus, proposer que tout de sa nourriture soit fait ailleurs que chez lui.
Pas de temps à décomposer une recette pour prévoir les achats de ses ingrédients, pas de temps pour organiser cette recette et l'agrémenter d'un petit soupçon de talent personnel, pas de temps  pour ajuster, pour goûter avant de déterminer que c'est abouti : autrement dit plus de temps, là non plus, pour être acteur et faiseur de sa propre vie.
Là est donné, dans ces couleurs, ces saturations de sucre, ces moelleux sophistiqués, tout ce que, quoi qu'on en veuille, la nourriture n'est pas et n'a jamais été pour l'humain : une expérience solitaire et une simple consommation.
Ce qui permet de différencier l'ingurgitation, fut-elle médicalisée sur l'individu comme addictive, du repas, ce sont les étapes qui composent celui-ci et le fait, peut-être avant tout, qu'il est le fruit d'un travail et  l'objet d'un rassemblement, familial ou amical, qu'importe.
La disparition, au profit d'une fonction alimentaire, des temps de rassemblement du repas n'est pas évoquée comme source potentielle de ces accroissements dramatiques des taux d'obésité.
Pourtant il n'est que de sonder même superficiellement l'histoire de l'homme pour y déceler l'importance à tous les niveaux, dans tous les contextes, de la nourriture comme temps de partage, de mise en scène des hiérarchies sociétales ou familiales.
C'est aussi la marque de la précarité, du risque toujours reconduit de famine, et la réponse de gratitude présente  pour quelque chose qui n'est pas acquis d'avance et qui peut disparaître.
Comment imaginer que l'absorption de glucides empaquetées puisse jamais générer de la gratitude ?
Comment imaginer que ce type d'alimentation qui ne nourrit que la jouissance puisse être envisagé comme pouvant manquer jamais ?
N'est-il pas surprenant que la question de l'abondance comme caractéristique de l'Eden se matérialise depuis quelques décennies dans une outrance abjecte des quantités ingurgitées, des déchets, et en bout de cette course à l'industrialisation du plaisir, de la masse de ceux qui les absorbent, comme si cette même abondance n'était concevable que comme pouvant, devant, manquer pour induire ses propres limites ?
Il suffit, également, de revoir la souffrance absolue qu'ont pu être dans le cours de notre existence de créatures humaines les périodes de disette, de famine, les conditions de survie des sièges à travers le temps pour devoir se questionner, douloureusement aussi, sur ce que ce monde post-moderne, ultralibéral et étouffant toute créativité collective et individuelle sous les coutures d'un rêve américain devenu une couche d'ozone culturelle globale et qui a surtout produit des produits,  pour pouvoir lier cette pandémie d'obésité à autre chose que l'addiction, ou l'incorporation de composants chimiques toxiques et lui redonner sa force de message muet sur l'errance dans laquelle se trouve l'homo-consumeris quand il s'agit de se nommer lui-même et qu'il est réduit à un rôle de surface plane absorbante par le système économico-politique qui le tue à petit feu.
Que cette nourriture, "Prenez et mangez" est, se doit d'être un acte avant tout symbolique de partage et qu'on ne partage bien que ce qu'on connaît.
Peut-on imaginer qu'un gâteau, fut-il laqué d'un rose fluorescent, sera reçu et incorporé de la même manière s'il est le fruit d'un anonymat total, et d'un anonymat dont on est à peine sûr qu'il ne cherche pas d'abord à vous empoisonner ?
Ce corps, pompe à ingurgiter, que les chercheurs cherche à déculpabiliser afin de  rendre le sujet qui le martyrise encore plus absent des choix nécessaires à sa vie, avale ce gâteau non parce qu'il fait, en quelque sorte, partie de la famille et qu'on sait qui l'a fait naître, pâtissier ou mère ou père, mais comme si l'acte de manger était en lui-même  suffisant pour assouvir tous les désirs, comme une sorte de masturbation compulsive qui serait toujours ressentie comme plus jouissive que le travail fastidieux d'approche du corps de l'autre.
 
 
 
 
 
 
 

8.11.2025

Ce qui ne nous tue pas...N°1




Il en va, pour chacun, d'une sorte d'effort permanent pour ne pas être englouti, absorbé, écrasé par le renouvellement constant des "causes".
Et, cause entre les causes...Qu'en devient-il donc, humain, de ton corps ?
Comme une question sans voix, uniquement posée à travers les distorsions omniprésentes que ce corps subit.
Objet dissocié, victime, source de tant de souffrance, surface muette de tous les fantasmes de modifications, d’amélioration, de réduction, d'augmentation, subis et si cher payés, toujours, au bout du compte.
Car c'est bien ce corps qui, au fond, ayant fait toujours ce qu'il peut au mieux pour survivre à ses dépositaires mal intentionnés, aura le dernier mot.
Il semble, comme nous l'avions déjà senti dans l'air il y a quelques temps, que s'imposent progressivement la normalisation et l'historicisation morale de l'obésité morbide comme banale, évidente comme fait de société et, qui sait, à travers la multiplication des exhibitions médiatiques, des émissions télévisées d'information, de déformation des préjugés et de construction d'une cohabitation "tolérante", car, faute de réel enjeu de recherche des causes de la pandémie, considérée comme inéluctable, on fait face assez rapidement à un phénomène devenant nouvelle norme désirable dans le corps de chacun.

Cette pénétration sur les réseaux, de la "visibilité" de ces hommes et ces femmes pesant tous plus de 25O kilos et montrant, en signe d'acceptation d'eux-mêmes, toutes les parties de leur corps, s'effectue, comme tous les mouvements des mentalités et les évolutions de représentations, sur la binarité passionnelle du spectateur tolérant ou jugeant, ainsi que sur les projections de toutes les personnes partageant plus ou moins la même situation, sachant que là encore, le plus est à considérer comme un mieux et que de la monstruosité difficile à montrer, nous sommes passés à une surenchère dans l'exhibition de ce qu'il est possible d'accumuler de graisse tout en restant quelque peu vivant.
L'extrême manifestation de la démocratisation-totale est sa capacité à tout prendre, à ne pas pouvoir trier au sein du flux constant des profils, portraits, publications, témoignage, memes, slogans, chacun mis sur la scène globale afin de représenter quelqu'un, un parmi les milliards d'autres, urgemment cherchant à se montrer, à se prévaloir, à se décrire en attendant de cette mise à nu un retour en masse des validations, négatives, agressives ou laudatrices, peu importe, le champs des commentaires étant un champ de bataille, là pour ça et par ça, que tout ce qui s'y énonce se doit d'être ouvert aux extrémités de la tolérance totale, de l'empathie perfusable, ou aux affres condamnables de la réaction.
Ce flux permet de rendre palpables les tendances à l'acceptation de tout par tous qui hisse au rang de martyr les excroissances du néolibéralisme et leur atteinte radicale aux corps.
Il ne s'agit pas évidemment de nier la souffrance totale que représente l'obésité morbide pour celui qui la supporte, mais de questionner ce que cette obésité engendre progressivement de capacité de visibilité médiatique, de possibilité de mise en scène et de qualification de soi sur la place globale et, mis à part les bénéfices secondaires obtenus par toute forme de célébrité, quelle qu'en soit la raison, de revenir sur ce que cet appel à la dualité voyeurisme/ exhibitionnisme en jeu dans les posts occulte des causes initiales de ce phénomène planétaire et des responsabilités des manipulateurs d'opinion qui, ici comme dans tous les "troubles" biopsychiatriques utilisés comme couverture identitaire, s'impose à tous comme une forme d'évidence anthropologique collective à placer sous les augures de l'acceptation.
Les tendances, également, d'un écrasement de toute valeur, morale, esthétique commune au profit de la seule exhibition d'un "soi" en l'état, réduit aux souffrances infligées par ce corps qui déborde de partout et des "avis" sur cette exhibition.
Ce qui est attendu à travers la monstration de ces centaines de corps ayant dépassés toute mesure humaine par leur poids, ces corps de plusieurs centaines de kilos, incapables de se déplacer, de s'asseoir, de pourvoir à aucune des tâches habituelles et totalement dépourvus de toute espèce d'autonomie, c'est le lent mouvement, déjà entamé depuis plusieurs décennies, d'un glissement des normes touchant la beauté, mais aussi et surtout la santé, l'autonomie, le statut d'indépendance lié à l'âge adulte qui, à s'afficher comme source de bienveillance du public élargi des médias sociaux, tend à imposer ses propres normes en récusant tout avertissement sur les origines de cette crise des obésités morbides qui excède tout ce que l'humain a jamais pu atteindre comme signe de ses excès, toutes civilisations confondues.
On touche dans la multiplication de ces "cas" aux confins de l'humain envisagé par le Forum de Davos : n'étant plus qu'un objet inactif, assouvissant de sa propre jouissance.
A travers cette mise en scène de l'horreur de sujets comme absentés de leur corps et réduits au rapport externe entre leur tube digestif et leur matière organique, réduits à la seule fonctionnalité digestive au dépend de toutes les autres, corps totalement invalides, passifs, nourris sans jamais participer à la quête de cette nourriture, se mettant en scène sur le grand écran global avec la seule motivation d'un "pourquoi pas moi" s'étayant sur leur monstruosité, exhibition qui, une nouvelle fois ne demande aucune qualité humaine, aucune réalisation, aucun trait de caractère ou aucun savoir particuliers mais la seul garantie d'"être", pour devenir légitimable, on assiste au même glissement que ceux qui favorisèrent l'usage hystérique de la chirurgie esthétique, des infiltrations de botox, ou l'identification de soi ou de ses enfants en tant que trans, ou en tant que "Furry", autrement dit une manifestation collective du terme d'un processus qui élimine tout le contexte de son apparition et des origines de ce qui s’exhibe dorénavant, en bout de tranchée, comme un fait.
Acceptable ou non, soumis à la législation concernant les "propos haineux" dès que quelques avis un peu dubitatifs questionnent simplement la voie prise pour en arriver là ou les origines de cette apocalypse nutritionnelle et vitale.
Si ces corps, sans même devoir évoquer la kyrielle de maladies dont ils sont évidemment porteurs, deviennent "juste" visibles et pris dans le grand mouvement d'acceptation de tout par tous, les questions sur la genèse de cet état morbide sont évidemment évacuées au profit d'un retournement des responsabilités en nécessaire travail d'acceptation des "masses" à leur égard.

Si, d'autre part, apparait le mirage, rendu officiel par des publications médiatiques d'état, qui appelle à "changer les regards" sur l'obésité sans jamais questionner ses sources ni son ancrage temporel pourtant bien déterminé, insistant, là aussi comme sur tous la genèse naturaliste de tous les troubles mentaux sur une origine hormonale, génétique, c'est à dire sur une cause hypothétique mais qui rationalise sous le glas de l'"étude", le rapport à l’absorption et au soin de soi en l'équipant de la logistique de l'expertise scientiste tout en permettant à chacune des personnes concernées de repousser toute responsabilité de l'aspect strictement alimentaire et
des toxicités qu'il accumule dès l'enfance dans la progression de cet état et de ce qu'elle a laissé advenir de son corps.
A travers cette déresponsabilisation, face encore de la pure-victime
propre à ce que les temps font de leurs sujets, dans un rapport sado-masochique aux organes politico-économiques, s'effectue une sorte de catharsis collective et d'identification au groupe concerné sous-tendu par une forme de causalité quasi-transcendante d'où le sujet qui s'en sert pour se montrer est, paradoxalement, totalement absent.

La banalisation évoquée plus haut a déjà, dans d'autres secteurs, montré sa rapidité d'action sur les mentalités et sa force de conviction et de contrainte, qui amène l'Esprit de mode à éliminer toute dynamique critique réactive au profit de valeurs sans cesse modulables par l'empathie, la solidarité, la bonté, le soutien, toutes ces données morales inoculées quotidiennement au public global, supposées faire partie du kit démocratique de l'ultra-libéralisme, pour qui tout, n'importe quand, n'importe où, est possible et acceptable à la seule condition que cela convienne au désir de l'individu, et de faire ingurgiter cette évidence comme fleuron du progressisme.
A la condition aussi, qui a induit, par son absence, un effondrement des maniements les plus sommaires du raisonnement logique de tout l'Occident, de ne jamais poser de questions sur les origines, sur les fins et les processus d'advenir de ces tendances qui s'imposent comme partie d'un supposé "cours de l'histoire" alors qu'elle ne sont que des retours devenus visibles, quantifiables, des manipulations antérieures effectuées dans le silence des laboratoires du capitalisme scientiste dégénéré.
A la condition aussi de postuler dans cette imposition d'un diktat moral collectif de tolérance à la "vulnérabilité" comme norme, autre chose qu'une autre forme de manipulation à même de pouvoir percuter comme déplacé n'importe quel sentiment de réserve face à l'absurde et au suicide latent de tout ce qui est supposé qualifier "l'humain" comme devant, pour sa propre survie s'imposer des limites et des règles.

 

A suivre 



7.20.2025

Sur le pont d'Avignon ...petit commentaire pour la bonne cause.


Sur le Pont d'Avignon

Malgré les sensations de brusques éruptions, l'impression que chaque montée de fureur collective est l'émergence d'une conscience politique de masse, éveillée nuit et jour pour des causes légitimes sur lesquelles aucun doute n'est permis, et qui "font lien" dans le registre de la passion salvatrice, il est envisageable que ces mêmes exaltations, si soudaines, si légitimes, si partagées, quasiment d'un bout à l'autre du globe et de sa modélisation idéologique, n'aient comme fonction que de garantir la tension permanente du système qui est ce qui le tient à la fois rassemblé et, imaginairement, en mouvement constant.
Il faut tout de même se dire que tout évènement, aussi tragique soit-il, aussi révélateur de monstruosité, n'a comme destin que d'être ingurgité, métabolisé comme alimentaire à l'usage du Grand spectacle et que chacun, en élevant sa voix, en parlant fort, en commentant tous azimuts, en militant gaillardement, ou en se positionnant corps et âme comme défenseur de telle ou telle cause qui désignera d'une façon irrévocable et définitive les coupables et les victimes, ne sera, définitivement également, qu'une partie de l'assistance, du public que l'espèce humaine est devenue pour elle-même en se cloisonnant sur une réalité fictionnelle qui lui est déversée quotidiennement en pâture avec le mode d'emploi pour la penser déjà bouclé sur les conclusions nécessaires.
On pouvait, il y a quelques temps encore, croire, par rapport à cette quête insatiable de justice, et de liberté, et d'égalité, qu'elle était incarnée par ce qu'on continue de nommer "la culture" à qui on a confié ce rôle contestataire comme un droit et un pouvoir dont nul n'aurait à contester la légitimité, donc, au sein de cette "culture" on confie, ou plutôt les protagonistes se confient à eux-mêmes la lourde tâche de dire à voix haute où se trouve la bonne cause, qui la défend, donnant ainsi du bon grain à moudre à leur inspiration et les apparences d'une posture hautement engagée à leurs costumes de scène.
On est ainsi, "on" étant ici ce public global auquel chaque être humain, comme seul au sein de la masse, est plus ou moins volontairement réduit de participer, tenu, et réduit à "donner son avis" par touches sur la façon dont les Habitants de la "culture" lui recrachent la soupe de leurs litanies messianiques et de leurs hauts faits médiatico-artistiques sous les divers atours des modalités de l'expression artistique en cours.
Ce qui ordonne, en quelque sorte, cette présentation, sera cet apriori la rendant "messagère" d'une cause qui est supposée "s'opposer", s'opposer à tout : le conservatisme, la réaction, le pouvoir en place, l'extrême-droite, l'oppression, les diverses formes de totalitarismes sauf quelques-unes, etc dans le contexte d'une démonstration qui est elle-même largement alimentée financièrement par ce à quoi elle est sensée s'opposer.
Cette aliénation évidemment a de lourdes conséquences sur ce qu'on avait coutume de nommer la "liberté de penser" sachant que c'est dans le cadre, au fond extrêmement exigu, de la doxa en cours que se choisissent les thèmes de "rébellion" et qu'en s'octroyant une sorte de sauf conduit sur toutes les causes légitimes et leurs défenses en s'instituant légataires officiels de cette nécessaire rébellion, elle génère sans fin une sensation d'auto-satisfaction militante qui ne peut en aucune mesure remplir les cahiers des charges de sa fonction de résistance, ou de contradiction, ou de lutte, ou de contestation, toutes ces fonctions étant par essence nécessairement externes aux postures légitimées qui ne font plus que marquer le consensus au ventre mou du bon droit.
D'une certaine façon, un des meilleurs exemples de la vanité, vacuité de cette institutionalisation médiatique de la révolte et de la condamnation pour son bien du peuple à n'être qu'un public qui applaudira en rythme aux scansions des artistes en ayant le sentiment qu'à travers leur voix, tout est dit, est l'organisation par un des premiers chantres de la révolte d'état, Jack Lang, d'une fête populaire imposée annuellement avec la fête de la musique.
Sans évoquer ce qu'elle est devenue avec le temps, comme la preuve évidente que, si on évoque le "populaire" il est préférable que le "peuple" y soit impliqué, on a là la main-mise, fruit d'une longue histoire de la castration des esprits de la populace, et évidemment de sa culture, sur ce qui a caractérisé les regroupements humains pendant des siècles : l'usage de la fête et sa minutieuse codification comme outil de parole collective, moment de libération et de réorganisation des rôles, des tabous, mais moment qui n'a de sens qu'à s'extraire lui-même des acteurs impliqués, qui deviennent alors à la fois public et participants de ces évènements festifs collectifs.
Un autre exemple est la fusion-confusion du Rock'n roll de la fin du XXième siècle avec une sorte de message de révolte commun postulé, d'évacuation des scories du vieux monde dans l'illusion qu'on pouvait faire la révolution non pas en musique mais avec la musique, d'engagement groupal ou personnel dans une fraîcheur binaire du changement où le public en sentant son pouls battre au rythme des percussions, avait la sensation, d'"en être" alors qu'il était, là aussi, réduit à une fonction de récipient, enthousiaste mais inévitablement passif, et condamné à toutes les manifestations du déplacement hystérique de la passion dans cette officialisation du statut de "fan"atique".
L'offre culturelle contemporaine, c'est à dire du moins sa fonction implicite, est de cadrer, limiter les sujets "dignes" de devenir objets de métabolisation artistique et seuls recevables à ce titre, tout en ayant, implicitement également, la prétention que ces mêmes causes sont baignées dans les magmas identitaires qui n'attendent que ces prestations pour "prendre la parole".
Il n'est qu'à lister les qualificatifs décrivant ces productions quand on les veut flatteurs : décapant, décalé, bousculant les stéréotypes, etc. pour sonder l'énorme appétit pour l'extraction, pour l'alternative, pour quelque chose qui ne ferait pas à longueur d'engagement qu'enfoncer des portes ouvertes où chacun des choix posturaux est fait depuis toujours à l'intérieur d'une champ idéologique extrêmement étroit et surtout conduisant inévitablement à une impasse.

Ce que met en lumière, parmi tant d'autres "causes parfaites" deux des choix du Festival d'Avignon 2025, c'est, sous couvert du "message", de la "compassion", de la "conscience", l'apparente inéluctabilité de la nécessité victimaire comme prérequis à cet engagement artistique.
Ce qu'on nommera le syndrome de la "Pure-victime" qu'on retrouve avec cet hommage à Mazan et cet engagement corps et âme des artistes dans la grande chaufferie de la cause palestinienne, offre dans les deux cas, et dans, en fait, tous les cas de passion occidentalisée récents, la nécessité de contourner absolument, dans la mise en place d'une sorte de déni, tout ce qui pourrait introduire un caillou dans la chaussure de la marche en avant vers le "plus jamais ça".
Ces deux "causes", supposées être des miroirs et les divers artistes s'en emparant des chantres de la conscience moralo-politique, mettent en scène un profil qui avait déserté quelque peu notre imaginaire collectif : le profil du martyr.
Le martyr n'a pas de compte à rendre sur sa bonne foi, ni sur son passé, ni sur ses motivations, ni, donc, sur la réalité de sa personne et de son rapport à son environnement, fussent-ils les plus corrompus, violents, pervers.
Ce qui est transformé dans sa nomination au statut de Pure-victime c'est la composante nécessairement ambigüe de toute structure psychique humaine et son lien confus mais permanent avec le pouvoir et la notoriété, même au prix d'un sacrifice ultime. Saint Siméon le stylite nous dit-il, au fond, autre chose ?
Le martyr est hissé, seul, par la masse qui l'offre à Dieu ou au Changement, seul, témoin de ce que l'espèce lui doit et lui rend en lui offrant sa "cause". Seul avec des nuées de cris, de hoquets, de hurlements accompagnant son périple vers la parfaite stérilisation morale.
C'est en cette absence de tache, de souillure, cette purification par le "courage", que réside l'attachement des foules à son objet comme la matérialisation, l'incarnation de toutes ces "luttes" qu'elle se doit de mener pour se sauver elle-même en combattant "l'oppresseur".
La désignation de ces causes et de ces personnes comme martyrs jouent le rôle d'une sorte de rituel conjuratoire, d'expiation et de relégation de toutes les vilainies qui habitent chacun, avec plus ou moins de conscience, en plaçant absolument, radicalement, sans discussion possible le Mal à l'extérieur et en faisant payer ce déplacement par l'identification à l"épreuve" vécue par la cause en question.
Identification peu nuancée évidemment puisqu'elle repose sur une méconnaissance de ce que "cache" de noirceurs cette même cause.
La martyrisation présente une capacité à lier ce qui s'effrite, ce qui sépare, ce qui oppose, ce qui peine à se regarder dans la glace.
L'élévation au statut de Pure-victime permet de confiner l'Equivoque dans les soutes du refoulement et de ce qu'il peut générer de réaction.
Un des intitulés des hommages aux Pures-victimes du Festival est : "aux confins de l'humanité", et c'est exactement de ceci dont il s'agit : sortir par une sorte d'absolution collective la cause choisie des méandres de la réalité "mauvaise" de l'espèce humaine, de ce Mal dont elle ne sait que faire et qui prend le pas régulièrement sur tous ces efforts de redressement puritain.
L'ampleur de l'unanimité autour de ces causes peut, comme on dit, "faire chaud au coeur" du Petit civil engoncé dans la mondialisation si on considère ces levées globales de "soutien" comme des indices de conscience collective en voie de perfectionnement.
Mais on peut aussi ne voir dans ses brutaux moments d'exaltation par milliards pour des "faits", en fait à peine connus dans leur genèse, à peine analysés, mais soutenus avec force, même si leur destin est de retomber dans la fosse aux passions funestes dès qu'un autre objet d'offuscation mondialisé sera hissé sur scène, la force manipulatrice des opinions, leur capacité à s'orienter elles-mêmes par un phénomène de syncrétisme et la fragilité de l'autonomie intellectuelle des "spectateurs" que nous sommes tous devenus.
Bien sûr, on peut s'interroger sur la qualité des martyrs de telle ou telle époque, la nôtre semble plus que de raison leur faire jouer le rôle d'une forme de désengagement de la responsabilité comme mode d'être, comme évidence. Les deux causes évoquées, mais on pourrait en citer d'autres, se caractérisent par le repli total hors des conséquences de leurs propres actes et hors de leur dimension historique.
Le statut de Pure-victime impliquant cette passivation absolue, cette amnésie sur la compromission quelle que soit sa forme, ce qui nous ramène au goût contemporain pour l'"enfance" comme "martyr modèle", aisément promouvable dans toutes les causes même si cette promotion collective imaginaire se paye d'une négligence parfois immonde de l'enfant dans sa réalité et en fait un outil de marketing moral manipulable à merci.
A suivre

7.19.2025

Ça brûle !

 
Landes : trois pompiers aspergés à l’ammoniaque lors d’une opération de secours

Ça brûle !

Evidemment, comme après les quasi quotidiennes agressions des divers "représentants de l'ordre", c'est à dire de toutes ces professions ou ces bénévolats qui sauvent, soignent, éduquent, maintiennent "la paix", c'est à dire empêchent le tissu social de s'enflammer et de s'effriter jusqu'aux cendres, les commentaires sont les traducteurs d'une sorte d'état de choc permanent, d'une incompréhension face à des passages à l'acte qui demeuraient encore, il y a quelques décennies, totalement exceptionnels et pouvaient s'inscrire dans les cases des "faits divers" car ils ne témoignaient pas d'une forme de nouvelle réalité des rapports sociaux.
Nouvelle réalité qui non seulement s'est développée dans la fréquence mais aussi dans l'espace, sortant des lieux confinés des banlieues pour devenir une sorte de mode d'action sur tout le territoire.
On ne peut que s'indigner.
L'indignation, la colère permanente face à cet effondrement si palpable des ossatures réelles et symboliques de ce pays sont des états d'âmes partagés, là, assez démocratiquement, par tous ceux et celles qui voient se réveiller en eux, comme quelque chose de vague mais de réel à défendre, le sentiment d'une appartenance nationale, la certitude d'être de quelque part et liés à ce quelque part par toutes leurs fibres, qu'ils en aient conscience ou non, qu'ils s'en réjouissent ou non au vu de la progressive relégation de cette même nation au statut et aux moeurs d'une sorte de vieux royaume déchu et barbare.
Et ces attaques de médecins, d'ambulanciers, de pompiers, dont on ne peut pas dire qu'ils traduisent un rejet de l'ordre comme les attaques contre les policiers qui se légitiment par une sorte de haine atavique et la douce mélopée victimaire qui la nourrit, ces attaques sont aussi incompréhensibles qu'elles sont monstrueuses.
Cependant, on peut les entrevoir comme des portes ouvertes sur une forme de mal se répandant dans la psyché collective et touchant dans un premier temps les plus "vulnérables", comme ils sont qualifiés dorénavant afin de leur ôter toute velléité d'avoir un peu de prise sur leurs existences et les assigner, même si leur faits et gestes sont les signes d'une violence réelle et peu régulée, à une forme d'impuissance congénitale.
Ce mal, évidemment il est difficile à circonscrire puisque nous en sommes tous les victimes même si quelques-uns seulement tombent.
Comme une forme d'épidémie, cette incapacité à pouvoir sélectionner les intervenants dans l'existence sensés vous vouloir du bien et à les traiter avec le même rejet et la même violence que si ils vous voulaient du mal est peut-être une sorte de forme du doute absolu, du doute profond, du doute à la fois sain et destructeur, qui s'est emparé de cette nation et plus largement de toute la politique euro-globale à l'égard de ce qu'on continue de nommer, si fort, si haut, et si souvent que ça devient louche, ses "citoyens".
Comment en effet faire un tri, au regard des institutions qui nous étayent, entre la volonté de vous achever et celle de vous aider à vivre quand tous les corps professionels et les corps politiques responsables ont montré leurs compromissions, leur aliénation et leur incapacité à vous protéger , tout en déclarant vous vouloir le plus grand bien, à divers moments de votre vie, impliquant vos enfants, votre statut, votre vie intime, vos revenus, vos droits, votre santé bref, tout de votre existence, devenu soudain une proie ?
Comment trier ce qui vous sauve et ce qui vous tue quand les manoeuvres diverses de ceux qui vous représentent montrent, même aux esprits les plus naïfs et confiants, que ces politiciens, décidant de votre sort sont ou incompétents, ou vendus, ou les deux, et que les choix qu'ils peuvent faire ne sont fait qu'avec des directives qui vous échappent complètement comme elles leur échappent aussi d'ailleurs et s'orientent vers des buts si obscurs que le moindre de vos pas en avant devient une sorte de risque à courir ?
Comment ne pas envisager que ce pompier, que cet ambulancier, eux-aussi, puissent avoir soudain glissé dans le champ de la persécution, comme tant de membres du corps médical avant eux ?
Pas nécessairement dans une claire conscience que c'est ce même rapport du bien et du mal, comme des zones nécessairement séparées, qui tient les rapports sociaux et peut leur faire prétendre à l'application d'une justice, même si cette dernière n'est que le faible reflet des contradictions ou des injonctions d'une époque mais comme dans une sorte de crise psychotique, au sens ou toute crise crie sa propre vérité, où chaque intervenant est d'emblée quelqu'un dont il faut à tout prix se protéger et se défendre, dans un monde ou la méfiance, l'indifférence, la violence verbale, les insultes, la délation sont les moteurs essentiels des fils reliant les uns aux autres.
Ou du moins sont les moteurs décrits comme tels, ce qui est largement une autre paire de manche et oriente la responsabilité de ces éclats mortifères vers notre scène commune, notre vie sous procuration, notre main de maître dessinant nos pensées, nos envies, nos croyances, nos avis et prenant la place de ce qui fait notre réalité quotidienne, nous enjoint de pleurer tel ou tel animateur, de haïr telle ou telle commentatrice, autrement dit de transférer partout et tout le temps cette turgescence émotionnelle qui baigne chacune de nos paroles, contamine chacun de nos propos en ayant transformé tous les rapports sociaux en cette culture de la polémique * qui a progressivement envahi tout l'espace collectif et étale ses effets secondaires sur une nécessaire vision neutralisée et un peu plus objective, de ce qui nous entoure. EG
* Taguieff.

7.18.2025

Dermatose nodulaire contagieuse

 
Et au même moment ce massacre des vaches laitières de Haute Savoie ????
Que personne ne doute d'une affaire largement anticipée, part d'un plan de redistribution mondialiste des productions alimentaires, de leur uniformisation à travers des produits synthétiques, de la disparition des pratiques d'élevage et d'agriculture locales au profit d'une orientation "touristique" et assistée des régions rurales, de l'uniformisation et de la disparition sous des arguments d'hygiène et de prévention de tous les produits historiques locaux ou tout mouvement collectif, tout évènement est bon à prendre.
Le terme pour cet abattage de toutes les bêtes, même non contaminées, ou "asymptomatiques" ( encore !!) est le DEPEUPLEMENT.
Terme qui émerge sans aucune pudeur afin de préparer les mentalités partout sur la planète à cette nécessité de faire disparaître une partie des humains et de leurs pratiques sous prétexte de "surpopulation" : avenir technobiologique déjà tracé organisé par quelques théocrates à qui la quantité obscène d'argent possédé et l'omniprésence des dispositifs financiers et technologiques leur appartenant donnent le droit, le DROIT, nulle part écrit, nulle part voté, nulle part débattu, de décider, d'orienter l'espèce humaine dans sa totalité vers un avenir où elle ne figurerait pas et sur lequel tout serait décidé à sa place.
Les mouvements spécistes, les écologistes totalitaires, parmi les "idées idiotes" des derniers sursauts idéologiques du globalisme financés par ces mêmes théocrates, ont contribué à discréditer sous des arguments touchant plus la sensiblerie propre à notre époque, le " capitalisme émotionnel", ou le " marché des affects", qu'une réelle connaissance de leur sujet, les savoir-faire de cette catégorie pluri-millénaire dont, d'une façon ou d'une autre ils sont issus, en caricaturant dans une méconnaissance crasse de la réalité, les compétences des éleveurs.
On y perçoit les lames de fond de la ségragation citadine à l'égard de la ruralité ayant émergé assez tôt dans l'histoire, dès le XVII siècle et son cortège absolutiste de régulation et de codification destiné à cadrer une population légendairement difficile à maîtriser.
Cette main mise idéologique à visée eugéniste, cachée derrière des arguments de chaisières, d'une militance conditionnée (et financée grassement) est devenue une sorte de mandat pour la connaissance de l'avenir en termes aussi radicaux que les anciennes politiques de prohibition ou de puritanisme, et étayé par des discours préformés, identiques pour tous et fortement prosélytes, cherchant à éliminer leur objet de militance en s'attaquant à ses aspects " inhumains" ou " immoraux", comme si ces mêmes militants avaient pour eux, comme les théocrates dont ils sont la main armée, les clefs de ce qu'est l'humanité ou la morale.
On peut ainsi voir pousser des cris outrés devant une vidéo de berger tondant un mouton de son troupeau parce que ces spectateurs imaginent qu'il le dépèce vivant !!!
Sans parler du lait, honni par les allergiques en tout genre et les mangeurs de bons sentiments, qui serait une violence faite au "bébé" ( eh oui, au bébé, même si jamais on ne s'est targué d'être lamentablement anthropocentré) séparé cruellement de sa mère.
Entre autres fadaises évidemment.
Les évènements catastrophiques de Haute savoie ne peuvent pas être lus comme un simple concours de mauvaise chance, et certainement encore moins les décisions absurdes, prises par des individus ayant pour eux le pouvoir mais certainement pas les savoirs qui devraient l'accompagner.
La réponse, brutale, dévastatrice, à cette contamination montre, comme l'a fait le covid et sa psychose collective que le "dépeuplement" EST la ligne directrice omniprésente de toutes les décisions prises et que c'est ce dépeuplement qui est supposé préparer une sorte d'Eden totalement déserté mais purifié aux générations des théocrates devenus modifiables à merci, génétiquement positivés et ... plus tard, complètement immortels mais sans plus aucune trace de ce qui a qualifié l'Humain dans sa force et sa faiblesse d'espèce unique car soumise au symbole. EG

6.01.2025

Décapités nous sommes.


Décapités nous sommes.

Qu'on le veuille ou non, qu'on en soit ou non conscient, il est déposé entre les mains du pouvoir une part de notre besoin de sécurité. Celle qui peut nous permettre de continuer à vaquer à nos occupations quotidiennes en n'ayant pas la nécessité d'être sur un pied de guerre permanent et en pouvant au moins nous appuyer sur une stabilité des institutions et de quelques-unes des valeurs pérennes, et de ce pour quoi elles ont structuré le pays et son histoire.
La représentation, c'est un peu ça que ça implique, vous remettez les clefs, symboliquement, à une instance, incarnée par un personnage pour un certain laps de temps afin qu'il agisse et décide au nom du bien collectif, c'est à dire aussi au nom de votre bien individuel.
Ça marche, plus ou mois bien, normalement, puisque c'est évidemment une fiction mais c'est la fiction de la démocratie représentative et on a longtemps cru que c'était la plus respectueuse de l'écologie sociale et du respect apriori de chacun des membres d'une entité abstraite : la nation, le pays, le peuple, etc.
Que la forme constitutionnelle française, créée dans un contexte historique spécifique et légitimant cette posture représentative, ses droits et ses devoirs, puisse vieillir et se craqueler au contact des évènements endo et exogènes, c'est une évidence. Son schéma s'est usé au contact des personnes, des individus qui l'ont palpé et interprété, et jugulé et détourné en prenant le pouvoir, sachant qu'elle est supposée avant tout être un rempart contre ce même pouvoir qui n'est au fond que la manifestation de ses abus lorsqu'il n'est pas contré, contrôlé "en toute honnêteté".
Il va de soi que c'est bien avec un substrat de valeurs morales que ce pacte s'exerce. L'honnêteté, la probité, la capacité à "en savoir " assez pour prendre des décisions éclairées et tournées vers le long terme, autrement dit cette représentation est dans l'obligation pour prendre corps d'exercer la justice en étant présumée juste, d'exercer l'éducation en se fixant comme horizon le devenir des futurs "citoyens" qui lui sont confiés dans la perspective d'une collectivité et non d'une sorte de devenir personnel sans bords ni cadre imaginaire commun, de prendre soin de la santé de tous sans qu'on en vienne à la soupçonner de vouloir nous anéantir etc.
Les divers représentants élus en tant que "chefs de l'état" lors des dernières décennies, ont navigué dans le système constitutionnel et la logique partisane tant bien que mal, étant plus ou moins contrés, attaqués mais ils n'ont encore jamais miné leur fonction comme lieu d'autorité a priori et comme entité symbolique de représentation du peuple qui les avait élus.
Ce que le dernier en date a attaqué lui, pour diverses raisons, c'est la teneur de ce lien de confiance supposé premier qui ne peut pas se concevoir si s'éveille le fantasme que ce qui l'habite est tout sauf une représentation du peuple qui l'a élu et que l'idée même du bien commun qu'il serait en devoir de défendre, entretenir, peut aisément, en se frottant aux faits, se transformer en fantasme de destruction de ce et ceux qu'il est sensé représenter, à la fois sur la scène intérieure et extérieure.
Les si nombreuses, quotidiennes presque, manifestations de ce qui se nomme "barbarie", et leur niveau de violence gratuite incompréhensible, peuvent se lire à cet éclairage que sa fonction ayant été minée et ne laissant en sa place que des décombres et une forme bien repérable de délire, le peuple en question est sans tête, au sens propre du terme, c'est à dire sans garant, sans garantie, sans bornes, livré aux spasmes des pulsions, des passages à l'acte qui n'ont pas, plus besoin même de se justifier par un gain, un bénéfice autre que leur effectuation.
Un pays sans tête, ou avec, ce qui est pareil et peut-être pire, une tête folle.
L'appareil symbolique qui tient ensemble le pays est devenu une sorte de marécage, de sables mouvants, où chacun, privé de la possibilité d'un recours face à la folie pourtant perceptible, d'une loi qui puisse s'exercer et à qui il puisse faire confiance apriori, d'un lieu du soin qui puisse effectivement le soigner et non chercher à le faire disparaître, d'un lieu de l'apprentissage où l'apprentissage soit la colonne vertébrale et non l'obsession catégorisante, erre, uniquement nanti de sa propre résistance et de ses capacités d'entendement, et seul, avant tout seul même si il cherche à s'imaginer faire partie des métastases idéologiques que l'état décapité a laissé proliférer.
Une des régles, un des fondements de ce qu'on continue de rêver comme une démocratie, c'est bien, au regard d'autres systèmes sociopolitiques, cette sorte d'intime conviction que ceux qui sont élus le sont pour votre bien, pour votre protection, en dépit de vos origines, de votre niveau économique. C'est un leurre, une fantaisie qui évidemment ne résiste pas à l'épreuve des faits mais c'est bel et bien le mythe sur lequel l'Occident s'appuie depuis plusieurs siècles afin de pouvoir idéaliser son modèle comme seul modèle possible et acceptable. C'est un conte, une afabulation mais c'est elle qui permet à une partie du monde de brandir la muleta du progrès en lui donnant une forme humaine.
Ce qui a décomposé ce mythe jusqu'à égarer tant de compatriotes ; immigration, Europe, mondialisation, progressisme à part, c'est à dire comme effets et non comme cause, c'est le fait que celui qui l'incarne depuis tant d'années n'a pas de "corps" au sens institutionnel mais seulement un corps d'enfant, au sens où il ne fait que s'autodéléguer, qu'il ne représente que lui-même et qu'il ne le sait pas parce qu'il est fou.
Il faut du temps pour que ceux qui l'observent de leur profondeur puissent s'apercevoir qu'ils n'existent pas alors qu'ils pensaient être représentés.
Ça les rend fou aussi, différemment mais fous aussi.
On peut même imaginer, en dehors de ses incohérences flagrantes et de sa mégalomanie un peu idiote, que le spectacle incestueux que cet individu a mis sous les yeux de son peuple, spectacle, qui comme toutes ses paroles est produit avec le présupposé que ce même peuple ne "s'apercevra de rien", a contribué à complètement enflammer une partie mâle, adolescente ou jeune adulte de la nation, ceux qu'il nomme "ses frères" et qu'il aime tant à tripoter, population sans mental, sans but, sans idéal, mue par des codes de meute et qui erre sans tête, elle aussi, en ayant grandi dans un enfer où ce qui fait autorité s'est ou bien absenté, pris de culpabilité, ou assimilé à un simple exercice de la force et de la répression, où la parole n'est qu'un artifice médiatique, où l'impuissance et le mensonge sont érigés en mode de gouvernance et où l'exercice du pouvoir se limite à tenter d'exercer une séduction sur tous tout le temps et à avoir besoin régulièrement de se faire humilier par tous, tout le temps.EG




 

 

5.28.2025

Faire de la place

Faire de la place 
 
 Le plus étrange, étrange à cause de la légèreté avec laquelle la question semble "tranchée", comme un poids dont collectivement il s'agirait de se débarrasser pour pouvoir sans scrupules passer à autre chose, c'est la sorte d'évidence dans laquelle les "partisans" de l'euthanasie ont sectionné la branche du doute.
Libération. Soulagement. Hourras même comme pour une avancée méritée sur la voie sans but du progrès.
Là, une fois de plus, comme sur l'évidence de l'avortement, l'évidence de la vaccination, l'évidence de la transsexualité, non comme des lignes de traine de la lente et douloureuse plongée de l'humain dans sa propre méconnaissance et dans la bascule qu'il a utilisée vers un état de l'espèce qui pourrait "se régler", sans à-coups, sans tension, sans scrupules, qui le mettrait, dans sa perspective d'individu partie prenante d'un "public", rôle auquel dorénavant nous sommes tous astreints, à l'abri par "un droit" acquis de haute lutte. Là, dans l'administration du produit léthal, "droit à mourir dans la dignité"
Ce qui pousse derrière ce "droit" à la dignité incarné dans un "choix" effectué dans des conditions sommes toutes assez manipulables , c'est l'idée que la souffrance, quelle qu'elle soit ne pourrait être partie prenante de la dignité. La souffrance, physique, morale, qui pourtant est une constante de notre destinée en tant qu'espèce, sous tant de formes, tant de terreurs, tant de manifestations de notre incapacité à éradiquer la violence comme donnée phylogénétique inhérente à la vie-même.
En quoi donc, la suppression volontaire de cette souffrance serait-elle un acte de bienveillance pour soi-même et pour son prochain non pas pour lui épargner les âffres de la souffrance mais pour l'aider à atteindre une sorte de " dignité" " dans l'accès à la mort. 
On a, dans cette marche collective vers l'anesthésie généralisée comme finalité de tout progrès : confort, bien-être, développement de soi, positivité etc. rencontré la même inquiétude dans l'apport encore une fois technomédical, de la péridurale dans l'accouchement, opération qui, dans un contexte similaire de "passage" existentiel fondateur permet de neutraliser, de banaliser cet évènement unique à travers l'idée que la douleur de mettre bas ne serait pas parti prenante de sa dimension sacrée.
Qui peut savoir, sous ces généralisations de la recherche de la "dignité" , ce qu'il en est de l'expérience de l'agonie ? 
Qui peut savoir , sauf à être ce spectateur impuissant et impatient qui a hâte que "ça" se produise, ce qu'il en est du travail de gestation de la mort à venir, dans la psyché comme dans le corps de celui qui s'en va ?
Il est assez étonnant, quand on croise le nombre de démarches de quête d'une parole venue de l'au-delà pour ceux qui y croient, ou quand on se réfère aux tentatives de criogénisation pour accéder à une vie éternelle, que cette dimension d'un processus, long, évidemment souvent douloureux ne soit pas envisagé comme quelque chose qui "nous " dépasse et sur lequel on n'ait pas d'intrusion triviale à se permettre.
Agonie, c'est angoisse. Angoisse de mort. Mais angoisse pour qui, sinon avant tout pour ceux qui, autour du moribond, assistent à leur propre mort anticipée avec effroi.
Agonie, c'est avant tout la séparation ultime d'avec ceux qui restent avant d'être celle d'avec son corps. 
 Abréger les souffrances, bien sûr ; la douleur est un baillon absolu, un monopole tyrannique de la conscience où le sujet disparait et il parait légitime que cette horreur d'un corps traître de soi, d'un corps devenu ennemi et bourreau, ne laissant pas de répit à ce qui lutte encore pour y être soit allégée au mieux, mais ce qui s'opère quand celle-ci peut-être atténuée, éloignée, c'est un travail qui met chaque chose à sa place et avant tout donne à la vie qui s'achève ses droits d'avoir été.
Car si on peut réclamer de la dignité, n'est-ce pas dans la menée à terme de sa propre existence et dans ce qu'on lui doit comme compte ? Comme une affaire à régler avec soi-même avant tout, à laquelle les autres assisteraient sans rien y comprendre ?
Ce qui est simplement choquant, dans de multiples évocations du recours à l'euthanasie, "Quelques heures de printemps" de Stéphane Brizé, par exemple, c'est l'aspect banal, ordinaire de cette démarche suicidaire, et le côté absolument sordide, ou pire, laid et anodin, du lieu où le "soin" létal s'administre. Au fond, dans cet exemple, au vue de l'existence du personnage qui veut disparaître, la maladie peut sembler une justification par rapport au vide sidéral de ces heures qui défilent sans substance, comme si au fond, la vie elle-même avait déserté depuis longtemps l'horizon et que matérialiser la mort, n'était qu'une façon de clore une histoire de l'ennui.
Mais ce qu'on peut tout de même se dire, au-delà des craintes, légitimes, d'abus non régulables, ici, on ne mentionne pas l'infâme "aide active au suicide", qui elle aussi semble révéler le fait, évident avec la covid, c'est que vivre ou mourir dans cet univers transhumaniste, c'est exactement pareil. 
Plusieurs vagues de fond scandant les discours montrent quotidiennement les modifications des valeurs et les paradoxes, cohabitant sans jamais être mis en balance, qui rendent fous, et qui ont effectué la transformation de représentation de la vieillesse en simple fardeau social, de la mort administrable comme un simple acte de soin, de la prolongation sous d'autres formes des visées éliminatrices d'euthanasie généralisée de certains théologues milliardaires et de la lente mais irréversible glissade vers la banalisation et de l'insignifiance de tout ce qui nous fait humains : consommateurs de notre propre mort comme de notre sexualité, empoisonnés avec constance, bridés, manipulés, rendus abrutis et passifs et politiquement représentés par des fantômes jouisseurs. 
Nombre gênant dans une organisation sociale de la destruction et du chaos, où le prix de la vie, victime des inflations terribles des deux guerres mondiales et d'un technoscientisme ignorant ce qu'il poursuit, n'a plus de poids, devenus tous, comme l'histoire l'a montré des "stücke", de la quantité à sortir des prisons, des hôpitaux, des écoles, de tous les lieux de la cohésion sociale pour céder la place à d'autres..EG


4.15.2025

Les nouvelles "catégories noires".


Une des caractéristiques des révolutions dites "socialistes "observées tant lors de la Révolution française et son expression ultime dans la Terreur que subies pendant le 20ième siècle, en Europe et en Asie est leur capacité à associer le mouvement de modernisation structurelle et sociale dont elles se targuent d'être les moteurs au fantasme, mythe, d'un ennemi, extérieur et surtout intérieur qui compromettrait la marche vers l'idéal révolutionnaire.
L'objectif affiché, mis en oeuvre sous des formes multiples est non seulement de réformer tous les modes d'échange individuels et sociaux en redistribuant les hiérarchies, en redéfinissant la nature des liens familiaux, en faisant prévaloir le droit et le devoir de chacun de devenir un délateur dans tous les champs de sa vie privée et, au bout du compte, en projettant sur une forme de changement radical ce qui peut être qualifié "d'âme humaine"  pour le bien des diverses causes révolutionnaires en marche.
Il est incontournable, pour accomplir cette mise en oeuvre de la révolution "finale" et de son projet eschatologique, d'éradiquer tout ce qui est sensé être un frein, à travers des oppositions supposées, au grand mouvement vers le Bonheur et la complétude : de la nation, des individus, du Parti, du prolétariat, etc.
Les formes de contrôle mises en place pour obtenir ce résultat ont comme fonction de générer une sorte de nettoyage social de tous les éléments générateurs de sabotage, de pourriture, de réaction, de dépravation,  de révisionnisme et elles s'appliquent à tous les champs, privés et publics, de l'individu, le situant dans la sphère  et sous la coupe des "administrateurs moraux " recrutés et rétribués par le système et supposés en représenter les formes ultimes de promotion sociale, qui ont les missions de surveillance, d'organisation de la surveillance, de répression, etc .
Ce qui est attaqué, pointé et mis à nu en permanence, sous le renfort de la peur constante générée par la surveillance et le secret de ses objectifs et de ses méthodes, c'est la qualité morale de chacun dans le contexte des attentes du projet révolutionnaire, attentes qui sont la plupart du temps uniquement énoncées à coup de slogans suffisamment généraux pour qu'il soit quasiment impossible de relier objectivement telle ou telle parole, tel  ou tel acte de la vie quotidienne à leurs attentes.
C'est donc une sorte de gouffre répressif qui s'ouvre ainsi où tout, actions, échanges, paroles, se doit d'être mesuré à une aune  pratiquement impossible à délimiter autrement que par les qualificatifs qui attribuent à certaines catégories les exactions  ou la génétique historiquement répréhensible sensées freiner le processus révolutionnaire.
Une des constantes de ce rapport de surveillance permanent est sa capacité à s'intégrer dans le discours sur lui-même de l'individu accusé, sous la forme d'un retour sur ses errements politiques,  de ses trahisons, de ses erreurs, autrement dit dans la transformation de chacun, sous l'oeil sans pitié des divers tribunaux et censeurs, en condamné battant sa coulpe, se flagellant, s'auto-dénigrant pour avoir failli aux régles de l'esprit du temps révolutionnaire.
Cet ennemi de l'intérieur prend plusieurs visages mais on lui trouve quelques constances dans la dynamique répressive, souvent incroyablement destructrice, mise en place.
Une de ses régles est celle de la condamnation de l'"obsolescence" des conduites ou des propos "d'un autre âge", des comportements ou paroles  des "gens du passé", qu'on retrouve incarnée dans une autre règle, celle de confier à des "jeunes", des  "adolescents" la détention de la vérité et l'application de la poursuite impitoyable des  groupes ou individus désignés comme " koulaks ", " catégories noires", éléments indésirables.
 
 Il va de soi qu'un parallèle trop rapide et généralisant entre les divers mouvements  idéologiques contemporains et les cas historiques de la France de la Terreur, de la Chine maoïste,  de l'URSS, du Cambodge etc.  serait caricatural.
Cependant,  on peut observer des manifestations quotidiennes de traits constants dont les sources opérent à bas-bruit, c'est à dire en se mettant en place sans à-coups ou dans une violence diffuse, justifiées qu'elles sont par l'aura  du "changement" comme code moral indiscutable intégré par chacun et qui caractérise les dynamiques répressives révolutionnaires, à la fois dans les organes institutionnels et leurs médias que dans les postures individuelles et l'évolution du contrôle sur les propos.
N'oublions pas d'autre part qu'une catégorie largement poursuivie, réprimée dans tous ces moments historiques a été celle de ce qu'on nomme "les intellectuels", c'est à dire ceux qui sont supposés offrir aux évènements et aux modalités de leurs enchaînements  le recul nécessaire pour que ceux-ci ne soient pas seulement subis mais, au moins en partie, compris dans leur logique sous-jacente. 
Or, qui ne peut pas le constater dans la douleur, cette catégorie, même si elle n'a pas encore été éliminée, a pris place dans la construction idéologique de ce même changement, et est donc devenue incapable d'en mesurer autrement qu'en terme dogmatique et dans un rapport clos à lui-même, les divers enjeux.
Les porte-paroles supposés critiques incarnés maintenant par quelques commentateurs patentés de la vie annexe médiatique n'offrent aux facettes de l'évolution que leurs analyses superficielles tirées aux quatre épingles de la démagogie, de l'usage des ressorts élémentaires et brutaux des pulsions de masse, il est difficile de s'appuyer sur leur acuité intellectuelle pour y voir plus clair.
 
On va, ici, sans nommer les protagonistes, évoquer quelques faits récents qui relieront des évènements et des prises de paroles d'individus médiatisés, artistes, animateurs et autres, constituant dorénavant la Cour post-moderne et sa capacité à faire vibrer l'esprit du temps de ses diktats.
Un des mouvements des mentalités perceptible quotidiennement et qui peut être considéré comme un signe du basculement actuel dans le totalitarisme révolutionnaire est la condamnation permanente du passé, exprimée sous la forme du "c'était une autre époque", évoqué à chaque vieux lièvre lubrique et misogyne levé, et entrainant comme une sorte d'évidence la stigmatisation d'une génération entière  au nom des "fautes" qu'elle aurait commise.
Dire tout de même, que dans cette  "koulakisation" active, on n'a pas affaire à une notion strictement mathématique de la mesure du temps qui qualifie normalement ce qui définit une  "génération" et qu'on a, dans cette hyper-catégorisation générationnelle accusatrice  uniquement affaire à une catégorisation noire d'une génération encore vivante et surtout génitrice des membres du Parti la condamnant, qui incarne une " époque révolue" par essence condamnable dans la liberté de ses propos face au dogme de plus en plus imprégné dans les modes de pensées eux-mêmes.
Rappelons-nous que cette capacité, ce devoir de condamner ses propres proches parents  fait aussi partie de la mise en place du totalitarisme révolutionnaire.
On peut associer plusieurs manifestations de  ce phénomène dont on redira qu'il est structurel de sa mise en place.
L'une d'elles est la dimension  maintenant presque "naturelle" de l'excuse, de l'amendement public, de la confession, offerte par certains "amuseurs " ayant sévis dans des émissions de grande écoute dans les années 80.90 qui émergent maintenant l'âme en peine face à leurs méfaits misogynes,         
racistes etc. et avouent, alors qu'ils avaient fait de leur virulence leur fonds (lucratif) de commerce, combien ils regrettent leur manque de respect pourtant cultivé comme leur marque de fabrique maintenant qu'ils sont enfin éclairés par le Bien.
Une autre est la question posée par un autre de ces amuseurs qui se demande si "seul un Arabe ( mais ce pourrait être n'importe quel groupe dit minoritaire) peut faire des plaisanteries sur les Arabes", on se souvient des polémiques du même jus, sur le droit d'un comédien non homosexuel à jouer autre chose qu'un hétérosexuel.
Une autre encore est l'amalgame entre la dimension nécessairement libre du personnage fût-il archi-damné, pervers, infâme et le comédien qui l'incarne, où l'on demande, dans une sorte de nouvelle forme de tribunal populaire néo-puritain, des comptes à l'acteur pour avoir joué/tenu de propos misogines, racistes. dans le cadre de son interprétation. etc.
Ou encore la comparaison des scènes érotiques filmées par tel metteur en scène, décédé mais retourné dans sa tombe par son ex-compagne  et livré au bûcher moralo-médiatique par la Société des Maîtres, avec les prestations cinéphiles de Pélicot.
Ces expressions d'une surveillance devenue omniprésente sous les radicalisations, toujours obsessionnelles et bornées comme tout ce qui se radicalise,  sacrifient, en plus des ressorts propres à l'humour qui est toujours un rapport décongestionnant à l'autre, toute la marge de respiration symbolique, c'est à dire le fait que la chose et son ombre sont nécessairement séparées pour que la chose crée l'ombre, autrement dit l'art, la parole, l'esthétique etc.
L'énergie, colossale, déployée à s'approprier d'un seul élan toutes les causes génératrices de salut et de rédemption  au nom d'une "libération de la parole" (des minorités) toujours présentée  comme "vérité" sous le masque de la pure-victime face à la décadence insupportable des aînés (de la majorité) , dans un mouvement au fond oedipien mal digéré (disons-le, absolument originé dans le puritanisme protestant nord-américain  et l'ambivalence historique de ce pays quant à sa propre licence) est concentrée sur le rôle devenu symbole de courage, de la "balance", forme de création contemporaine révélant à qui mieux-mieux  et après un sérieux temps d'incubation dû à "l'emprise" subie sans le savoir, les impensables dysfonctionnements moraux "d'un autre âge".
Tout ce nettoyage moral s'impose avec une telle force répressive qu'il n'est pas besoin d'être condamné pour se sentir condamnable et surtout faire publiquement pénitence.
 
La ligne de fond "dure" de toute révolution est dans l'absorption de ses valeurs par l'individu qui se doit, sans jamais savoir d'où viendra la délation, de censurer ses propos, de les surveiller sans cesse, et simultanément, de porter sur tout ce que son voisin manifeste son regard scrutateur.
Elle est tendue également sur une condamnation massive du "passé" dans laquelle les acteurs de la scène totalitaire impulse leur créativité se limitant à la formulation d'une plainte renouvelable à merci.
Le reste, c'est à dire les outils de répression économique, judiciaire, s'appuie sur cette intégration par l'individu des "fautes" de l'ennemi hypothétique désigné dont la poursuite et la condamnation devenue quête existentielle, outil d'auto-promotion et marché rémunérateur, ouvrent aux jours meilleurs. 
Tout totalitarisme, s'appuyant sur des mythes intangibles  comme "la liberté", "l'égalité" , réorganise d'une façon radicale le rapport au bien et au mal, avec comme mandat l'éradication complète, matérielle de tout ce qui incarne le mal en question, et pour se faire se doit de désigner en son sein ce qui freine son advenir vers la pureté totale.
Le néopuritanisme ambiant procède d'une façon similaire, pas encore aussi visiblement destructrice, quoique, au regard des grandes mouvances anthropologiques, elles aussi intégrées dans les valeurs de chacun au nom du Bien.
On assiste dans la mise en place du cadre répressif, à une efflorescence de condamnations, de lynchages, de volonté d'éradication, appuyés sur l'effet de masse des médias qui castre, auto-castre le discours ambiant, et plus encore, l'idée en chacun qu'il a le droit de penser au mal sans penser à mal.